jeudi 14 novembre 2013

L’équipement de l’alpiniste 1939-1945

L'article suivant est tiré de l'excellent ouvrage "La technique de l'alpinisme" publié chez Arthaud par E. Frendo et M. Pourchier en 1943. Cet ouvrage marque un virage entre les années d'avant guerre et l'alpinisme moderne des années 50. On y retrouve un inventaire du matériel utilisé à cet époque qui a par ailleurs été recomplété par des publications de la même époque issue du CAF dont le manuel de camping et de bivouac en montagne.

Considérations générales

En montagne, les changements de températures étant très brusques, l’alpiniste doit se vêtir de telle façon qu’il puisse se couvrir ou se découvrir rapidement. 
L’habillement de l’alpiniste doit répondre à quatre conditions : être chaud, léger, solide et imperméable. 
Il est possible d’obtenir : 
  • La conversation de la chaleur, par l’utilisation de la laine ;
  • La légèreté, par l’utilisation de la toile ;
  • la solidité, par le choix des tissus ;
  • l’imperméabilité (non absolue), par des tissus enduits ou mieux par l’isothermie (superposition de deux vêtements de même nature. Exemple: L’alpiniste mettra deux paires de chaussettes, deux Chemises, deux anoraks, deux paires de gants, etc.).
L’habillement de l’alpiniste comprend :
  • des vêtements de corps (ou sous-vêtements) 2 chaussettes, bas, chemise, caleçon, maillot, etc.;
  • des vêtements de marche : pantalon, chandail, chaussures, coiffure ;
  • des vêtements protecteurs : gants, moufles, lunettes, guêtres, cagoule, etc ,

Les vêtements de corps

Chaussettes

Mettre sur la peau une paire de chaussettes en laine douce (ou mieux en soie). Mettre une paire de chaussettes en laine grasse (non dessuintée) par-dessus : la laine grasse absorbe mal l’humidité, donc permet de réduire le risque de gelure.
Eviter les chaussettes en coton qui s’imprègnent d’humidité, durcissent une fois mouillées et blessent les pieds.

Bas

Prendre de préférence des bas sans pied, maintenus sous la cambrure par un élastique large et les choisir en laine grasse épaisse (tricotée double). Les bas doivent être plutôt longs, et il n’est pas désagréable de les porter remontés au-dessus des genoux.

Chemise

Les Chemises les meilleures sont en jersey de laine, tissu chaud et souple qui absorbe la transpiration et qui, une fois mouillé, ne donne pas une impression de froid comme les tissus de fil. Le jersey de laine est préférable à la flanelle, parce que plus solide et moins rêche. On n’a pas intérêt à prendre des chemises en pure laine; un léger pourcentage de coton rend le tissu plus solide et plus aisé à laver. Il faut éviter de porter des chemises à manches courtes (type Lacoste), ainsi que des chemises s’arrêtant à la taille, parce qu'elles ne tiennent pas suffisamment chaud, au niveau des avant-bras et de l’abdomen.

Caleçon

Les alpinistes ont intérêt à porter en montagne des caleçons longs, qui seuls protègent efficacement les jambes du froid. Ces caleçons seront, comme les chemises, en jersey de laine.

Maillot

Un maillot de buste, ou mieux un chandail sans manches en jersey de laine, est non seulement agréable mais utile à porter. Ce chandail, dont la forme doit être longue et dont le col doit fermer haut, est destiné à protéger du froid les régions sensibles du corps : poitrine, reins, ventre, sans diminuer l'aisance des mouvements des bras. Il doit être porté de préférence à l'intérieur du pantalon et remplace avantageusement l’ancien gilet.

Les vêtements de marche

Pantalon

La forme la plus pratique pour .un pantalon de montagne est la forme knicker (forme courte s'arrêtant à 10 cm au-dessous du genou). Eviter les « golfs » longs, ainsi que les pantalons longs du type « skieur » dont le bas s’accroche aux ronces et aux rochers et que la neige mouille en fondant. Le meilleur tissu pour un pantalon de montagne est le drap dit « drap de montagne » (BESSANS, BONNEVAL) qui est tissé avec des laines non dessuintées, donc naturellement imperméables.
Le whipcord de première qualité, est également à conseiller. Eviter le velours de laine qui, très agréable sur du rocher sec, se mouille au contact de la neige et sèche difficilement.
La culotte dite « de cheval », même modifiée, n'est pas à conseiller : elle gêne les mouvements dans la marche comme dans l'escalade.
Un « short » est quelquefois agréable à porter au cours de marches sur sentier, mais il faut éviter d’en porter sur les glaciers (risque de glissades, de gelures ou de coups de soleil aux jambes), mis par dessus le pantalon de drap au cours de l’exécution des descentes en rappel, le short de toile facilite le glissement de la corde sur la cuisse.

Chandail 

Le chandail pour l'alpiniste moderne, remplace la vareuse d’autrefois. Plus léger, plus chaud et plus souple, il ne gêne pas les mouvements et peut être porté au cours des escalades les plus difficiles. Ce chandail doit être épais (laine double) et suffisamment long pour recouvrir le ventre; le col doit pouvoir se fermer sous le cou et même se remonter.

Coiffure

La coiffure la plus pratique est le béret du type alpin, suffisamment large pour qu’on puisse l'enfoncer par dessus les oreilles quand il fait froid, et le mettre en forme de visière pour garantir le visage de la pluie, du soleil ou de la neige. On peut recommander aussi le chapeau de feutre, qui protège de la pluie et des pierres détachées par la corde. La casquette en toile blanche est aussi très commode pour les courses sur glacier.

Passe-montagne

Ils ne servent généralement pas à grand-chose, on le remplace avantageusement par un foulard de soie ou de laine.

Chaussures de montagne

Une bonne paire de chaussures de montagne doit présenter les caractéristiques suivantes :
  • semelle de forte épaisseur (15 mm), assurant l'imperméabilité et l’insensibilité aux aspérités, peu débordante ;
  • talon très large, nécessaire pour les descentes qui se font sur les talons, et cousu pour pouvoir recevoir les chocs les plus violents sans risque d'être arraché;
  • trépointe retournée et cousue, pour assurer un maximum d'imperméabilité;
  • tige à double épaisseur, pour la protection contre le gel ;
  • en cuir gras, pour être imperméable à l'eau et résister à l'action corrosive de la neige ;
  • en une seule pièce avec une seule couture, pour être plus étanche ;
  • avec un tirant à l’arrière, pour faciliter l'introduction du pied clans la chaussure ;
  • élevée, pour maintenir la cheville et permettre un ajustage efficace de la bande de cheville ;
  • bout renforcé et relevé, pour éviter les gelures dans la neige et les coups dans les pierres ;
  • langues doubles (dont une à soufflet), pour assurer une fermeture hermétique.
Affiche Bally du milieu des années 30

Cloutage

Une chaussure de montagne doit être utilisée cloutée.
Le cloutage doit être réalisé :
  • soit avec des clous d'acier (type TRICOUNI) pour les courses de glace;
  • soit avec des clous en fer forgé (type ailes de Mouches) pour les courses de rocher ;
  • soit, formule plus commune, avec un cloutage mixte.
Dans ce dernier cas, il est recommandé d'utiliser un talon du type Tricouni.
NB : Pour le milieu de la semelle, éviter les clous ronds en acier du type courant (qui glissent sur le rocher), mais utiliser de préférence des clous pointus pyramidaux en fer doux.
Illustration des différents types de cloutage pour chaussure de montagne (Manufrance d'avant guerre)


Chaussures d’escalade

Georges Albert sortant d'une cheminée
De nombreux types de chaussures d’escalade ont été expérimentés jusqu’à ce jour : ils ont chacun des avantages et des inconvénients.

