lundi 25 novembre 2013

JM vu par les CJF

Ici nous sommes en présence d'un document expliquant aux jeunes des CJF qui sont les JM ... entre appelés et volontaires, il semble que les jeunes se méconnaissent complètement ... Merci à P. Chanteperdrix pour l'envoi de ce document issu de sa collection personnelle.

samedi 23 novembre 2013

Un pyrénéen à Jeunesse et Montagne

Il est de ces archives dont on a oublié le nom du propriétaire et son parcours de vie mais qui à elles seules représentent un témoignage exceptionnel. Ici nous sommes en présence d'une série de photos issues de l'album d'un jeune pyrénéen engagé à Jeunesse et Montagne. Passionné de ski, on le retrouve sur les pistes  de ski de Mont Louis et Puymorens, à bord d'un planeur à St Auban et enfin à Grenoble dans le cadre de sa formation d'EPS au sein de JM. Bon visionnage à tous.


Montlouis le 1.1.42. Au bas de la piste

A la gare de Montlouis le 7 décembre 1942

Sur la route en descendant de Mont Louis.11.1.42


Col de Puymorens le 28.2.42 l'arrivée de la course de fond 9 km

Devant le chalet Gaston Combele du Touring Club de France



1942 août base d'avignon POTEZ 63








Stage de vol à voile au premier plan le 40 P et au deuxième plan le 30 S

Castol 242 au décollage largage du B.O.



Atterrissage du Spalinger


Stage moniteur d'hébertisme


Juillet 42 Dernier jour à piscine Grenoble stage moniteur EP






Au jeu, feu, fou ...de l'Argentière juillet 1942






mardi 19 novembre 2013

La section d'éclaireurs skieurs du 15e BCA en Savoie

Cet historique est issu d'un ouvrage sur le 15e BCA réalisé au cours de la période d'occupation en Autriche et relatant les Combats de Mai/Juin 1940. Une bonne part de l'ouvrage est consacrée aux combats du nord ouest mais les dernières pages présentent le carnet de route d'un éclaireur de la SES dont malheureusement le nom n'est pas mentionne.

La drôle de guerre

Lors du départ du Bataillon (12 Octobre 1939), la SES est laissée aux Fourches. Deux, puis une reconnaissance par jour, sur la crête frontalière limitée par le Pic des 3 Evéchés et le TORTISSA. Mise en place des approvisionnements pour l'hivernage.
Hivernage sans histoire - Mauvais temps - Fatigue - Activité italienne pratiquement nulle. Peu de changements avec la vie de poste de temps de paix.
Par suite d'alertes ininterrompues, l'ouvrage est maintenu constamment déneige. Toute la SES veut rejoindre le Bataillon "quelque part en France". Nous en recevons sporadiquement des nouvelles.
Sensation pénible d'être embusqués.

Opérations mai - juin 1940

17 Mai 1940

Par radio "ordre d'embarquer à Jausiers le 19, à 5 heures, pour une destination inconnue". Joie délirante, préparatifs fiévreux. Nous pensons aller en Norvège ou rejoindre le Bataillon. Les deux alternatives nous plaisent.

18 Mai 1940

Départ des Fourches pour Jausiers. Montée par Granges Communes, descente par les Granges. Neige horrible, sac effarant. Tout le monde arrive y compris les chiens esquimaux, les traîneaux et les mauvais skieurs. Très belle réception a Jausiers par le chef de Bataillon Lebeau, Commandant le 73 B.A.F. Très grande déception, j'apprends que nous sommes destines au renforcement de la défense de la Haute Maurienne.

19 Mai 1940

Embarquement en autocar. Unanimité absolue pour reconnaître que la civilisation en général, et le moteur a explosions en particulier, sont de belles choses. Halte a Gieres, ou l'on nous laisse espérer un repos de quelques jours. La halte dure... 1 heure et nous rembarquons pour la Maurienne. Débarquement a Lanslebourg a 19 heures. Reconnaissance de notre nouveau secteur du glacier d'Arcelle Neuve au Mont Tomba inclus.

20 Mai 1940

Le groupe Bonneau est détaché a la Turra, pour assurer la surveillance extérieure et patrouiller dans la région du Pas de la Beccia.

22 Mai 1940 

Nous nous installons, réduits a 2 groupes, mais renforces de la SES du 11, dans le secteur assigne. La SES du 11 BCA (Lieutenant David) arrive de Fouillouze. Elle prendra a son compte le secteur Grand Mont Cenis, Mont Nunda inclus. La SES du 15e BCA aura le reste jusqu'au Col du Mont Cenis exclus. Dans la vallée et sur notre droite le 281 RI. A notre gauche : personne. Carte 1 et Carte 2.
Notre mission particulière : surveillance, alerte, protection du replis du 281 RI en tenant 15 minutes après son décrochage, recueil des éléments égarés, combat retardateur sur l'axe : Lanslevillard, Champ de tir,  les Fesses, la Turra de Termignon, la Loza.
Deux points d'appui sont organisés :
Un au sommet du Mont Tomba (Alt 2658m), l'autre légèrement en retrait du Col de la Tomba. Nous remuons de la neige et des cailloux mais ça ne vaut pas grand chose. 
Travail épuisant de reconnaissance, de surveillance constante, de ravitaillement, d'installation défensive. Relève de nuit quotidienne d'un groupe par l'autre, mais le groupe relevé prend une garde aussi pénible que le groupe relevant. Il n'y a que permutation. Cependant, l'abri du Col est plus confortable que l'abri du Mont Tomba (4 Hommes). Le ravitaillement est moins loin ainsi que le téléphone (une heure de descente, 2 heures de montée). De plus il y a un poêle et un peu de bois. Nous correspondons par ER 40 avec la SES du 11,  quand les appareils veulent bien fonctionner ce qui est rare. Temps exécrable en permanence : vent, neige, tourment, brouillard chaque jour. Il faut dire que nous sommes sur une face Nord de plus de 2600 mètres d'altitude. Le Lieutenant Delanef demande une relève de quelques jours pour faire reposer les éclaireurs qui sont a bout de force. Refus, car le 281 n'a personne apte a remplir l'emploi d'Eclaireur-Skieur.
En face, les italiens s'organisent eux aussi ou, plus exactement, terminent leur installation. Ils sont une nuée dans la combe du Lac du Mont Cenis. Chaque jour, arrivent de nouveaux bataillons, chaque nuit nous entendons leurs convois auto se promener sur la route qui passe a nos pieds, dans le fond. De temps en temps, un coup de phare éclaire leurs longues files, puis tout s'éteint. La crête frontalière est truffée de mitrailleuses et de postes d'Alpini, de chemises noires et de fantassins. Quelques Guarda alla Frontiera. Ils ont sur nous l'avantage d'être arrivés les premiers et d'opérer sur la face sur de la chaîne qui est pratiquement déneigée.
Le Lieutenant David ne peut s'installer a la Nunda, ni au Col du Lou (alt 3140m), encore moins au Grand Mont Cenis. La vie y est impossible. L'accès même en est très difficile par suite du mauvais temps, de la neige et surtout des avalanches qui se forment a longueur de journée. Les italiens occupent ainsi tous les points dominants. Nous réussissons cependant a nous approprier la Croix du Mont Tomba. Ils y avaient installe 2 mitrailleuses et 1 FM servis par un effectif imposant pour nous : 30 hommes. Des notre arrivée, le Lieutenant installe les 12 hommes et le FM du point d'appui a un mètre de leur poste. Nous nous regardons dans le blanc des yeux pendant 2 jours, puis les italiens font un bond de 30 mètre "in dietro" et s'installent sur la lèvre d'une petite cuvette qui se trouve la. Le lieutenant est très fier de son succès et tient un excellent point d'observation qui lui permettra de transmettre des renseignements intéressants.