Avec semelles de corde

Avantages : Prix de revient peu onéreux ; bonne retenue sur les petites prises ; bonne tenue sur le rocher mouillé.
Inconvénients: Faible adhérence ; usure rapide.

Avec semelles de toile de feutre

Mêmes avantages et inconvénients que la corde ; sont plus solides, mais coûtent plus cher. Le feutre presse souple (appelé "manchon" dans les Dolomites) est d’adhérence bonne sur le granit (mais usure rapide) et excellente sur le calcaire.

Avec semelles de crêpe

Avantages; Excellente adhérence; grande résistance.
Inconvénients : Glisse sur le rocher humide

Avec semelles type « Paraboot »

Mêmes avantages et inconvénients que le crêpe ; glisse moins sur le rocher mouillé.

Avec semelles type « Vibram »

Semelle de caoutchouc dur antidérapant avec cloutage embouti en relief : parait être la meilleure formule trouvée jusqu’à ce jour pour les chaussures d’escalade; toutefois, pour les passages extrêmement difficiles, le crêpe est supérieur. Ce type de chaussures a en outre l’avantage en haute montagne de pouvoir être conservé au pied sans gêne pour de courts passages en neige ou en glace.
NB : Il faut savoir qu'une bonne paire de chaussures d’escalade doit présenter les caractéristiques suivantes :
  • être montante, avec une tige en cuir de préférence ;
  • être très ajustée ;
  • avoir des semelles non débordantes.

Les vêtements protecteurs

Gants

Une paire de gants à cinq, ou mieux deux doigts (index et pouce) en laine grasse tricotée double est nécessaire pour protéger les mains contre le froid. Ces gants doivent avoir une longue manchette (10 cm. Au minimum) pour recouvrir tout le poignet.
Assurent seules la protection absolue des mains en cas de mauvais temps. Elles s’utilisent par dessus les gants de laine en cas de neige; de tourmente ou de grand froid.
Elles doivent être de forme arrondie pour recouvrir tous les doigts (sauf le pouce) et doivent posséder une longue manchette en tissu élastique pour protéger le poignet.

Publication Manufrance de l'immédiat après guerre

Moufles

Les meilleures moufles sont en cuir chromé, et non en cuir gras qui gèle au froid. Une doublure intérieure en laine a plus d'inconvénients que d’avantages; elle absorbe la transpiration et sèche difficilement.

Lunettes à neige

Sont indispensables pour la protection des yeux contre la lumière des hautes altitudes (radiations ultra-violettes). Ces lunettes doivent de préférence être en verre. La meilleure nuance, à la fois la plus efficace et la plus agréable parce que ne dénaturant pas les couleurs, est la teinte fumée. La première qualité à rechercher dans la forme des lunettes à neige doit être l'aération nécessairement abondante. Les lunettes à coque dite "rodoide" ne sont pas suffisamment aérées ; par contre, les lunettes de soleil ordinaires n'offrent pas suffisamment de protection latérale. Le type de lunettes à coque d’aluminium très aérée (type « Soudeur ») semble être, parmi les types usuels, le mieux adapté aux exigences des réverbérations intenses.

Guêtres, bandes de cheville

La guêtre assure une fermeture hermétique du haut de la chaussure ainsi que du bas du pantalon. Le modèle le plus pratique et le plus efficace est le manchon guêtre en tissu élastique, à condition qu’il soit maintenu par une courroie sous le pied.
On peut également utiliser une courte molletière (1 mètre) de drap, à condition de la prendre large (10 centimètres).
Eviter tout ce qui peut comprimer le mollet, comme les molletières longues ou les guêtres hautes.
Publication contemporaine de la 2de guerre mondiale
pour la célèbre marque SPORFLEX (guêtres et serre tête élastiques)

Veste-Anorak

Sur cette photo prise dans les Calanques
juste avant guerre, on note la diversité des tenues
blousons, pulls, windjacke, ... et finalement
des pantalons golfs voire des pantalons très bouffants
proches des sarouels des troupes d'Afrique...
L’anorak est une vareuse de toile à capuchon qui peut être considérée comme le vêtement normal de marche de l'alpiniste. Il en existe deux formes courantes :
  • vareuse en forme de blouse (ou anorak) ;
  • vareuse en forme de raglan (ou windjacke). Cette dernière est moins pratique, parce que plus encombrante (les pans s'accrochent au cours de l’escalade).
La meilleure forme parait être celle d'un blouson ample, ouvert sur la poitrine et serré à la taille par un cordonnet ; un capuchon amovible et un col pouvant se remonter le complètent utilement. Les manches, montées à pivot, doivent pouvoir se fermer par une patte de serrage.
L’anorak doit être en toile légère (coton ou popeline) au tissage très serré. L’imperméabilité de ce vêtement ne doit pas être obtenue au moyen d’un enduit, mais grâce à une double épaisseur de tissu.
Ce vêtement se porte de préférence à l’intérieur du pantalon, ce qui permet d’avoir plus chaud.

Sac de montagne

Deux principaux modèles de sac peuvent être employés selon la course envisagée.

Grand sac

On peut conseiller le sac à armature métallique externe (type BERGAN) ou mieux un sac à armure interne (type TAUERN). Quelle que soit la forme choisie, il faut retenir : que le tissu n’est jamais assez fort, qu'un fond en cuir augmente considérablement la solidité du sac, qu'un large rabat est nécessaire pour assurer l’étanchéité de la fermeture, que deux poches extérieures sont suffisantes et que les bretelles doivent être larges et autant que possible doublées de feutre ou de caoutchouc mousse. Ce type de sac sert pour monter au refuge et pour les courses faciles.

Jean Meunier, 1937
Série de sacs porté par cette colonne

Sac d’escalade 

Indispensable pour les courses difficiles, ou on ne peut abandonner ses effets avant d’aborder les difficultés, ce sac doit être aussi léger que possible, sans armature ni poches extérieures, et de forme allongée dans le sens de la hauteur.
Il est à noter qu’un sac ne doit pas être alourdi par des boucles, courroies et mousquetons extérieurs qui ne servent généralement à rien; un alpiniste met habituellement toutes ses affaires à l'intérieur de son sac.

Le matériel de bivouac

Le matériel de bivouac de haute montagne doit :
  • Etre léger et peu encombrant. En principe, la charge supplémentaire occasionnée par le matériel de bivouac ne doit pas dépasser trois kilos pour les courses difficiles, cinq kilos pour les courses offrant peu de difficultés.
  • Etre très résistant. La violence des tempêtes en haute montagne, le poids de la neige, soumettent ce matériel aux plus rudes épreuves. '
  • Tenir chaud. Pendant les heures de repos et de sommeil, on doit pouvoir supporter de basses températures sans crainte d’accidents dus au froid.
  • Protéger efficacement contre le vent. L’obturation du matériel de couchage et de la tente doit être complète pour empêcher l'air froid de circuler dans l'abri et la neige d'y pénétrer.
  • Etre d’une utilisation simple et rapide. Le campeur doit pouvoir se mettre rapidement à l’abri malgré la fatigue, le froid, la tourmente.
On peut grouper ce matériel dans les catégories suivantes :
  • Vêtements spéciaux
  • Matériel de couchage
  • Matériel abri

Vêtements spéciaux

Grande cagoule en tissu imperméable
Pour la grosse pluie, les orages, la tourmente ou le  bivouac, seuls les vêtements en tissu caoutchouté assurent une protection efficace; parce que seuls réellement imperméables. Il peut être très utile à un alpiniste de posséder une grande cagoule en tissu caoutchouté (type cagoule Allain) à capuchon attenant, suffisamment ample pour pouvoir être portée par-dessus les autres vêtements sans gêner les mouvements et suffisamment longue pour recouvrir les genoux. Les tissus employés, de préférence soie ou percale, doivent être doublés et contre-collés à 45° sur un gommage interne ; ils sont rigoureusement imperméables et pratiquement indéchirables.

Veste en duvet (duvet vif ou eider)

Veste en toile de soie avec manches fourrées et col croisant bien. Des manchons de laine ou des bandes en tissu élastique assurent la fermeture hermétique aux poignets et à la ceinture.
La veste en duvet doit être préférée à plusieurs chandails, mais ne supprime pas cependant un jersey de corps.

Sac en tissu imperméable
Pour la protection des jambes. Ce sac doit être suffisamment long pour qu’on puisse le serrer à la taille au moyen d'un cordonnet. Le tissu doit être le même que celui de la cagoule.

Foulard de soie ou de laine
Accessoire très léger, utile pour protéger le cou et le visage.

Matériel de couchage

Sac en duvet individuel

Sac confectionné avec la même matière que celle de la veste duvet. Le sac se ferme par un cordonnet au-dessus des épaules; la partie supérieure du sac se prolonge par un capuchon qui se rabat sur la tête.
Demi-matelas pneumatique en soie gommée.
Isolant du sol le corps, sauf les jambes, le matelas est réalisé e soie gommée d’un poids de 400 g environ.
Sur la personne de gauche on constate le volume occupé par le duvet dans le sac...

Sac à chaussures

En toile, pour éviter la détérioration du duvet quand on garde les chaussures.

Matériel abri

Jusqu’en 1932 environ, il n’existait en France aucune technique du bivouac, et chacun, en prévision d’une éventualité - classée assez désagréable - se contentait d’emporter quelques lainages ou couvertures supplémentaires et de prévoir de nombreuses boissons chaudes durant la nuit. En 1928, une enquête à ce sujet n’avait pu montrer que l’impossibilité d’établir une doctrine.
En avril 1932, un fabricant parisien importa d’Autriche le sac portefeuille dit sac-tente Zdarsky» et probablement utilisé pour la première fois par M. A. Horeschowsky en 1923. Ce sac fut peu à peu transformé pour aboutir à un modèle assez convenable, mais lourd et peu confortable. En 1934, un alpiniste français étudia et créa sur des bases nouvelles un ensemble de bivouac, appelé « Ensemble bivouac Intégral » que nous décrivons en détail, car il semble être la solution rationnelle du problème.

Sac tente Zdarsky

Une courte description de ce premier matériel, spécialement destiné au bivouac de haute montagne nous semble utile du point de Vue historique.
Ce sac, dans le modèle primitif, était composé de deux rectangles de tissu de coton imprégné d’un produit spécial le rendant rigoureusement imperméable et assez résistant aux intempéries et à l’usure, cousus sur trois côtés, l’une des longueurs servant d’entrée; ses dimensions d’environ 1 mètre sur 2 permettaient à deux campeurs de s’y tenir assis. Sa caractéristique principale, outre son imperméabilité, était de ne nécessiter aucun montage, les alpinistes soutenant la faitière de leurs têtes servaient de mats et leurs jambes maintenaient la toile au sol. La forte condensation et la respiration nécessitaient une fenêtre. Dans quelque cas, des cordelettes permettant de la suspendre à des rochers en augmentant un peu de confort. Son poids, inférieur au kilogramme, et son encombrement restreint, une fois plié, l’auraient rendu commode sans les défauts de « condenser » énormément (comme pour tous les tissus imperméables), de n’avoir aucune forme et de ne permettre de s’étendre qu’inconfortablement.
Modifié progressivement, il devint trapézoïdal avec deux fenêtres, permettant de s’étendre et condensant moins, mais devint aussi plus lourd et plus encombrant et toujours peu isolant thermiquement.


La réponse à ses différents désagréments fut trouvée dans l’ensemble Bivouac Intégral.

L'ensemble bivouac intégral

L’idée directrice fut d'empêcher la déperdition de la chaleur du corps et de le protéger contre toutes les intempéries.
Cinq pièces principales remplissent ces deux offices, constituant deux équipements se complétant et formant un tout. 
  • Une cagoule de bivouac en soie caoutchouté : 350 gr
  • Un pied d'éléphant caoutchouté : 200 gr
  • Un matelas pneumatique court : 400 gr
  • Une veste duvet en soie : 400 gr
  • Un duvet en soie : 800 gr
Remarque intéressante, cet ensemble bivouac sera commercialisé jusque dans les années 70 par Yvon Chouinard (fondateur de Patagonia)... sous le nom de Chouinard Cagoule ... 

Tente

La tente adoptée pour les courses en haute montagne est la « tente isotherme », tente imperméable à la chaleur. Cette tente est complètement enveloppée par un double toit et par une toile de sol cousue sur les « côtés murs » de la tente. La couche d'air emprisonnée entre la tente et le double toit, maintenue immobile, empêche presque toute déperdition de chaleur (sans chauffage, avec une température extérieure de - 5°, la température intérieure monte facilement à +10°).
Le matelas d’air qui se trouve entre les deux tentes, tout en étant imperméable à la chaleur, permet une aération suffisante à l'intérieur de la tente, et empêche toute condensation. Ce matelas d’air constitue, en outre, un amortisseur qui protège la tente des coups et du poids de la neige.
Matériel servant à la fabrication des tentes
Le tissu offrant le plus d’avantage est le tissu « hydrophile », qui absorbe l’eau grâce à son tissage serré. L’eau ruisselle sur les deux surfaces du tissu fortement tendu, elle circule par capillarité dans les fibres, mais de ce fait ne risque pas de s’égoutter à l'intérieur de la tente lorsqu’on touche la toile. 
Avec le tissu hydrophile, perméable à l’air :
  • la condensation à l’intérieur de la tente n’est pas à craindre,
  • toutes les ouvertures de la tente peuvent être obstruées,
  • l'aération se faisant à travers le tissu.
Pour réaliser des tissus hydrophiles solides, légers et d’un prix moyen, on emploie le coton (type toile à ballon, toile à parachute). Poids approximatif du tissu : de 60 à 80 grammes au mètre.