9 Juin 1940

Dans la soirée, message annonçant l'entrée en guerre de l'Italie, le 10. Nous n'en sommes pas étonnes, car suivant l'expression de certains : "ça sentait la camomille" depuis 2 jours. Ordre formel de ne pas commencer les hostilités et de pénétrer sous aucun prétexte en territoire italien. Nous n'ouvrirons le feu que si nous sommes attaques. Tout n'enchante pas le Lieutenant car, pour le moment, nous avons en face de nous : 2 mitrailleuses et 1 FM sur le Mont Tomba, 2 mitrailleuses sur le flanc ouest de la Nunda, 2 vers le col de la Tomba et nous ne pouvons y opposer que nos 2 FM et 2 grades et chasseurs. Pour égaliser les feux, on décide de tenter 2 coups de main en même temps : le Lieutenant David et un de ses groupes, appuyé par les 2 autres qu'il déplacera vers l'ouest., ne laissant que de simples bouchons sur ses emplacements normaux, essaiera le 11 a 5 heures de "barboter" les 2 mitrailleuses du flanc de la Nunda qui nous dominent en altitude et qui le gênent lui aussi. En même temps, nous essaierons avec un demi groupe la même opération sur celles de la Tomba 
Temps affreux, perte de temps énorme "ça foire lamentablement". Il n'y a rien a faire, nous sommes trop peu nombreux et ceux d'en face se méfient. On décide de tout laisser tel quel et de s'en remettre a la providence ! Le FM du col de la Tomba fera ce qu'il peut sur les mitrailleuses de la Nunda, et sur celles du Col, aide par un groupe du 11 qui se déplace a la cote 2441. Le FM du Mont Tomba aura pour sa part, les armes automatiques d'en face lui. Enfin, nous n'avons que 25 grenades (des F1) qu'on ne peut gaspiller dans les coups de mains hasardeux.
Jusqu'au 20 Juin : patrouille du Lieutenant des toutes les nuits, avec ses 2 fidèles : le Sergent Chatel ou le Caporal Cecil et un chasseur. Le Sergent Chef Cau en fait autant avec le Sergent Bastide. Nos tentatives pour faire des prisonniers échoue, toujours  pour les mêmes raisons. Les embuscades sont pénibles. Il fait un froid intense. Heureusement, nous avons découvert, lors d'un ravitaillement quelques peaux de mouton qui nous protègent. Chatel ne manque jamais de glisser, a l'intérieur, sa serpe qu'il a aiguisée a la façon d'un poignard javanais. Réaction nulle des Italiens. Leurs patrouilles ne dépassent jamais la frontière. Ils ignorent certainement nos forces (ou plus exactement notre faiblesse), et les rares Chasseurs qu'ils aperçoivent dans la journée doivent leur inspirer une grande frayeur, avec leur barbe d'un mois, leur pupille ardente et leurs défroques pour le moins curieuses.
Guets en permanence tous azimuts, dans la neige et les cailloux, entoures d'un mince fil de fer, qui constituent les PA. C'est épuisant. Nous ne dormons que 2 ou 3 heures de suite tous les 2 jours. La soupe chaude est une merveille difficilement accessible.
Quant aux chaussures et aux vêtements, personne ne se souvient plus que ça ne fait pas partie de l'anatomie spécifique de l'homme. Heureusement, nous avons en abondance une gnôle curieuse mais pleine de vertus. Et toujours un temps de chien et un froid hors de saison.

20 Juin 1940

Les italiens se massent. Ça ne va pas tarder. Le lieutenant alerte.

21 Juin 1940

3H30, Cau est accroche le premier par l'attaque ennemie. Peu a peu, ça barde dans tous les coins. Vers 7 heures, les Italiens fond donner l'artillerie. Deux calibres : le 65 et le 149. Les avions règlent leur tir. D'autres se promènent en l'air sans nous attaquer a la bombe ou a la mitrailleuse comme ils le font a la Redoute. Les obus cognent un peu partout sans nous faire aucun mal. Les deux 75 de l'ouvrage de la Turra répondent aux canons italiens. Ils font un travail magnifique sur les colonnes d'attaques ennemies. Des files entières d'hommes sautent en l'air.
La Turra subit de sévères tirs de représailles. Les gros calibres pleuvent. Nous pensons a Bonneau et au 2eme Groupe. Celui ci accroche au Pas de la Beccia se replie en combattant sur l'ouvrage et s'y enferme. Il y a fait du beau travail.
La Turra nous aide sur notre droite par des tirs de mitrailleuses a limite de portée. Il ne peut le faire, hélas, que peut de temps, car lui aussi est presse de tous cotes. L'attaque Piaf se développe. Deux Compagnies, puis trois, puis une infinité de monde "s'énervent" sur la Tomba et sur le flanc ouest . Dans le fond, vers le Col du Cenis, les mortiers de la Turra arrêtent tout, y compris les chars légers et superposent leurs feux a ceux de l'ouvrage des Revets.
Toute la journée, les vagues italiennes se succèdent "sandwichées" d'artillerie. Nos grenades sont épuisées depuis longtemps, les FM ont fort a faire, mais le mousqueton, inséparable ami de l'éclaireur, supplée a tout. Les Italiens ne passent pas et en sont très étonnes.
Au plus fort de la bagarre, Cau prend un instant le FM. Résultat, en 3 minutes : 2 mitrailleuses ennemies sans servants. Quant a ceux d'une troisième, ils mettent prudemment un gros caillou devant eux.
De la cote 2441, le lieutenant David nous aide beaucoup, il fait des cartons magnifiques a 2000 mètres sur des chemises noires qui essayent de nous avoir a la grenade par le flanc Est. Les Chasseurs sont splendides de calme. Troupe d'élite en temps de paix, nous avons tous a cœur de rester troupe d'élite au combat.
Chacun fait son devoir. Le mot repli n'est même pas prononce. Et pourtant, c'est de la lutte a 1 contre "???", a 50 mètres le plus souvent. 16 heures : les Garnisons des ouvrages de la Ramasse et des Arcellins décrochent. Le 281 se replie par échelons a l'exclusion des Revêts.
Nous n'avons plus personne a notre droite, sauf les ouvrages de la Turra et des Revêts a 3500 mètres. La route du Cenis est ouverte, malgré les feux des ouvrages qui tiennent. La SES se met "en boule" et ça continue.
Le Lieutenant décide de décrocher a la tombée de la nuit. Il en avertit le Lieutenant David par ER 40, appareil qui, pour une fois,veut bien fonctionner,
L'opération se fera en 2 temps : la SES du 15 décrochera la première jusqu'à Lanslevillard. sous la protection de la SES du 11 moins engage. Le Chasseur Pinaud , du 3eme groupe , qui formait a lui tout seul notre couverture a droite, ne décroche pas au moment voulu, étant trop occupe. Il s'aperçoit subitement qu'il est seul, se dégage, fonce vers Lanslevillard  et s'arrête au bout de 100 mètres.
Il se rappelle que le Lieutenant a dit maintes fois que, dans un repli, il fallait toujours  s'assurer que le FM, n'avait pas été laisse. Pinaud remonte alors, par bonds, la pente descendue, fait un vacarme infernal, tire, hurle, se transforme a lui seul en contre attaque de Bataillon, fait reculer les Italiens sidérés, arrive a la vitesse d'un dard sans avoir été touché.
Je crois que ceci dépasse le cadre de la conscience professionnelle. A notre grand étonnement, le décrochage se passe bien. Nous nous installons définitivement sur la rive droite de l'Arc. Destruction de la dernière passerelle existante aussitôt l'arrivée du Lieutenant David.
Un peloton moto du GRD arrive de Bessans. Il craint d'être coupé. On promet a son Capitaine de protéger son repli, et a minuit, il part, a travers champs, dans une pétarade de Jupiter tonnant. Quelques instants de repos. Nous mangeons de vieux croûtons trouves au fond des poches. Les Italiens se tiennent tranquilles de l'autre cote du torrent.

22 Juin 1940

2 heures du matin, Il faut partir. Nuit noire, pluie torrentielle. État de fatigue toujours très grand. Le lieutenant décide d'abandonner l'axe de repli qui avait été imposé par la Turra de Termignon, et de suivre tout simplement la route. Les Italiens ont du nous y précéder mais tant pis, ce sera une occasion d'opérer sur leurs arrières et de semer un peu de pagaye chez eux. Nous n'avons plus hélas que peu de munitions : quelques cartouches de FM et de mousquetons,
Progression par échelons du groupement 11-15, traversée de Lanslebourg, sous les obus Français et Italiens. La situation doit être assez confuse pour les artilleurs ! Des obus incendiaires mettent le feu a quelques maisons, malgré la pluie. Pas un Italien sur la route. Arrivée a Termignon au petit jour. Le pont a saute. Nous passons l'Arc sur ses abris.
Deux sapeurs du Génie sont la. Un a une jambe cassée, l'autre est atteint a la colonne vertébrale. Nous les transportons un moment mais ils sont lourds et nous sommes a bout de forces. Nous devons les abriter dans une cahute malgré leurs supplications déchirantes.
5 heures : Coup d'oeil des Officiers sur la carte. Ils décident de quitter le fond de la vallée ou ça grouille et de monter Schuss a la Loza ou nous devons trouver du monde, des ordres, des munitions et des vivres.
Cette montée restera pour nous le Calvaire de la Loza. le fond de la vallée de l'Arc est occupe jusqu'a proximité d'Aussois. C'est folie que d'avoir, de jour, la prétention de passer a travers les troupes italiennes, dont on ignore l'importance. La seule solution consiste donc, pour nous, a dépasser l'ennemi par les hauts, ou il ne peut avoir que des détachements légers, pour rejoindre les lignes françaises vraisemblablement, si on en juge d'après les réactions de feu, accrochées a Nant Aussois.
Nous grimpons a travers la foret d'abord a une allure presque normale, malgré la fatigue et le sac lourdement charge. La SES est une troupe légère! Mais bien vite, l'allure faiblit. Les pauses deviennent fréquentes, les gens se taisent, les 2 sections s'échelonnent. La limite des forets est dépassée. Nous craignons beaucoup moins une mauvaise surprise. Ascension pénible dans les bancs rocheux par des gens épuises. La traversée des premiers glaciers de la Dent Panachée est un supplice.
De nouveau le rocher. On se traîne, quelques mètres puis on se laisse tomber n'importe ou, n'importe comment. Les Chasseurs sont affreusement pales. Quelques uns défaillent de fatigue et de faim. Il y a si longtemps que nous n'avons plus mange...Vers 19 heures la partie difficile est enfin franchie. A 20 heures, la Loza. Personne : pas un homme, pas un papier, pas de vivres, pas de munitions. Deux fils téléphoniques pendent, l'appareil a été arraché a la hâte. La Loza se compose de 3 chalets, dont un en ruines.
Les hommes se couchent. 2 guetteurs, volontaires, veillent (?) aux fenêtres. Tout le monde s'endort, après avoir racle les fonds de tiroirs et dévore des choses inavouables. Le lieutenant est comme a l'ordinaire et, pourtant, nous tous, nous savons bien qu'il lutte plus que nous encore contre le désespoir. Que faire ?
Minuit : Descente sur Aussois ou nous pensons trouver des lignes françaises. Si Aussois est occupe par les Italiens, nous remonterons pour redescendre plus loin sur Modane. Départ, par échelons, par le chemin de  la Loza-Aussois qui serpente sous le Roc des Corneilles.