Tissu de toile de sol
Tissu rigoureusement imperméable résistant au contact d’un corps dur et au pliage (même tissu que celui employé pour la cagoule). '

Mats
Mâts en duralumin à éléments séparés et interchangeables, s’emboitant les uns dans les autres. Pour éviter leur enfoncement dans la neige, les mâts sont soutenus par de larges coupelles.

mercredi 6 novembre 2013

Premier de cordée

Le film « Premier de Cordée » a été présenté à Paris au Cinéma Marivaux le 23 février 1944, sous la présidence du Colonel PASCOT, Commissaire Général aux Sports, au cours d’une soirée de gala à laquelle assistaient ; MM. Abel BONNARD, Ministre de l'Education Nationale, Henry de SEGOGNE, Commissaire Général au Tourisme et ancien chef de l'expédition française à l'Himalaya, et de nombreuses personnalités.
Cette soirée a été l’occasion d’une manifestation de sympathie à l’égard du C. A. F. qui avait apporté le concours de ses refuges à la réalisation du film. La Section de Paris avait organisé un service d’honneur à l’entrée de la salle et sa chorale se fit entendre sur scène.
Quelques jours après, la Section Lyonnaise et la Section du Forez donnaient à Lyon et à Saint-Etienne des représentations de gala qui remportèrent un succès considérable. Des programmes artistiques avaient été imprimés spécialement pour la circonstance.
A Lyon, le metteur en scène Louis DAQUIN présenta lui-même son film. Le 17 mars enfin, une nouvelle soirée, réservée cette fois aux membres du C. A. F., avait lieu à Paris. Ces représentations furent complétées par la projection du remarquable documentaire d’Alain POL "Autour d’un film de montagne", reportage pittoresque sur les prises de vue en montagne de "Premier de cordée".
Après quelques productions étrangères comme "Prisonniers de la Montagne" d’Arnold FANCK, "Premier de cordée" apparaît donc comme le premier grand film français d’alpinisme. "Premier de cordée" a été réalisé par Pathé Cinéma et l’Ecran Français, avec des moyens importants; un matériel considérable a été transporté en haute montagne où 60 hommes ont vécu pendant plusieurs semaines. Le metteur en scène Louis DAQUIN, avec un louable souci de la vérité, est allé tourner sur les sommets des scènes audacieuses, où des artistes et des techniciens qui ne sont pas des alpinistes ont du faire preuve de courage et de témérité. Il a fallu à Louis DAQUIN et à ses collaborateurs beaucoup de persévérance pour mener à bien leur tache, car ils ont été desservis par la malchance. Divers accidents les ont en effet obligés à recommencer plusieurs fois leur travail; mais ils ont triomphé de toutes les difficultés et leur plus grand mérite a été de savoir s’effacer devant la montagne, qui reste la grande vedette du Film. Le scénario du film tiré du célèbre roman de FRISON ROCHE a interverti les données. C’est ainsi que l’épisode de l’orage des Drus qui se situe au début du roman a été reporté à la fin du film, ceci sans doute pour en renouveler l'intérêt dramatique et lui donner une allure plus cinématographique. C’est donc en allant arracher à la paroi le corps de son père que Pierre Servettaz vaincra le vertige et affirmera sa vocation de guide, métier dont "le Père" avait voulu l’écarter pour lui en éviter les dangers et le soustraire à l’emprise que la Montagne exerce sur ceux qui se sont livrés à elle. La mort du Père aura tracé le devoir du Fils.
Pour rompre l'austérité des ascensions en montagne, des scènes accessoires ont été insérées dans le Film. Certaines sont tirées du roman comme le combat de vaches dont la réalisation est réellement sensationnelle, mais d’autres sont moins bien venues, car l’ambiance n’est pas toujours respectée et quelques-unes sont de fâcheuses concessions au public. Il est aussi a remarquer que le vertige doit être une impression plus personnelle que la giration d'images qu’on nous montre. On ne 1’éprouve pas suffisamment avec Pierre Servettaz dont on ne réalise pas le triomphe. Peut-être aurait-il mieux valu le suggérer indirectement. Mais ce ne sont la que des critiques de détail ; le scénario n’a pas trahi le roman et il faut reconnaître que l’unité des séquences de montagne a été  généralement sauvegardée en ce sens qu’elles ne semblent pas avoir été tournées par fragments et dans des lieux différents. Quelques fautes techniques regrettables ont été omises, notamment dans le maniement de la cordée; le public, sans doute, ne s’en apercevra pas. Quant à l’excuse invoquée pour justifier l’absence de verglas dans le sauvetage des Drus, elle est évidemment faible (de vrais alpinistes seraient montés par la voie normale et redescendus ensuite au lieu de l'accident), mais pouvait-on exiger des réalisateurs du film de tourner sur des parois enneigées. L’interprétation est dans l’ensemble convenable. Irène CORDY apporte beaucoup de discrétion à son rôle, André LE GALL fait courageusement ses débuts d’alpiniste et d’artiste de cinéma dans ce film. Lucien BRONDEAU, Marcel DELAITRE, Roger BLIN et Maurice BAQUET campent des figures de guides très vraisemblables.
A gauche J Dufilho
La musique d’Henri SAUGUET est excellente. De même pour le bruitage, le vent sur les arêtes est particulièrement bien rendu. Enfin, la photographie de montagne, élément attractif dont Louis DAQUIN a eu le mérite d’user avec mesure, est souvent remarquable et rachète les imperfections du film. Elle est l’oeuvre d’un des plus brillants opérateurs du Cinéma français, Philippe AGOSTINI, et de ses assistants parmi lesquels Georges TAIRRAZ, le photographe bien connu des alpinistes. "Premier de cordée" sera accueilli avec sympathie par les alpinistes et nous ne doutons pas de son succès auprès du grand public.


Le CAF en danger

Génèse

Fondé en 1874, reconnu d'utilité publique en 1882, le Club alpin français est devenu en 1996 la Fédération des Clubs alpins français. Il s'est transformé en Fédération française des clubs alpins et de montagne (FFCAM) lors de son 5e congrès les 29 et 30 janvier 2005 à Chambéry. La FFCAM est alors devenue une fédération sportive, regroupant plus de 285 clubs répartis dans la France entière, animés par 5000 bénévoles. Elle compte plus de 80 000 adhérents.

Les effectifs du CAF pendant les années de guerre

Le CAF subit de plein fouet les évènements consécutifs à l'entrée en guerre de la France. Ainsi, en 1939, l'effectif de  30 000 baisse de moitié en 1941, du fait du grand nombre de prisonniers , anciens membres du CAF retenus.
Toutefois, au cours des 2 années suivantes, l'effectif atteint les 18 000 en 1942 et enfin 20 000 en 1943. A la fin 1944, le nombre de membre atteint les 22 000.