24 Juin 1940

2 heures. Pleine descente ! Halte ! Coups de feu ! Tout le monde se plaque sur le sol. On crie "FRANCE" a tout hasard. Aussitôt, un magnifique barrage général se déclenche sur nous de proche en proche. L'artillerie se mêle au feu d'artifice. Nous reconnaissons dans tout ce vacarme, FM et mitrailleuses françaises. Les départs d'artillerie viennent du cote français. Il n'y a pas de doute, on nous prend pour des Italiens.
Quelques minutes après, derrière nous : autre musique, les mitrailleuses italiennes se mettent de la partie. Nous voila joliment sandwiches !
La situation ne peut se prolonger longtemps sous peine de volatilisation intégrale. Homme par homme, les Éclaireurs s'abritent comme ils peuvent. le Lieutenant part sur la route pour trouver le "Couloir prive de feux", et pour se faire reconnaître. Agréable promenade dont il se souviendra longtemps !
A un tournant, 3 FM français lui tirent dessus a bout portant. Il ne se couche même plus... et ils le manquent. Il crie. Hurle. rien a faire... Il retourne sus ses pas et rencontre enfin le Sergent Chatel et le Chasseur Michoud qui se sont portés en avant pour chercher son corps. Ce geste n'est au fond au fond que l'expression de notre affection pour ce Chef !
Le feu faiblit, reprend, cesse, reprend. Nous n'y comprenons rien. Une accalmie : nous nous installons "en boule" sur un tumulus pour passer le reste de la nuit. Si les Italiens attaquent au matin, ils tomberont sur un "bec" imprévu.
Le jour point. Rien ne se passe. Le Lieutenant David et 2 hommes de sa SES s'avancent vers les lignes françaises. Ils se font reconnaître. Nous les suivons peu après, lorsqu'ils nous font signe. Excellent accueil de la 5e Cie du 281e RI, Nous sommes des revenants. On ne comptait plus nous revoir. Nous mangeons et nous reposons jusqu'au soir. L'ordre arrive de monter a Plan Sec, ou avec l'appoint du 47e BCA, nous constituons un fort point d'appui. Il y a la haut vivres et munitions en abondance.
Nouvelle d'un armistice pour le 25 : Minuit 15. Dernière nuit de combat. Déluge effroyable de feu sur toutes les lignes. Les italiens sont secoues, ils ne s'attendent sans doute pas a ça. Nous marquerons au moins notre volonté jusqu'à la dernière minute. depuis les 20 Juin, nous étions  sans nouvelles du Groupe Bonneau, reste a la Turra. Mille bruits avaient circule sur son compte : tantôt il était prisonnier, tantôt il était anéanti, tantôt il errait dans la montagne. Nous avons la grande joie de le voir un beau matin, débarquer parmi nous, fier d'avoir vaillamment fait son devoir dans le secteur qui lui avait été assigné.

Le 141e RIA régiment de Marseille

Colonel Granier
La France a été vaincue, non pas tant parce que son armée manquait de chars ou d'avions, que parce que la Nation ne brûlait plus de cette flamme patriotique qui l'avait, jadis, sauvée aux grandes heures sombres de son Histoire... Et si, dans le désastre général, certaines Divisions, certains Régiments ont conservé leur esprit combatif, c'est parce que leurs Chefs avaient su leur créer cette âme collective, seule capable de susciter au sein de la « piétaille» les plus héroïques sacrifices : l'esprit de corps . 
Le 141e R.I.A. était, de ces régiments ... Fils de Provence, de Corse et du Languedoc, ses cadres et ses Alpins, unis par le cœur et par l'esprit, ne formaient, autour de leur Drapeau, qu'un seul bloc puissant, un bloc tout brûlant de cette flamme patriotique dont ses Colonels, ses Chefs de Bataillon, l'ardente jeunesse de ses cadres avaient su l'animer ... Du Colonel au dernier des Alpins, le numéro du Régiment sonnait comme une fanfare de ralliement... " A moi, 141 !" cri bien souvent entendu durant ces trente-cinq jours d'incessants combats, ou les sections encerclées appelaient ainsi les secours des sections de contre-attaque, pendant ces nuits de retraite ou l'on s'égarait ... Et c'est pourquoi sur le canal de la Somme, sur le canal du Nord, au Bois-le-Roi, sur la Loire, l'ennemi n'a jamais pu le chasser des positions qu'il avait mission de tenir ... Et c'est pourquoi, au jour de l'Armistice, malgré cette longue Bataille, ou il n'avait point connu de relève,  en dépit de cette retraite profonde, ou l'on marchait la nuit, pour combattre le jour, le 141e R.I.A. était encore un magnifique régiment, prêt a se battre et a se sacrifier.
Les Marseillais peuvent être fiers de leur Régiment. Comme je suis fier, moi, de l’avoir conduit au feu pendant cette dure Bataille de France… A tous ses cadres, a tous ses alpins  vont ma reconnaissance et mon affection…  Puissent-ils tous savoir que la joie d'avoir été leur Chef reste la plus belle récompense qu'ait jamais pu souhaiter mon âme de Soldat !

La drôle de guerre

Il faudrait la plume d'un Georges d'Esparbès, ou le stylo d'un Roland Dorgelès, pour écrire l'héroïque épopée du 141e R.I.A., ce beau Régiment de Provence, dont la Garnison, avant septembre 1939, était à Marseille. 
Ce Régiment, les Marseillais l'avaient acclamé lors de la Revue du 14 Juillet 1939, ils l'avaient applaudi sur la scène de l'Opéra de Marseille, ou, au bénéfice de sa caisse de secours, il avait donné une brillante représentation au cours de laquelle il avait illustré son histoire de merveilleux tableaux vivants. 
La Guerre 1939-1940 allait montrer que les Alpins du 141e R.I.A. étaient dignes de leurs anciens de la Grande Guerre. 
A la Mobilisation, le 141e R.I.A. est parti fièrement, stoïquement. Affecté d'abord à l'Armée des Alpes, il s'est installé en réserve du XVe Corps d'Armée, dans la région de Grasse, jusqu'en octobre 1939.


Aux avant postes  - Sur le Plateau de Forbach

Des ce moment, c'est un magnifique Régiment auquel son Chef, le Colonel MANHES, qui le commande depuis deux ans, a su communiquer son ardeur et sa foi ... Enlevé pour le Nord-est mi-octobre, il est introduit en secteur sur le plateau de Forbach, en avant de la ligne Maginot. Il demeure là quarante-cinq jours, en toute première ligne imposant sa volonté a l’ennemi et interdisant aux patrouilles ennemies l'accès des avant-postes français. 
Les pertes sont légères : c'est là pourtant que tombe le sous-lieutenant LAVAUD, dont l'héroïsme restera légendaire au Régiment. Fin décembre, le 141e, est relevé et la Division tout entière, la 30e vient au repos dans la région entre Laon et Soissons ou, pendant les jours d'hiver rigoureux, elle connaît une sévère mais profitable instruction ... tandis que l'œuvre de l'Orphelin du Front, de Marseille - Matin, vient, par les dons généreux de ses lecteurs, améliorer le bien-être de ces Méridionaux plongés dans le froid, la neige et le brouillard. 
C'est alors que le Colonel MANHES ayant été nommé Sous-Chef d'Etat-Major d'une Armée, le Colonel G. GRANIER prend le commandement du Régiment. Il vient d'exercer a Vence les fonctions de Chef d'Etat-Major auprès du Général OLRY, commandant le XVe CA. Le jeune et brillant Chef breveté d’état-major , qui a suivi les cours de l’école des maréchaux , non seulement intensifie l’instruction de son régiment déjà commencée par son prédécesseur mais il entretient la flamme qui brûle au cœur de tous les cadres et de tous les Alpins 
Au milieu de mars, avec la 30e D.I. Le 141e R. I. A. entre en secteur aux avant postes dans la région des Basses- Vosges immédiatement à l'Est de la région de Bitche ... 
La zone des avant postes dans cette région est a l’entrée en Secteur du 141 impunément parcourue par les patrouilles allemandes. 
Le 141 R.I.A. se donne comme mission d'interdire à ces patrouilles l'accès du territoire français et des avant-postes puis ce résultat obtenu, de marquer son ascendant sur l'ennemi en poussant à son tour des patrouilles dans les organisations allemandes. 
Il s'agit d’organiser le régiment en vue de cette mission. Pour battre l’estrade,tendre des embuscades, mener à l'ennemi une vie d'enfer, il faut des Chefs jeunes et enthousiastes, des gars durs au cœur bien accroché. Le Colonel GRANIER crée alors trois groupes francs, un par Bataillon, dont il confie respectueusement le commandement au Sous-Lieutenant GERVASY (1er Bataillon), au Sous-Lieutenant JOOS (2e Bataillon), au Sous-Lieutenant BATTESTINI (3e Bataillon). Ces trois groupes entraînés par trois Officiers pleins d'allant, font merveille, tendant de nombreuses embuscades, et finissant par pénétrer dans les lignes ennemies ... Au bout de trois semaines, le 141e R. I. A. est maître chez lui ... Quelques pertes aux barrages de mines, posés par l'ennemi, dont celle, pleurée par tout le Régiment, du Sous-Lieutenant COSTE, sont hélas la rançon de 1'héroïsme déployé par les alpins des groupes francs que de nombreuses et brillantes citations viennent justement récompenser.
Brusquement, le 12 avril, le régiment apprend que d'autres destinées l'attendent.  Le nom de Norvège est sur toutes les lèvres et les Alpins sont joyeux de courir sur les traces de leur ancêtre, le Phocéen .Pythéas, l'un des premiers navigateurs qui toucha la Norvège. Le régiment se prépare et se transforme dans la région de Brest pour son futur rôle dans le Septentrion. Il entre alors dans la composition d'une nouvelle Division, la 3e Division Légère d'Infanterie, commandée par un chef valeureux, le Général de Brigade DUCHEMIN. Mais les rêves d'aventures devaient bientôt s'évanouir. En effet, le 14 mai, le Régiment apprenait qu'il s'embarquait, par voie ferrée, à destination du Nord Est, et le 16, des trains militaires emportaient le 141e R.I.A. vers la Grande Bagarre.

Mai - Juin 1940 - Sur la Somme

Le 17 mai, le 141e R.I.A.. débarquait en partie à Plessis-Belleville, pour défendre Paris, puis, dans la nuit du 17 au 18, il était enlevé par camions automobiles et jeté sur le canal de la Somme, avec mission de tenir les ponts de Ham et d'interdire à l'ennemi le franchissement du canal de la Somme. 
« Un quart d'heure après son arrivée, le 2e Bataillon installé devant les deux ponts route de Ham livrait bataille et empêchait l'ennemi de s'en emparer. 
« Le train avait été poussé jusqu'à la Somme. 
« Le même jour, le 3e Bataillon débarquait à Chaulnes et était l'objet d'un sévère bombardement de l'aviation allemande à son débarquement : 4 officiers blessés, 6 alpins tués, 32 alpins blessés. 
« Le premier Bataillon venait à son tour s'installer sur le canal de la Somme, à la droite du 2e Bataillon, tandis que le 3e Bataillon, après son débarquement, mis à la disposition d'un régiment de la Division, reprenait le village de Voyennes à l'ennemi... » 
Ce ne sont plus maintenant qu'attaques par un ennemi mordant et contre-attaques d'Alpins décidés, qui font subir des pertes sévères à l'ennemi. 
Le 141 n'abandonne pas une parcelle des positions qui lui ont été confiées ... Le 5 juin, les Allemands lancent la puissante offensive qui va amener le repli général de l'aile gauche française ... Sur le front du Régiment, l'ennemi passe le canal à l'est de Ham, à la liaison entre le 140e R. I. A., second Régiment d'infanterie de la 3e D. L. I, et le 141e R. I. A. De vigoureuses contre-attaques montées par des Unités des deux Régiments, qui rivalisent d'ardeur, rejettent l'ennemi dans le Canal. 
Le 6 juin au soir, dans le secteur de la 3e D. L. I., l'adversaire ne conserve pas un pouce de terrain au sud du canal de la Somme, malgré les lourds sacrifices qu'il a consentis ... Au 141e R.I.A., les pertes, pour être légères, n'en sont pas moins douloureuses : c'est dans la journée du 5 juin que tombe héroïquement, au cours d'une contre-attaque victorieuse, menée par sa Compagnie, l'aspirant Pierre BONNEL, dont la mémoire restera chère au cœur de tous les alpins du Régiment.

Mais, a  la gauche de la 1e D. L. I, la 29e Division d'Infanterie Alpine, attaquée avec une violence inouïe par une masse considérable de chars, est taillée en pièces et submergée après une magnifique défense. Et le 6 juin, à 20 h 45, le 141e reçoit l'ordre de se replier vers le Bois de l'Hôpital. C'est la rage au cœur qu'il abandonne les rives du canal de la Somme et gagne les nouvelles positions qui lui ont été indiquées à la ferme de Houvrel ; il connaît là la plus dure journée de la Bataille. Sa mission était de résister sans esprit de recul. Attaqué à 10 heures par des forces, évaluées à deux Régiments, appuyées par des chars et une artillerie importante, soutenues par une aviation agressive, le 141e R. I. A., jusqu'à 15 heures, n'abandonne pas un pouce de terrain ... Mais les Allemands s'infiltrent de tous côtés ; le Régiment est menacé d'être encerclé. 
Le Colonel GRANIER qui avait reçu toute liberté d'action de la part du Commandement, se décide alors à un premier repli, sur une position à 5 kilomètres en arrière, (le repli s'effectue à 16 heures, comme à la manœuvre, dans l'ordre le plus complet, sans une perte). Attaqué de nouveau vers 17 heures, au trois quarts entouré, le 141e se maintient sur ses nouveaux emplacements jusqu'à 22 heures, heure à laquelle le Colonel ordonne un nouveau repli derrière le canal du Nord, repli qui s'effectue au milieu des villages en flamme et d'innombrables cadavres de chevaux d'artillerie, massacrés par l'aviation. Ce repli, le Colonel le fait couvrir par le Groupe de Reconnaissance Divisionnaire et quelques sections du Régiment, qui restent en place jusqu'au 8 juin,  3 heures du matin, et sont obligés de rompre le cercle de fer et de feu qui les entoure. La Section d'éclaireurs motocyclistes, commandée par un jeune instituteur, qui fut un splendide officier, le Sous-Lieutenant LANZA, est complètement entourée .. , LANZA met alors ses side-cars en colonne par deux sur la route, et se jette en avant à corps perdu, de toute vitesse de ses machines, faisant feu de tous ses fusils mitrailleurs, qui crachent la mort autour d'eux ... Rien n'arrête cet élan héroïque vers la liberté ou la mort; tous les obstacles sont franchis et la section moto rejoint le Régiment, le matin du 8 juin, dans la région de Thiescourt. 
Alors commence l'interminable retraite de 400 kilomètres,qui conduit les fils de Marseille, de Compiègne à la région S.-O. de Limoges. Le 141e  Régiment se bat à Crépy-en-Valois et au Bois-le-Roi. Il se bat sur la Marne, où il fait sauter le pont d'Esbly. Il se bat sur la Loire, où pendant trois jours, malgré de violents bombardements d'Artillerie et d' Aviation, malgré les envois de parlementaires allemands, il interdit à Sully-sur-Loire le passage du fleuve aux colonnes ennemies qui attaquent en forces ... Il se bat sur le Cher... Dans sa folle chevauchée, partout, et toujours, il fait front et impose à l'Allemand son ascendant. 

On recule parce que c'est l'ordre

Et lorsque le 25 juin, l'Armistice le trouve sur la voie ferrée de Chalus à Nexon, le Colonel peut dire à ses hommes : « Le 141 ,. garde la fierté de n'avoir jamais été battu par l'ennemi. » 
Quand, à la veille de venir prendre à Marseille le poste de Chef d'Etat-Major de la XVe Région auquel il vient d'être nommé, le Colonel GRANIER, le cœur serré passe son Régiment en revue ... c'est un beau Régiment de vainqueurs à l'œil fier, à l'allure dégagée qui défile devant lui, non un troupeau de vaincus, un Régiment toujours prêt à se battre, et qui, les larmes aux yeux, a déposé les armes. 
Vingt-sept Officiers, près de cinq cents Alpins avaient été la rançon de son héroïsme ! .. C'est en songeant au sacrifice de ces héros que, le 29 juin, au Hameau des Places, au cours d'une messe en plein air, présidée par Mgr RASTOUlL, évêque de Limoges, ancien prêtre du diocèse de Marseille, et ex-alpin du 141e R. I. A., Officiers, Sous-Officiers et Alpins s'inclinaient bien bas devant leurs camarades tombés et se juraient à eux-mêmes de travailler à refaire une France, forte, unie et prospère ... 
Telle est, brièvement racontée, l'histoire héroïque du 141 e R. I. A., au cours de ces trente-sept jours d'incessants combats. Raconter les prouesses individuelles, les actes d'héroïsme des groupes de combat ou des sections exigerait un volume ... Toutefois une journée restera pour le Régiment un journée de gloire sans tache, celle du 24 Mai.., Nous la retracerons d'après un rapport qu'a bien voulu nous communiquer le Colonel GRANIER : 
Journée du 24 Mai 1940