Une lutte incessante pour faire vivre le CAF

Vers la fin de 1940, le Commissaire Général aux Sports demande au CAF de devenir désormais une Fédération de Montagne. Pour cela, il requiert de disloquer le Club en associations indépendantes, et de diviser le patrimoine mobilier et immobilier. Un nouveau Comité devait être alors institué, nommé par le Commissariat aux Sports; le nom même du C.A.F. n’était pas assuré de demeurer. Le Comité refusa formellement de se prêter à une telle formule.
Illustration des contraintes imposées par l'Etat Français au CAF qui s’immisce jusque dans le port de l'insigne
Une Fédération Française de la Montagne fut créée au début de 1942, dans laquelle le C.A.F. malgré son énorme supériorité sur toutes les autres sociétés de montagne, est faiblement représenté. Un accord intervint cependant entre les dirigeants des organismes, tous emplis de bonne volonté. Le Commissariat des Sports ne voulut point le ratifier. Et puis, fin 1942, ce fut la lutte ouverte. Le nouveau Commissaire aux Sports adresse au C.A.F. le 30 novembre 1942 un ultimatum. Nous avions quinze jours pour choisir la manière dont nous serions brisés ; transformation en fédération selon la formule déjà refusée, ou bien transformation en union d‘associations indépendantes. En aucun cas, il ne nous était reconnu le droit de demeurer un club national. En vain, cherche-t-on, même dans la Charte des Sports, l’interdiction de clubs nationaux, qu‘aucune raison d‘ailleurs ne saurait justifier. Devant ses protestations, le C.A.F. fut menacé de dissolution. Grâce notamment à l’intervention de M. Henry de Segogne, Commissaire Général au Tourisme, il fut reconnu au CAF un statut légal dans le cadre des lois régissant le tourisme. Ainsi, avions-nous le temps et les moyens de discuter et de parer aux plus graves conséquences de la Charte des Sports. Le C.A.F. y restait cependant soumis, et tenu pratiquement de choisir une des alternatives proposées. La formule Fédération de Montagne devait lui donner tout au moins la possibilité de prendre la tête de toutes les activités de montagne en France, et décision fut prise de s’y rallier; mais à condition toutefois que ceci ne doive point entraîner la dislocation radicale antérieurement envisagée. Si cette condition était réalisée, n'était-ce pas le devoir en même temps que le droit pour le C.A.F. de choisir cette alternative, et d'en assurer les charges et les prérogatives. C’est ce que pensa et décida le Comité de Direction. Il fallut des mois encore de discussion obstinée de notre part, pour que dans cette formule le Commissariat des Sports acceptât de voir demeurer le nom du  Club Alpin Français. On entendait le faire disparaître. La France n’a pourtant point commencé en juin 1940, avons-nous répliqué un jour. De même, avions-nous exigé que chaque Section, même autonome, gardât intact son titre de "Section du Club Alpin Français", que le patrimoine restât propriété globale et qu’en cas de disparition de la forme fédérale, le C.A.F. puisse se reconstituer sur des bases très voisines de celles actuelles. Enfin, un accord intervint sur le choix des personnes du nouveau Comité, les dirigeants du C.A.F. y devaient être en majorité. Sur cette base, vers le milieu de 1943, un projet de nouveaux statuts fut rédigé; il devait être soumis au Conseil d’Etat. Mais un conflit de prérogatives opposa alors les Commissariats aux Sports et au Tourisme et aucune solution n’intervint jusqu'en août 1944. Ainsi, le C.A.F. est demeuré. La Fédération Française de la Montagne, fondée en 1942, est demeurée elle aussi. Mais, en 1943, un nouveau Comité a été désigné qui fut par anticipation celui qui devait subsister après la fusion des deux organisations. Par là, un grand rapprochement fut fait au sujet des personnes, et c’est en complet accord que FFM et C.A.F. n’ont cessé de travailler dès lors, depuis deux ans, au maintien et au développement des activités alpines.
Au cours de cette période trouble de l'occupation, le CAF ne cessera de lutter pour que paraisse son bulletin "la Montagne". Toutefois, au cours de l'année 1944, la revue n'est plus autorisée, ce qui explique un vide de 1 an dans sa revue. Le premier numéro suite à la libération paraîtra au mois de novembre 1944.
Après la libération, le CAF confirme sa collaboration complète ; sur le plan de l’équipement de la montagne, qu‘il est décidé à poursuivre en accord avec les services gouvernementaux, et; grâce aux moyens dont il dispose, dans des conditions infiniment moins onéreuses que ne le sont les constructions entreprises directement par l’Etat; sur le plan de l’éducation alpine, en été et en hiver, et de la préparation militaire en montagne, qu’il réalise dès 1945, sous l’égide de la F.F.M., pour la très grande majorité des camps organisés en France. C'est ainsi qu'au cours de l’été 45, le Club Alpin a organisé 7 camps où se sont déroulés 12 stages de formation prémilitaire en montagne, dont ont bénéficié quelque 1.000 stagiaires encadrés par cent moniteurs bénévoles. Des camps de skieurs seront à l’étude pour l’hiver 45/46. La longue liste des courses accomplies par les stagiaires montre que, dans l‘ensemble, les résultats ont été très satisfaisants; enfin, sur les divers plans d’organisation, de sécurité, d‘exploration et d’études en montagne, où depuis toujours s’est exercée son activité. 

mardi 5 novembre 2013

La section lyonnaise du CAF

La section Lyonnaise du CAF durement touchée par les combats de la libération

La Section lyonnaise a cruellement souffert pendant ces années tragiques, nos collègues ont été dispersés, beaucoup ont disparu. Nos refuges sont en ruines ou ont été saccagés. Mais elle n’a pas cessé un seul instant de maintenir son activité, et notre bulletin a régulièrement paru, apportant à tous réconfort et espoir. 
L’explosion des ponts a occasionné de gros dégâts à notre siège, mais, grâce au dévouement de nos dirigeants, ces dégâts ont été vite réparés, et nous sommes en mesure de recevoir nos collègues et amis.
Notre tâche est immense, nous aurons à relever nos refuges et à secourir nos populations de la Haute-Maurienne si éprouvées par la guerre. 
Au travail donc sans tarder Pour la FRANCE, pour la LIBERTE, Par la MONTAGNE.
Notre Section a payé un lourd tribut à la libération ; de nombreux  collègues sont tombés dans les rangs de la résistance, d’autres ont accompli des exploits magnifiques.
Nous sommes fiers des uns et des autres, et nous voulons leur rendre ici un fervent hommage de notre reconnaissance.
Aussi, avons-nous décidé d’ouvrir un tableau d’honneur dans lequel figureront les noms de nos collègues morts au Champ d’honneur ou ayant eu une citation. Nous prions donc leurs parents et amis de bien vouloir nous en informer.
Voici les premiers noms des hommes de cette phalange immortelle :
  • M. André THOMAS, né le 12 août 1924, à Lyon, tué le 29 août  944 à Oullins, alors que, faisant partie des F.F.I., il attaquait les blindés allemands. Membre du « C.A.F », Section lyonnaise, depuis 1937, fils de notre collègue, M. Alexis Thomas, membre de la Section depuis 1933, actuellement avocat général à la Cour de Lyon et chargé des fonctions de commissaire du Gouvernement près la Cour de Justice. André Thomas était entré comme volontaire au groupement « Jeunesse et Montagne » dont il a fait partie de septembre 1942 à juillet 1943 (stage au plateau des Glières, où il effectua de nombreuses ascensions et devint bon alpiniste). Il affectionnait particulièrement la Maurienne où il fit avant la guerre de nombreuses courses (Levanna, Albaron, etc). Il faisait partie de l’A.S. En convalescence d’une pleurésie à Saint-Jean-d’Avray, rejoignit, à peine guéri, les F.F.I., à Oullins, pour prendre part au combat où il devait trouver la mort. Nous offrons aux parents de notre jeune collègue tombé pour la libération de la Patrie, l’expression de la part que nous prenons de leur profonde affliction. 
  • Lieutenant Albert SCHMITT, membre de notre Section depuis 1941, tombé au matin du 11 aout 1944 en barrant la route à l’ennemi, aux environs de Cluny où il habitait comme professeur de mathématiques. Son corps repose maintenant dans l’humble cimetière de Cluny, où les honneurs militaires lui -ont été rendus. Il a été décoré à titre posthume, avec la citation suivante à l’ordre de l’Armée : « Jeune officier plein d’allant, animé du plus pur idéal, tombé glorieusement dans tout l’élan de sa foi, entrainant sa section à l’attaque ».
  • Francis BIDAUT membre de notre Section depuis 1938, tombé pour la libération, à La Verpillière, le 18 juin 1944. 

Le CAF « recrute » pour la 14e région militaire

En réponse à ces pertes, la section lyonnaise du CAF fidèle à sa devise enjoint ses membres à s’engager dans les troupes de montagne (engagement de la neige) et notamment les éclaireurs skieurs, ainsi la note ci-après éditée par la section lyonnaise du CAF : 


L’Alpinisme français de 1939 à 1944



Cet article est riche d'enseignement car il montre que cette période de 1940-1944 va voir surgir les plus grands noms de l'alpinisme des années 50 (dont les plus connus seront à l'origine de la première sur l'Annapurna). On y retrouve aussi les grands noms du ski dont James Couttet et Honoré Bonnet et de l'escalade dont Gaston Rebuffat. On ne pourra que souligner le rôle formateur et rassembleur de Jeunesse et Montagne pour la jeune génération d'alpinistes de la période 39/44 avec notamment H. Bonnet, L Terray,  L Lachenal, Gaston Rebuffat qui y servent comme instructeurs techniques.
Enfin, fidèles à la tradition du CAF pour la patrie par la montagne, ces hommes pour la plupart répondront à l'appel de la nation pour la libération du pays en participant aux combats alpins de 44/45 à la frontière italienne face aux célèbres Gebirgsjäger allemands. On retrouve ainsi M Herzog, chef d'une unité FTP dans un bataillon de Chasseurs Alpins, L Terray au sein de la célèbre compagnie Stéphane, ...

Par le Vice-président du G. H. M. et de la F. F. M.
Malgré des difficultés de toutes sortes, l’activité sportive des alpinistes français est demeurée, depuis le début de la guerre, tout à fait remarquable. Les saisons 1942 et 1943 ont été même parmi les plus brillantes qu’ait connu l’alpinisme français. De nouveaux alpinistes de grande classe se sont révélés ou affirmés. Le niveau moyen des grimpeurs expérimentés s’est élevé d'une manière sensible. Mais les alpinistes parisiens ont cessé d’être a la tête du mouvement amateur. Disposant de facilités que ceux-ci n’avaient pas pour se ravitailler, s'entraîner et surtout fréquenter la montagne, les grimpeurs habitant les Alpes ou près des Alpes ont été de beaucoup les plus actifs et les plus riches de succès. 
Pratiquée depuis bien avant la guerre de 1914 dans les Calanques de Marseille, terrain d’entrainement incomparable en France, l’escalade y connaît, depuis l'introduction des pitons en 1935, un développement prodigieux. Mais, à part un tout petit groupe d’alpinistes expérimentés, les grimpeurs des Calanques se consacrent beaucoup plus à l’escalade artificielle qu'à l'escalade libre et ne vont guère en montagne. Ainsi, Marseille ne compte curieusement que quelques alpinistes. Pendant la guerre, un grimpeur de première force est toutefois "sorti" des Calanques, qui excelle dans tous les terrains Gaston Rebuffat.
Gaston Rebuffat au centre en compagnie de Mme Tanner, Robert Tanner, André  Coudray, Gisèle Albert et Georges Albert 
Devenu instructeur alpin à Jeunesse et Montagne, il est passé guide dès qu'il a eu lâge requis, au début de 1944. Deux alpinistes marseillais forts expérimentés, P. Moyrand et J. Save de Beaurecueil se sont lancés dans les grandes entreprises. Quant à Madame d'Albertas, l’une des premières alpinistes françaises, elle a continué à mettre à son actif quelques-unes des plus grandes escalades des Alpes, Rebuffat a eu le plus souvent pour co-équipier Lionel Terray, qui est également de première force en rocher et en glace. Originaire de Grenoble, propriétaire d’une exploitation agricole aux Houches, Terray s’est fait inscrire comme porteur au début de l’été dernier. A Nice, les frères Georges et Jean Vernet étaient demeurés sans imitateurs. Leur magnifique exemple a porté ses fruits, alors qu’ils étaient hors d’état de poursuivre leur activité. Trois grimpeurs qui sont aujourd`hui de première force, Jean Franco, instituteur à Nice et guide l’été depuis 1943 en Vallouise, Karekine Gurekian, marchand de timbres-poste et Marcel Malet, ingénieur des travaux publics de 1'Etat, ont constitué un groupe d‘alpinistes particulièrement actifs. Non seulement ils ont réussi de nombreuses et superbes courses, mais par une brillante école d‘escalade à Saint-Jeannet et des camps en Vallouise, ils ont formé une pépinière de grimpeurs capables et pleins d’activité. Les plus brillants de leurs camarades sont R. d’Agop, Georges Kogan (époux de la célèbre alpinisme Claude Kogan), P.Revel
.
Publication de Juin 1943 alertant les alpinistes du CAF sur les risques encourus en montagne
et notamment du fait de la nourriture et de la qualité moindre en matériel en cette année de guerre
A Gap, Paul Héraud, qui a trouvé la mort l‘été dernier dans les opérations de libération des Alpes, s'était élevé lui aussi au premier rang des montagnards français. C'était un homme de valeur, assez farouche, doué d’une grande curiosité d’esprit ; exerçant le métier de chaisier, il faisait des mathématiques supérieures pour se distraire.
Deux Parisiens ont donné à Briançon, où ils étaient temporairement installés, l'exemple du grand alpinisme : Micheline Blachere-Morin, qui est l‘une des premières alpinistes françaises, et son mari Gerard Blachere, ingénieur des Ponts et Chaussées, chef du service de l'équipement de la montagne, qui a affirmé ses qualités d‘alpiniste complet et de grimpeur émérite.
L’Oisans compte maintenant un guide de classe internationale : Lucien Amieux, de Villar d‘Arène. Instructeur alpin à Jeunesse et Montagne il a donné la preuve de sa valeur en répétant, avec son camarade le porteur Honoré Bonnet, également instructeur à Jeunesse et Montagne, quelques-uns des itinéraires les plus importants du massif des Ecrins dans des temps remarquablement brefs.
Dans la Vallée de Chamonix, Etienne Livacic a pris place au rang des meilleurs guides qui sont toujours Armand Charlet, Edouard Frendo et Fernand Tournier. A ceux qui les suivent, Georges Charlet, Camille et André Tournier, il faut maintenant ajouter Bernard Burnet. Trois jeunes porteurs promettent beaucoup ; le fils de Georges Charlet, Jean-Paul,  le fils d‘Armand Couttet, Léon et le fameux skieur James Couttet.