Aux bords du Canal de la Somme, la nuit du 20 au 21 mai avait été calme : coups de feu isolés, quelques patrouilles, quand a 03h 45, le 24 mai, une fusillade nourrie provenant des lisières Sud de Pithon se déclenche soudain sur le Pont du Chemin de Fer et sur quelques centaines de mètres, a l'est et a l'ouest du Pont, rasant les rives du Canal. Profitant de cette neutralisation et aussi du brouillard intense qui couvre la ligne du Canal et de la Somme, l'ennemi réussit a pousser, au delà du pont du Chemin de fer quelques éléments légers .. 
Tandis qu'à l'est du S.-Secteur se déroule cette action, brusquement, a l'ouest, à 4 h 45 sur le front du 2e Bataillon, vers la Sucrerie d'Eppeville, sans autre préparation que quelques tirs d'artillerie sur la Sucrerie, effectués de 4 h a 4 h. 45. L'Infanterie ennemie, passant le canal a l'aide de barques pneumatiques, effectue un débouché massif et brutal par une double manœuvre de débordement.  
La manoeuvre ennemie apparaît très claire : franchir le canal a l'est et à l'ouest de Ham, en vue d'enlever la ville et créer ainsi une tête de pont, qui permettra de mettre en place sur le canal des moyens de franchissement pour le passage des engins blindés ennemis. Ainsi, a 1 h. 50, le régiment est attaqué a l'est et a l'ouest de son front...

Dans son Ordre de défense n  603/C en date du 22 mai (1), le Colonel a affirme ainsi ses intentions : 
Tenir solidement et sans esprit de recul la rive S. du Canal de la Somme, et notamment les points de passage obligés : 
  •   les deux ponts route de Ham; 
  •  le pont du Chemin de fer 1 km. est de Ham, en vue d'interdire de façon absolue le franchissement du Canal aux engins blindés ennemis ;
« Contre-attaquer sans délai tout élément ennemi ayant franchi le Canal. » 
C'est sous le signe de ces intentions que va se dérouler la bataille du 24 mai. Cette bataille comporte deux actions concomitantes dans le temps, mais sans liaison effective dans l'espace. 
  • Action à l'Est de Ham, sur  le front du Ie/141e (Quartier AUBIGNY). 
  • Action à l'Ouest de Ham, sur le font du IIe/141e (Quartier HAM). 
Ces deux actions seront exposées successivement.

Action à l'Est de Ham

Grâce à la neutralisation opérée par la puissante base de feux allemands, entrée en action à 3 h. 45, grâce aussi à un brouillard épais, qui couvre tout le paysage, et malgré les feux de toutes les armes automatiques de la défense (feux non ajustés en raison du brouillard), quelques éléments ennemis particulièrement audacieux s'infiltrent au Sud du Canal, surtout à l'Ouest du Pont du Chemin de fer et, par des feux nourris, prennent à revers la Section d'Eclaireurs Skieurs du I/141e, ainsi que la Section de l'Adjudant-Chef HUGON; ces deux Sections, qui défendaient le Pont du ,Chemin de fer sont obligées de se replier légèrement vers l'Ouest (S.-E.-S.) et à l'Est (Section HUGON). 
L'ennemi se précipite alors en colonne par trois sur le Pont du Chemin de fer, aux cris de : «Heil Hitler! Rendez-vous ! ... ». Accueillie par le feu des armes automatiques, cette première ruée se disloque; mais les Allemands insistent, on entend à l'entrée Nord du Pont les commandements des officiers ; les Allemands reviennent en masse sur le Pont qu'ils tentent encore de franchir. Les feux des armes automatiques et les tirs d'arrêt très précis effectués sur le Pont et ses accès Nord par la 8e Batterie (Capitaine BIRKEL) du 4e Groupe autonome du 10e R. A. C. (Commandant PINELLO arrêtent net cette deuxième ruée. 
A 6 h. 30, la situation sur le front du Ier/141e est la suivante : la valeur d'une Compagnie allemande a franchi le Canal; mais le gros des forces allemandes n'a pu suivre. Un certain flottement apparaît chez l'ennemi. 

Il faut exploiter cette situation

Maintenant sur tout le front du Ie/141e, et notamment sur le Pont du Chemin de fer, des tirs lents, mais continus, dans le but de couper la retraite aux éléments ennemis passés au Sud du Canal, et d'interdire à l'ennemi le passage de moyens plus puissants, le Colonel donne l'ordre au Commandant du Ier/141e de contre-attaquer, en vue de rejeter l'ennemi dans le Canal et de réoccuper sur tout son front la rive Sud du Canal... Il met à cet effet à la disposition du 1er/141e une Section de Chars F. T. (Lieutenant CHAMBON), jusque là en réserve de S/Secteur, qu'il dirige dès 6 h. 30 de Brouchy sur Aubigny. 
La contre-attaque se déclenche à 8 h. 45. 
Elle est conduite par le Capitaine CHAMPEAUX, Adjudant-Major du Ier/141e disposant : 
  • de deux Sections F. V. (Section BOUHELY et Section LARROT) ; 
  • d'une Section de trois chars F. T. (Section CHAMBON). 
Elle est appuyée par les feux: 
  • de deux Batteries du 4e Groupe autonome; 
  • du Groupement d'action d'ensemble de la D.I.
  • des Sections d'Infanterie encadrantes ; 
  • des mitrailleuses et mortiers de 81 du Bataillon. 

A 8 H 45, la Section de Chars débouche du passage en dessus de la voie ferrée avec un cran qui fait l'admiration des fantassins. Les Sections BOURELY et LABROT suivent... Elle bouscule l'ennemi, qui est parvenu entre l'usine, le chemin de fer et le Canal et livre le terrain aux Sections BOURELY et LABROT, qui viennent occuper la rive Sud du Canal, à l'est et à l'ouest du Pont, tandis que la section d'éclaireurs-skieurs et la Section HUGON viennent, elles aussi reprendre leurs emplacements ... Puis, achevant sa mission; la Section de Chars, après être restée embossée quelques minutes à la sortie S. du Pont, qu'elle enfile de ses feux, se porte sur la partie Ouest de la voie ferrée pour nettoyer la ferme du Vert-Galant, les vergers au N.-O. et le terrain entre la terrasse et le Canal... A 9 h 3O, sa mission brillamment accomplie, elle gagne vers l'arrière son point de ralliement. 
Ainsi, à 9 h30, grâce au travail remarquable de la Section de Chars CHAMBON, grâce aussi aux tirs précis et nourris de l'Artillerie d'appui direct, et notamment de la 8e Batterie (Capitaine RIHKEL) du 4e Groupe, qui ne cesse son tir qu'après avoir été à peu près anéantie par la contre-batterie ennemie, le 1/141 avait réussi à reconquérir la totalité de ses positions, ramenant 10 prisonniers, s'emparant d'un butin important (mitrailleuses, mortiers, armes, équipements), reprenant une pièce de 75 anti-chars tombée aux mains de l'ennemi, et infligeant des pertes sévères à l'adversaire ... 
Le reste de la journée sur le front du I/141, n'est marqué que par des tirs violents et rageurs d'artillerie, qui causent peu de pertes au Bataillon. 