On compte maintenant quelques remarquables alpinistes chamoniards amateurs, comme Felix Martinetti.
Des alpinistes nouveaux figurent aussi à Grenoble, à Lyon et à Paris parmi ceux qui se lancent dans les entreprises sérieuses et les escalades de haute difficulté. Citons ainsi à Paris, l’étudiant Maurice Herzog, l’opticien Cauderlier, et deux des meilleurs grimpeurs de Fontainebleau, Jean Mignon, administrateur d‘un grand journal médical et le Docteur Jacques Oudot; à Grenoble, l'étudiant Michel Chevalier; à Lyon, E. Barrel et H. Claude. 
Si on n'a pas enregistré dans les Alpes Françaises de grande première sensationnelle, susceptible de soutenir par exemple la comparaison avec la conquête de la face nord du Dru, il n'en a pas moins été ouvert de nombreux itinéraires nouveaux remarquables par leur trace, leur caractère et leur difficulté. Il convient de citer notamment les suivants :
  • La diagonale de la face sud-est des Écrins (Ed. Frendo et le porteur René Rionda, 1941; reprise deux fois depuis), itinéraire qui présente la dénivellation la plus grande dans le groupe des Aiguilles de Chamonix, course très variée dans une ambiance superbe, présentant de sérieuses difficultés rocheuses et glaciaires.
  • La diagonale de la face sud-est des Écrins (Ed. Frendo et P. Heraud, 1941), longue et belle escalade difficile, presque comparable comme intérêt et difficulté à la voie directe Toumayeff-Vernet, qui a été reprise trois fois et est en passe de devenir classique.
  • La face nord-est de 1'Aiguille du Peigne (Et. Livacic et K. Martinetti, 1942), escalade de plaques très difficile et exceptionnellement délicate et exposée.
  • Le versant de Chamonix du Col du Calman (G. Rébuffat et L. Terray, 1942), escalade principalement glaciaire particulièrement dure et exposée; l’inclinaison y est exceptionnellement forte; les emplacements de repos font presque défaut; c’est certainement, dans le genre, l‘une des courses les plus sévères de la chaîne du Mont Blanc.
  • La face sud-ouest de l’Aiguille Mummery (Ch. Authenac et J. Vitrier avec Fernand Tournier, 1942, répétée quelques jours après par Jacques Aureille et G, Rebuffat); escalade de 250  mètres de hauteur, très exposée et extrêmement difficile; ce n’est pas une grande escalade, mais certainement 1’une des plus difficiles varappes de rocher pur de toute la chaîne du Mont Blanc.
  • L‘arête du Jardin de l'Aiguille d'Argentière (Docteur M. A. Azéma avec Armand Charlet, 1942; repris en 1945), belle arête fort déchiquetée et intéressante; la section la plus rude est l'escalade du Casque d‘Argentière, tour étrange qui est l‘une des plus difficiles de la chaîne. 
  • L'arête nord-ouest du Pic Sans Nom (Mme Blachere, G. Blachere, R. Picard, 1943; reprise en 1944 par P. Cauderlier et K. Gurekian); elle constitue la voie directe du glacier Noir au sommet du pic; dans sa partie supérieure l’itinéraire emprunte largement la face nord, très redressée, en rocher pourri, souvent verglacé, coupé de filets de glace. C’est une course rude et sévère, de belle envergure
  • La face sud du Pave (M. Chevalier avec G. Rébuffat, 1944), escalade verticale, avec très peu d’emplacements de repos, très difficile, avec des passages extrêmement difficiles, l‘une des plus belles du massif des Écrins.
  • La face de Freydane du Grand Pic de Belledonne (M. Chevalier avec G. Rébuffat, 1944), haute de 200 à 250 mètres, exceptionnellement aérienne, très difficile avec des passages de la plus grande difficulté. 
  • Le pilier sud des Écrins (Mme Jeanne Franco et son mari Jean Franco 1944. reprise quelques jours après par P. Cauderlier et K. Gurekian), escalade superbe et très difficile, aérienne, qui constitue l‘itinéraire le plus difficile, le plus sûr et le plus intéressant pour grimper aux Écrins depuis le glacier Noir.
  • La face nord de l'Aiguille des Pèlerins (G. Réhuffat et L. Tex-ray, 1944), rude escalade du type face nord.
  • Le versant de la Brenva du Col de Peuterey (G. et M. Herzog, G. Rebuffat, L. Terray, 1944, qui continuèrent sur le Mont Blanc par l‘arête de Peuterey), course glaciaire d‘une belle audace ; elle paraissait si exposée aux chutes de pierres que personne n’avait osé s‘y risquer pour cette raison
De très nombreuses répétitions de grandes escalades ont été faites et des courses considérées hier comme exceptionnelles sont devenues classiques ou presque. Ainsi la face sud directe de la Neige compte maintenant dix ascensions et la face sud-est directe des Écrins, neuf. L’arête du Coup de Sabre du Pic Sans Nom, conquise en 1934, a été reprise deux fois en 1942, par J. Franco et K. Gurekian et par M. et Mme Blachere, et quatre fois en 1943. L‘arête sud de l’Aiguille du Fou, gravie cinq fois avant la guerre, a été escaladée dix fois depuis par des caravanes comprenant souvent plusieurs cordées. Le Grepon par 1'Aiguille de Roc a été répété à partir de 1942 et compte huit ascensions.
Les courses d’envergure qui sont devenues classiques dans les années qui ont précédé la guerre et qui exigent, pour être menées à bien tout un ensemble de qualités ont été reprises plusieurs fois, par des cordées avec guides et des cordées sans guide. Ainsi l’itinéraire de la Sentinelle Rouge, sur le versant de la Brenva du Mont Blanc, ouvert en 1927 par les alpinistes britanniques T, Graham Brown et F. S, Smythe et parcouru plus de 20 fois, n’avait été repris qu’une fois par une cordée française en 1938, trois cordées françaises l’ont gravi en 1943 et 1944, dont deux sans guide H. Haubtmann, L. Neltner, G. Scott de Martinville; M. Herzog, P. Madeuf, J. Oudot. L‘arête de la Tour Ronde du Mont Maudit, le versant d`Argentière de l‘Aiguille Verte, 1’arête Sans Nom et l’arête des Grands Montets de l‘Aiguille Verte. la traversée complète des Aiguilles du Diable ont été réussies également plusieurs fois.
Parmi les répétitions de courses encore exceptionnelles, mais qui sont pour la plupart en passe de devenir classiques, citons les :
  • 4e, 5e, 6e, 7e ascensions directes de la face nord-ouest de l‘Aiguille du Plan (R, Jonquiere et G. Rebuffat, J. Mignon avec Camille Tournier, F. Batier et J. Morin avec Camille Tournier, M. Herzog et F. Madeuf), 
  • la 6e ascension de la face est de la Dent du Caiman (M. Herzog, P. Madeuf, J. Oudot, 1943), 
  • les 2e, 3e, 4e ascensions de l’arête est du Crocodile (Mme S. d’Albertas avec Raymond Lambert et Etienne Livacic, 1940; Frendo et Rébuffat, 1943, R. Jonquières et L.Terray, 1943); les cordées de 1943 ont évité le passage du pendule qui était le plus difficile de la course par un passage d`escalade artificielle fort délicat, 
  • la 3e ascension de l‘éperon nord des Droites (Mme S. d’Albertas avec les guides suisses Raymond Lambert et André Roch, 1921), 
  • la 4e ascension de la face nord du Dru (Mme d’Albertas avec Ed. Frendo, 1943),
  • la 57° ascension du versant de Bonne-Pierre du Dôme de Neige des Écrins (L. Amieux et H. Bonnet, 1943), 
  • les 3e, 4e, 5e ascensions de la paroi nord ouest de  l‘Olan (P. Heraud et H. Reynaud, 1942; Jean et Raymond Leininger, 1943; Lucien Amieux et H. Bonnet, 1943),
  • les 2e, 3e, 4e ascension de la muraille nord-ouest de l’Ailefroide (Lucien Amieux et H. Bonnet; J. Franco et K.Gurekian, M. Malet et P. Revel, 1943).  Les deux dernières cordées ont suivi une variante qui évite le pilier central, l‘une des sections les plus difficile de l’itinéraire original, et gravi la paroi dans dos horaires remarquablement brefs.
 Quelques exploits d‘alpinisme solitaire méritent d’être particulièrement signalés : les 5e ascension de la voie Reynier (1941), 6e ascension de le voie directe (1942), 2e ascension de la voie diagonale (1942) de la paroi sud-est des Écrins et la 1ère traversée tout à fait complète des arêtes de 1`Ai1efroide (1943) par Karekine Gurekian; l'arête nord des Trois Dents du Pelvoux (1943) par M. Malet; la 1ère ascension de le Barre Noire depuis le glacier Noir (1943) et la 2e ascension de l'arête sud-est du Pic Gaspard (1943) par Paul Héraud.
Dans le domaine de l’alpinisme hivernal, presque totalement abandonné avec la vogue du ski, on peut citer seulement le belle première hivernale du Pic Gaspard, réussie en 1943 par J. Boell et A. Le Ray.
L’activité sportive pyrénéiste a connu un certain ralentissement, en raison de l’éloignement, du aux circonstances, de ses éléments les plus entreprenants et des mesures d’interdiction prises à la frontière. Citons cependant la 10e ascension du couloir de Gaube, en 1941, par J. Simpson et J Trezieres. Le bilan que nous venons de dresser est impressionnant. Il porte en effet sur presque toutes les grandes courses et les entreprises les plus difficiles des Alpes Françaises. Il permet d’en conclure, d‘une façon légitime, que l’alpinisme sportif français a maintenu son rang, qui est celui de la classe internationale et qu’il a affirmé une éclatante vitalité.