Action à l' ouest de Ham

Le dispositif du II/141 comporte le 24 mai à 4 h, de l'Ouest à l'Est: 
En ligne sur le Canal: 
  • une Compagnie de Tirailleurs, fournie par la 31e Cie du G.I. 93 bis, assurant la liaison avec le 140e ; 
  • la 7e Compagnie; 
  • la 5e Compagnie; 
  • la 6e Compagnie (liaison à l'Est avec le 1e/141). 
En soutien : 
  • sur la ligne de chemin de fer a l'Ouest et les débouchés Sud de Ham (au Sud et à l’Est) une Section de chacune de ces Compagnies. 
La ligne d'arrêt, définie par la côte 74 (800 m. N. de l'église de Muille-Villette) et le village de Verlaines, n'est pas occupée, faute d'effectifs disponibles. Elle doit l'être dès que le 3e Bataillon du 141e prêté au 140e R. I. A. depuis son débarquement à Chaulnes, sera remis à la disposition du Colonel. 
Le dispositif du IIe/141 est donc relativement filiforme et sans profondeur. 
Le 24 mai, à 4 h 50, sans autre préparation que quelques tirs d'artillerie sur la sucrerie d'Eppeville, l'ennemi débouche brutalement et en masse de la rive Nord du canal 
Son débouché est couvert par des nuages de fumée qui épaississent encore le brouillard existant, appuyé par le feu d'armes automatiques que l'ennemi a installées, dans la nuit, sur la rive Nord du canal. 
Les Allemands franchissent la Somme, en utilisant de nombreux radeaux et barques pneumatiques. Le feu de nos armes automatiques causant de sérieux ravages parmi les Allemands entassés dans ces radeaux et ces barques, l'ennemi amène sur la rive Nord de la Somme des engins blindés, qui ouvrent le feu. 
La Somme franchie, les Allemands entreprennent le passage du canal dans les mêmes conditions. 
Les tirs d'arrêt de l'appui direct aussitôt déclenchés, et le feu des F. M. et mitrailleuses exterminent le chargement humain de plusieurs radeaux ... 
Entre temps, les sections de soutien de la 5e Compagnie (passage à niveau de Ham) et de la 6e Compagnie (Vert- Galant) sont mises à la disposition du Commandant de la 7e Compagnie. 
Mais l'ennemi attaque avec de gros effectifs et la vague humaine est sans cesse renouvelée. 
Vers 6 h 30, l'ennemi obtient à la Sucrerie d'Eppeville un premier succès. La configuration de la rive Sud du canal (mur en ciment et pont du canal) entre la sucrerie et la passerelle de la Ferme Saint-Sulpice, crée un trou entre la section Maillié (passerelle) et la section Vigeox (sucrerie) ... A force d'effectifs, l'ennemi réussit à franchir le canal dans ce trou .. Son élan est brisé à la voie ferrée par les sections de renfort... Mais la section Maillié, isolée, et ayant tiré toutes ses munitions, doit se replier, le Lieutenant MAILLIÉ se fait tuer sur place avec quelques alpins. 
A cet instant (6 h 45), la situation est grave; l'ennemi a réussi à créer un trou sur la rive Sud du canal, il n'est plus contenu sur la voie ferrée que par deux Sections, déjà diminuées par les pertes. 
Dès 5 h 30, le Colonel a rendu compte au Général de Division de la situation, il a insisté, en particulier, sur l'absence de réserves derrière le IIe/141e et demandé qu'on lui rende au plus tôt le IIIe/141e. A 6 heures, la Division a fait connaître que sont mis à la disposition du 141e R. I. A. :
  • une nouvelle section de chars F. T.
  • l'escadron moto du G. R. D. 
Le Colonel demande que ces unités soient dirigées d'urgence sur Muille-Villette (P. C. du IIe/141). 
Il fait connaître ces intentions au Commandant du IIe/141. 
La Section de chars sera à la disposition du IIe/141. Le Colonel se réserve l'Escadron moto du G. R. D. qu'il installera sur la ligne d'arrêt à Verlaines, derrière la gauche du IIe'/141. 
Entre temps, l'ennemi a continué son effort, à 7 h 35, il a enlevé la Sucrerie d'Eppeville : le trou s'élargit vers l'Est. 
Le Colonel demande à la Division de hâter l'arrivée de l'Escadron moto du G. R. D. 
Pour retarder l'avance allemande, il déclenche à 7 h 42, un tir massif de la totalité du groupe d'appui direct et des deux groupes de l'action d'ensemble sur la Sucrerie. Ce tir ralentit, pour un instant l'activité ennemie dans la région de ]a Sucrerie. 
A 7 h 43, un compte rendu du 2e Bataillon fait connaître que la Compagnie des tirailleurs à gauche vient d'être enfoncée; la liaison avec le 140e est perdue ... le trou s'élargit vers l'Ouest. 
A 7 h 45, le Colonel dirige sur le IIe/141 la Section d'éclaireurs-motocyclistes du Régiment et la met à sa disposition. 
A 7 h 50, de nouveaux renforts sont demandés à la Division.
A 8 h 05, la Division fait connaître qu'une Compagnie du IIIe/141 et une S.M. transportées par camions, sont en route sur Muille-Villette. Délai probable d'arrivée : 1 heure. 
A 8 h 17, l'Officier de liaison du G. R. D. arrive au P. C. du Colonel. Le Colonel indique à cet Officier la mission qu'il réserve à l'Escadron moto ; l'Officier repart avec le Commandant BILLOT, Chef de l'E. M. du 141e qui a mission de mettre en place l'Escadron moto du G. R. sur ligne d'arrêt (Verlaines). 
A 8 h 20, le IIe/141 fait connaître sa situation, l'ennemi est maître de toute la rive Sud du canal, depuis la gauche du IIe/141, jusqu'à la Sucrerie d'Eppeville (incluse). Le IIe/141 tient la route Ham-Nesle au Sud du canal devant laquelle l'ennemi paraît pour 1 'instant arrêté à la suite de très fortes pertes qu'il a subies. 
A 8 h 30, le Colonel donne ses instructions au Commandant du IIe/141 : d'abord arrêter l'ennemi, soit sur la route Ham-Nesles, soit sur la ligue d'arrêt  Verlaine-Côte 74. 
A cet effet, utiliser l'Escadron moto du G. R. que le Colonel passe au IIe/141. 
Puis, le colmatage assuré, contre-attaquer au plus tôt, dès que la Compagnie du IIIe/141 sera à pied d'œuvre, ainsi que la Section de chars, en vue de rejeter l'ennemi dans le canal. 
A 9 heures, la Section de chars arrive à .Muille-Vîllette. 
A 9 h30, l'Escadron moto du G. R parvient à Verlaines. 
A partir de 9 h 45, l'ennemi renouvelle ses tentatives d'élargir la poche avec une ténacité qui ne se dément pas une seconde ; peu à peu, par d'incessantes petites actions de détail, que ni les feux de l'Infanterie, ni les tirs de l'Artillerie n'arrivent à enrayer les Allemands s'infiltrent entre la droite du 140e, qui s'est légèrement repliée, et l'Escadron moto du G. R D. (Verlaines). 
Il est 12 h 30 et la Compagnie du IIIe/141 annoncée n'est toujours pas arrivée. 
La situation s'aggravant, le Colonel prescrit au IIe/141 R.I.A. de contre-attaquer avec la Section de chars et l'Escadron moto du G. R. D. en direction du coude du canal de la Somme. La Compagnie du IIIe/141 dont la présence a Esmery-Hallon (3 kilomètres de Verlaines) est enfin signalée, remplacera !'Escadron moto du G. R. D. dans l'occupation de la ligne d'arrêt (VerIaines). 
La contre-attaque débouchera il 14 h 15, les éléments de droite du 140e appuieront l'action du IIe/141 par le feu et le mouvement. La 7e Compagnie, qui tient Eppeville, appuiera la contre-attaque de ses feux. 
Le groupe d'appui direct tirera de 14 h. à 14 h 15, entre le tortillard et le canal ; à 14 h. 15, il reportera ses feux sur le canal, entre le coude et Eppeville. 
Le groupement d'action d'ensemble tirera, pendant ce temps, sur la Sucrerie et les rives du canal au Nord de la Sucrerie. 
A 14 h 15, la contre-attaque débouche dans les conditions prévues. 
A 14 h 55, la rive Sud du Canal est reprise, toutefois la Sucrerie reste occupée par l’ennemi. 
De 14 h 55 a 17 heures, le Ie/141 procède au nettoyage de la Sucrerie. 
A 18 h 30. le IIe /141 a reconquis la totalité de sa position ; la liaison est rétablie au coude du canal avec le 140e. 

Apres l'armistice

La journée du 24 Mai se termine donc glorieusement pour le Régiment. L'attaque ennemie, menée, ainsi que les renseignements donnés par les prisonniers le démontrent, par un Régiment allemand tout entier, a complètement échoué. 
Le 141e R.I.A. a causé à l'ennemi des pertes très lourdes. 
Il a fait 47 prisonniers et pris un nombreux matériel.


 Ses propres pertes sont légères : 
  • 1 officier tué: Lieutenant MAILLIE (7e Compagnie) ; 13 alpins tués ; 
  • 1 officier blessé : Sous-Lieutenant GERVASY (lere Compagnie ; 
  • 24 alpins blessés ; 
  • 24 alpins disparus, dont il sera vérifié, quelques jours plus tard, que 7 ont été tués. 
Ces résultats ont été dus, sans aucun doute, à la valeur des Officiers, Sous-Officiers et alpins du Régiment, mais aussi  : 
  • à l'excellence du fonctionnement des transmissions qui a permis au Colonel d'être constamment renseigné, et, par suite, de prendre ses décisions en toute connaissance de cause ; 
  • à l'héroïsme des Batteries du 4e Groupe autonome d'Artillerie Coloniale, dont les batteries, contre-battues par des tirs précis et contrôlés par avions, ont cependant continué à tirer malgré de lourdes pertes; 
  • à l'action efficace des Sections de chars, menées par des chefs résolus et pleins de cran. 
Le Communiqué allemand du 25 mai disait: « Sur la Somme, nos troupes ont subi un échec, s'étant heurtées a des troupes françaises d'élite », 
Il est impossible de citer au Livre d'Or du Régiment tous les alpins qui comptaient au 141e R.I.A. Mais, si l'on songe qu'un Régiment vaut ce que valent ses cadres, il est d'une élémentaire justice de rappeler les noms des officiers qui ont eu l'honneur et la joie de mener au feu d'aussi braves gens.

jeudi 14 novembre 2013

L’équipement de l’alpiniste 1939-1945

L'article suivant est tiré de l'excellent ouvrage "La technique de l'alpinisme" publié chez Arthaud par E. Frendo et M. Pourchier en 1943. Cet ouvrage marque un virage entre les années d'avant guerre et l'alpinisme moderne des années 50. On y retrouve un inventaire du matériel utilisé à cet époque qui a par ailleurs été recomplété par des publications de la même époque issue du CAF dont le manuel de camping et de bivouac en montagne.

Considérations générales

En montagne, les changements de températures étant très brusques, l’alpiniste doit se vêtir de telle façon qu’il puisse se couvrir ou se découvrir rapidement. 
L’habillement de l’alpiniste doit répondre à quatre conditions : être chaud, léger, solide et imperméable. 
Il est possible d’obtenir : 
  • La conversation de la chaleur, par l’utilisation de la laine ;
  • La légèreté, par l’utilisation de la toile ;
  • la solidité, par le choix des tissus ;
  • l’imperméabilité (non absolue), par des tissus enduits ou mieux par l’isothermie (superposition de deux vêtements de même nature. Exemple: L’alpiniste mettra deux paires de chaussettes, deux Chemises, deux anoraks, deux paires de gants, etc.).
L’habillement de l’alpiniste comprend :
  • des vêtements de corps (ou sous-vêtements) 2 chaussettes, bas, chemise, caleçon, maillot, etc.;
  • des vêtements de marche : pantalon, chandail, chaussures, coiffure ;
  • des vêtements protecteurs : gants, moufles, lunettes, guêtres, cagoule, etc ,

Les vêtements de corps

Chaussettes

Mettre sur la peau une paire de chaussettes en laine douce (ou mieux en soie). Mettre une paire de chaussettes en laine grasse (non dessuintée) par-dessus : la laine grasse absorbe mal l’humidité, donc permet de réduire le risque de gelure.
Eviter les chaussettes en coton qui s’imprègnent d’humidité, durcissent une fois mouillées et blessent les pieds.

Bas

Prendre de préférence des bas sans pied, maintenus sous la cambrure par un élastique large et les choisir en laine grasse épaisse (tricotée double). Les bas doivent être plutôt longs, et il n’est pas désagréable de les porter remontés au-dessus des genoux.

Chemise

Les Chemises les meilleures sont en jersey de laine, tissu chaud et souple qui absorbe la transpiration et qui, une fois mouillé, ne donne pas une impression de froid comme les tissus de fil. Le jersey de laine est préférable à la flanelle, parce que plus solide et moins rêche. On n’a pas intérêt à prendre des chemises en pure laine; un léger pourcentage de coton rend le tissu plus solide et plus aisé à laver. Il faut éviter de porter des chemises à manches courtes (type Lacoste), ainsi que des chemises s’arrêtant à la taille, parce qu'elles ne tiennent pas suffisamment chaud, au niveau des avant-bras et de l’abdomen.

Caleçon

Les alpinistes ont intérêt à porter en montagne des caleçons longs, qui seuls protègent efficacement les jambes du froid. Ces caleçons seront, comme les chemises, en jersey de laine.

Maillot

Un maillot de buste, ou mieux un chandail sans manches en jersey de laine, est non seulement agréable mais utile à porter. Ce chandail, dont la forme doit être longue et dont le col doit fermer haut, est destiné à protéger du froid les régions sensibles du corps : poitrine, reins, ventre, sans diminuer l'aisance des mouvements des bras. Il doit être porté de préférence à l'intérieur du pantalon et remplace avantageusement l’ancien gilet.

Les vêtements de marche

Pantalon

La forme la plus pratique pour .un pantalon de montagne est la forme knicker (forme courte s'arrêtant à 10 cm au-dessous du genou). Eviter les « golfs » longs, ainsi que les pantalons longs du type « skieur » dont le bas s’accroche aux ronces et aux rochers et que la neige mouille en fondant. Le meilleur tissu pour un pantalon de montagne est le drap dit « drap de montagne » (BESSANS, BONNEVAL) qui est tissé avec des laines non dessuintées, donc naturellement imperméables.
Le whipcord de première qualité, est également à conseiller. Eviter le velours de laine qui, très agréable sur du rocher sec, se mouille au contact de la neige et sèche difficilement.
La culotte dite « de cheval », même modifiée, n'est pas à conseiller : elle gêne les mouvements dans la marche comme dans l'escalade.
Un « short » est quelquefois agréable à porter au cours de marches sur sentier, mais il faut éviter d’en porter sur les glaciers (risque de glissades, de gelures ou de coups de soleil aux jambes), mis par dessus le pantalon de drap au cours de l’exécution des descentes en rappel, le short de toile facilite le glissement de la corde sur la cuisse.

Chandail 

Le chandail pour l'alpiniste moderne, remplace la vareuse d’autrefois. Plus léger, plus chaud et plus souple, il ne gêne pas les mouvements et peut être porté au cours des escalades les plus difficiles. Ce chandail doit être épais (laine double) et suffisamment long pour recouvrir le ventre; le col doit pouvoir se fermer sous le cou et même se remonter.

Coiffure

La coiffure la plus pratique est le béret du type alpin, suffisamment large pour qu’on puisse l'enfoncer par dessus les oreilles quand il fait froid, et le mettre en forme de visière pour garantir le visage de la pluie, du soleil ou de la neige. On peut recommander aussi le chapeau de feutre, qui protège de la pluie et des pierres détachées par la corde. La casquette en toile blanche est aussi très commode pour les courses sur glacier.

Passe-montagne

Ils ne servent généralement pas à grand-chose, on le remplace avantageusement par un foulard de soie ou de laine.

Chaussures de montagne

Une bonne paire de chaussures de montagne doit présenter les caractéristiques suivantes :
  • semelle de forte épaisseur (15 mm), assurant l'imperméabilité et l’insensibilité aux aspérités, peu débordante ;
  • talon très large, nécessaire pour les descentes qui se font sur les talons, et cousu pour pouvoir recevoir les chocs les plus violents sans risque d'être arraché;
  • trépointe retournée et cousue, pour assurer un maximum d'imperméabilité;
  • tige à double épaisseur, pour la protection contre le gel ;
  • en cuir gras, pour être imperméable à l'eau et résister à l'action corrosive de la neige ;
  • en une seule pièce avec une seule couture, pour être plus étanche ;
  • avec un tirant à l’arrière, pour faciliter l'introduction du pied clans la chaussure ;
  • élevée, pour maintenir la cheville et permettre un ajustage efficace de la bande de cheville ;
  • bout renforcé et relevé, pour éviter les gelures dans la neige et les coups dans les pierres ;
  • langues doubles (dont une à soufflet), pour assurer une fermeture hermétique.
Affiche Bally du milieu des années 30

Cloutage

Une chaussure de montagne doit être utilisée cloutée.
Le cloutage doit être réalisé :
  • soit avec des clous d'acier (type TRICOUNI) pour les courses de glace;
  • soit avec des clous en fer forgé (type ailes de Mouches) pour les courses de rocher ;
  • soit, formule plus commune, avec un cloutage mixte.
Dans ce dernier cas, il est recommandé d'utiliser un talon du type Tricouni.
NB : Pour le milieu de la semelle, éviter les clous ronds en acier du type courant (qui glissent sur le rocher), mais utiliser de préférence des clous pointus pyramidaux en fer doux.
Illustration des différents types de cloutage pour chaussure de montagne (Manufrance d'avant guerre)


Chaussures d’escalade

Georges Albert sortant d'une cheminée
De nombreux types de chaussures d’escalade ont été expérimentés jusqu’à ce jour : ils ont chacun des avantages et des inconvénients.

Avec semelles de corde

Avantages : Prix de revient peu onéreux ; bonne retenue sur les petites prises ; bonne tenue sur le rocher mouillé.
Inconvénients: Faible adhérence ; usure rapide.

Avec semelles de toile de feutre

Mêmes avantages et inconvénients que la corde ; sont plus solides, mais coûtent plus cher. Le feutre presse souple (appelé "manchon" dans les Dolomites) est d’adhérence bonne sur le granit (mais usure rapide) et excellente sur le calcaire.

Avec semelles de crêpe

Avantages; Excellente adhérence; grande résistance.
Inconvénients : Glisse sur le rocher humide

Avec semelles type « Paraboot »

Mêmes avantages et inconvénients que le crêpe ; glisse moins sur le rocher mouillé.

Avec semelles type « Vibram »

Semelle de caoutchouc dur antidérapant avec cloutage embouti en relief : parait être la meilleure formule trouvée jusqu’à ce jour pour les chaussures d’escalade; toutefois, pour les passages extrêmement difficiles, le crêpe est supérieur. Ce type de chaussures a en outre l’avantage en haute montagne de pouvoir être conservé au pied sans gêne pour de courts passages en neige ou en glace.
NB : Il faut savoir qu'une bonne paire de chaussures d’escalade doit présenter les caractéristiques suivantes :
  • être montante, avec une tige en cuir de préférence ;
  • être très ajustée ;
  • avoir des semelles non débordantes.