samedi 2 novembre 2013

L'instruction sur la vie en montagne de 1950

Tenue portée au CITM des TOAu
On note le port de la windbluse des GJ
En 1949, l'armée française est forte de 70 ans d'expérience sur la vie en montagne et de 2 conflits mondiaux où ses troupes de montagne (chasseur et infanterie alpine) se sont illustrées en Norvège, dans les Vosges ou à la frontière alpine. 
Sur le point de vue uniformologique et équipement, l'armée française est encore dotée du manuel de montagne et d'alpinisme militaire de 1931, annexe à l'Instruction sur les opérations de montagne. Ce manuel vieux de presque vingt ans n'apporte qu'une réponse partielle aux besoins des troupes de montagne et n'abroge pas le désormais « vieux » Guide du détachement en montagne qui rassemble l'expérience acquise dans les troupes de montagne avant la première guerre mondiale ! Ces publications sont complétées par une Instruction sur l’emploi du ski éditée en 1922. Ce document sera abrogé en 1941 dans l’armée d’armistice par une version augmentée de plus de 20 ans d’acquis techniques sur la pratique du ski. 
A partir de la fin 1945, le CITM en Autriche publie un recueil des conférences sur la période 1945/1946 qui rassemble les conclusions sur les expériences pratiquées par les troupes de la 27e DA en Autriche (parachutage en zone montagneuse, emploi de véhicules blindés, …). Comme garantie de la pertinence de la nouvelle instruction, on retiendra que celle-ci est le fruit de l'expérience de « pointures » des troupes de montagne dont le chef de bataillon Le Ray (ancien de la SES du 159e RIA et commandant une ½ brigade de chasseurs alpin en 1944 1945), Le capitaine Flotard commandant l'EHM, le lieutenant Colonel Craplet commandant le Centre d'études tactiques et techniques de montagne et le capitaine Lestien du même centre.

Finalement c’est l'appauvrissement relatif des troupes de montagne en hommes expérimentés au sortir de la guerre (départ dans le civil, dispersion des cadres, …) doublé de l'absence de documents à jour, qui conduit l’état-major à refondre l’instruction des troupes de montagne par une nouvelle instruction à l'usage des troupes de toutes armes, qui sera approuvée le 9 mars 1949 et publiée en 1950.
Tenue qu'on peut apparenter à la tenue
de 44/45 (Revue des TOA de 1946)
On notera que dans un même temps, l’instruction sur l’emploi du ski de 1941 sera elle aussi remplacée en 1952 avec la publication de l’instruction sur la pratique de l’alpinisme et du ski approuvée le 16 Juillet 1952 sous le n° 6182-EMA/3/EG et classifié TTA 114.
L’instruction de 1950 aura eu le mérite de mettre à jour les connaissances techniques des troupes de montagne et définira les grandes lignes de la tenue des troupes de montagne pour les 20 années à venir. Cette tenue devait connaître quelques années après sa création un nouveau conflit en Algérie où les troupes de montagne évoluèrent dès l’année 1954 pour 8 années. 
Dans la suite de ce premier post, nous nous appuierons sur l’instruction de 1950 ainsi que sur le TTA 51 qui définissent la tenue « théorique » des troupes de montagne comme base de départ et décrirons dans la seconde partie l’évolution de la tenue de montagne après 1950 notamment au cours du conflit algérien sur la base des documents photographiques, seuls capables de rendre compte de la distorsion entre théorie et pratique.



mercredi 30 octobre 2013

La tenue de jeunesse et montagne en photos

Affiche du commissariat des groupements JM à
Grenoble.La couleur de la cagoule est fidèle.
Les modèles qui nous sont parvenus jusqu'à nous
sont  beaucoup  plus clairs
(action du soleil sur le vert réséda)
A partir de sa création en août 1940, Jeunesse et Montagne rompt avec la tenue traditionnelle du poilu de 1940. En effet, elle se dote rapidement d'une tenue visiblement  dans l'air du temps et sportive. La couleur est elle aussi changée avec un pantalon bleu Louise de la couleur des tenues d'avant guerre de l’armée de l'air (origine oblige) et une cagoule vert claire (couleur du sac de l'ANP 31).
JM développe en parallèle un sac qui lui est propre, probablement développé avec la société LAFUMA et dont le brevet sortira après guerre et donnera naissance au modèle 51 de l'armée française.








Le blouson JM



Les autres modèles de blousons



La tenue de sortie


La tenue de sport



Le sac de montagne


Le sac JM comprend deux poches latérales et une poche centrale. Une patelette imposante recouvre le dessus du sac. Les poches latérales sont dotés de carrés de cuir avec mortaise pour le port de matériel en sautoir (couverture, pélerine, ...). A l'arrière on note l'armature souple à lame d'acier améliorée et brevetée en 1949 par Lafuma. 

Les chaussures

On identifie à droite la paire de brodequins de ski modèle 1940. Au centre on note une paire de brodequins semble t il du modèle 1941. L'homme de gauche montre un pantalon golf dont les manchettes ont été supprimées comme très souvent compte tenu de l'embarras qu'elles représentent avec molletières et bas de skieur... A ce sujet, il semble que le pantalon bleu ne soit en usage que pour les grandes occasions, les stocks de 40 sont utilisés jusqu'à épuisement. 


Ci-dessus, ce qui semble un modèle à aile de mouche et à droite un modèle 40 avec ailes de mouches. On note la diversité des cloutages.

Les Jersey


On note ici la diversité des pulls et jersey dans une unité JM. Notamment on identifie l'éternel jersey 36 qui côtoie des pulls d'origine civile. On en profitera pour noter la paire de charentaise à droite ainsi que ce qui semble être une paire de chaussons d'escalade sur l'homme de droite. 

Les skis

Insignes et autres



Centre Ecole de JM
Groupement Vignemale
Centre Assolant
Centre Arnoux
centre castagnier 
centre mailloux
Groupement Comminges
Centre Lamon
Centre Hertaut
Groupement Dauphiné
Groupement Dauphiné
Centre de la Herverie
Centre Pasteau
Centre de Chezelles
Groupement Haute Savoie
Centre Guillaumet - Contamines
Centre Hyvernaud
Hubert Petit de Mirbeck,
Groupement Savoie
Centre Pépin