Les vêtements protecteurs

Gants

Une paire de gants à cinq, ou mieux deux doigts (index et pouce) en laine grasse tricotée double est nécessaire pour protéger les mains contre le froid. Ces gants doivent avoir une longue manchette (10 cm. Au minimum) pour recouvrir tout le poignet.
Assurent seules la protection absolue des mains en cas de mauvais temps. Elles s’utilisent par dessus les gants de laine en cas de neige; de tourmente ou de grand froid.
Elles doivent être de forme arrondie pour recouvrir tous les doigts (sauf le pouce) et doivent posséder une longue manchette en tissu élastique pour protéger le poignet.

Publication Manufrance de l'immédiat après guerre

Moufles

Les meilleures moufles sont en cuir chromé, et non en cuir gras qui gèle au froid. Une doublure intérieure en laine a plus d'inconvénients que d’avantages; elle absorbe la transpiration et sèche difficilement.

Lunettes à neige

Sont indispensables pour la protection des yeux contre la lumière des hautes altitudes (radiations ultra-violettes). Ces lunettes doivent de préférence être en verre. La meilleure nuance, à la fois la plus efficace et la plus agréable parce que ne dénaturant pas les couleurs, est la teinte fumée. La première qualité à rechercher dans la forme des lunettes à neige doit être l'aération nécessairement abondante. Les lunettes à coque dite "rodoide" ne sont pas suffisamment aérées ; par contre, les lunettes de soleil ordinaires n'offrent pas suffisamment de protection latérale. Le type de lunettes à coque d’aluminium très aérée (type « Soudeur ») semble être, parmi les types usuels, le mieux adapté aux exigences des réverbérations intenses.

Guêtres, bandes de cheville

La guêtre assure une fermeture hermétique du haut de la chaussure ainsi que du bas du pantalon. Le modèle le plus pratique et le plus efficace est le manchon guêtre en tissu élastique, à condition qu’il soit maintenu par une courroie sous le pied.
On peut également utiliser une courte molletière (1 mètre) de drap, à condition de la prendre large (10 centimètres).
Eviter tout ce qui peut comprimer le mollet, comme les molletières longues ou les guêtres hautes.
Publication contemporaine de la 2de guerre mondiale
pour la célèbre marque SPORFLEX (guêtres et serre tête élastiques)

Veste-Anorak

Sur cette photo prise dans les Calanques
juste avant guerre, on note la diversité des tenues
blousons, pulls, windjacke, ... et finalement
des pantalons golfs voire des pantalons très bouffants
proches des sarouels des troupes d'Afrique...
L’anorak est une vareuse de toile à capuchon qui peut être considérée comme le vêtement normal de marche de l'alpiniste. Il en existe deux formes courantes :
  • vareuse en forme de blouse (ou anorak) ;
  • vareuse en forme de raglan (ou windjacke). Cette dernière est moins pratique, parce que plus encombrante (les pans s'accrochent au cours de l’escalade).
La meilleure forme parait être celle d'un blouson ample, ouvert sur la poitrine et serré à la taille par un cordonnet ; un capuchon amovible et un col pouvant se remonter le complètent utilement. Les manches, montées à pivot, doivent pouvoir se fermer par une patte de serrage.
L’anorak doit être en toile légère (coton ou popeline) au tissage très serré. L’imperméabilité de ce vêtement ne doit pas être obtenue au moyen d’un enduit, mais grâce à une double épaisseur de tissu.
Ce vêtement se porte de préférence à l’intérieur du pantalon, ce qui permet d’avoir plus chaud.

Sac de montagne

Deux principaux modèles de sac peuvent être employés selon la course envisagée.

Grand sac

On peut conseiller le sac à armature métallique externe (type BERGAN) ou mieux un sac à armure interne (type TAUERN). Quelle que soit la forme choisie, il faut retenir : que le tissu n’est jamais assez fort, qu'un fond en cuir augmente considérablement la solidité du sac, qu'un large rabat est nécessaire pour assurer l’étanchéité de la fermeture, que deux poches extérieures sont suffisantes et que les bretelles doivent être larges et autant que possible doublées de feutre ou de caoutchouc mousse. Ce type de sac sert pour monter au refuge et pour les courses faciles.

Jean Meunier, 1937
Série de sacs porté par cette colonne

Sac d’escalade 

Indispensable pour les courses difficiles, ou on ne peut abandonner ses effets avant d’aborder les difficultés, ce sac doit être aussi léger que possible, sans armature ni poches extérieures, et de forme allongée dans le sens de la hauteur.
Il est à noter qu’un sac ne doit pas être alourdi par des boucles, courroies et mousquetons extérieurs qui ne servent généralement à rien; un alpiniste met habituellement toutes ses affaires à l'intérieur de son sac.

Le matériel de bivouac

Le matériel de bivouac de haute montagne doit :
  • Etre léger et peu encombrant. En principe, la charge supplémentaire occasionnée par le matériel de bivouac ne doit pas dépasser trois kilos pour les courses difficiles, cinq kilos pour les courses offrant peu de difficultés.
  • Etre très résistant. La violence des tempêtes en haute montagne, le poids de la neige, soumettent ce matériel aux plus rudes épreuves. '
  • Tenir chaud. Pendant les heures de repos et de sommeil, on doit pouvoir supporter de basses températures sans crainte d’accidents dus au froid.
  • Protéger efficacement contre le vent. L’obturation du matériel de couchage et de la tente doit être complète pour empêcher l'air froid de circuler dans l'abri et la neige d'y pénétrer.
  • Etre d’une utilisation simple et rapide. Le campeur doit pouvoir se mettre rapidement à l’abri malgré la fatigue, le froid, la tourmente.
On peut grouper ce matériel dans les catégories suivantes :
  • Vêtements spéciaux
  • Matériel de couchage
  • Matériel abri

Vêtements spéciaux

Grande cagoule en tissu imperméable
Pour la grosse pluie, les orages, la tourmente ou le  bivouac, seuls les vêtements en tissu caoutchouté assurent une protection efficace; parce que seuls réellement imperméables. Il peut être très utile à un alpiniste de posséder une grande cagoule en tissu caoutchouté (type cagoule Allain) à capuchon attenant, suffisamment ample pour pouvoir être portée par-dessus les autres vêtements sans gêner les mouvements et suffisamment longue pour recouvrir les genoux. Les tissus employés, de préférence soie ou percale, doivent être doublés et contre-collés à 45° sur un gommage interne ; ils sont rigoureusement imperméables et pratiquement indéchirables.

Veste en duvet (duvet vif ou eider)

Veste en toile de soie avec manches fourrées et col croisant bien. Des manchons de laine ou des bandes en tissu élastique assurent la fermeture hermétique aux poignets et à la ceinture.
La veste en duvet doit être préférée à plusieurs chandails, mais ne supprime pas cependant un jersey de corps.

Sac en tissu imperméable
Pour la protection des jambes. Ce sac doit être suffisamment long pour qu’on puisse le serrer à la taille au moyen d'un cordonnet. Le tissu doit être le même que celui de la cagoule.

Foulard de soie ou de laine
Accessoire très léger, utile pour protéger le cou et le visage.

Matériel de couchage

Sac en duvet individuel

Sac confectionné avec la même matière que celle de la veste duvet. Le sac se ferme par un cordonnet au-dessus des épaules; la partie supérieure du sac se prolonge par un capuchon qui se rabat sur la tête.
Demi-matelas pneumatique en soie gommée.
Isolant du sol le corps, sauf les jambes, le matelas est réalisé e soie gommée d’un poids de 400 g environ.
Sur la personne de gauche on constate le volume occupé par le duvet dans le sac...

Sac à chaussures

En toile, pour éviter la détérioration du duvet quand on garde les chaussures.

Matériel abri

Jusqu’en 1932 environ, il n’existait en France aucune technique du bivouac, et chacun, en prévision d’une éventualité - classée assez désagréable - se contentait d’emporter quelques lainages ou couvertures supplémentaires et de prévoir de nombreuses boissons chaudes durant la nuit. En 1928, une enquête à ce sujet n’avait pu montrer que l’impossibilité d’établir une doctrine.
En avril 1932, un fabricant parisien importa d’Autriche le sac portefeuille dit sac-tente Zdarsky» et probablement utilisé pour la première fois par M. A. Horeschowsky en 1923. Ce sac fut peu à peu transformé pour aboutir à un modèle assez convenable, mais lourd et peu confortable. En 1934, un alpiniste français étudia et créa sur des bases nouvelles un ensemble de bivouac, appelé « Ensemble bivouac Intégral » que nous décrivons en détail, car il semble être la solution rationnelle du problème.

Sac tente Zdarsky

Une courte description de ce premier matériel, spécialement destiné au bivouac de haute montagne nous semble utile du point de Vue historique.
Ce sac, dans le modèle primitif, était composé de deux rectangles de tissu de coton imprégné d’un produit spécial le rendant rigoureusement imperméable et assez résistant aux intempéries et à l’usure, cousus sur trois côtés, l’une des longueurs servant d’entrée; ses dimensions d’environ 1 mètre sur 2 permettaient à deux campeurs de s’y tenir assis. Sa caractéristique principale, outre son imperméabilité, était de ne nécessiter aucun montage, les alpinistes soutenant la faitière de leurs têtes servaient de mats et leurs jambes maintenaient la toile au sol. La forte condensation et la respiration nécessitaient une fenêtre. Dans quelque cas, des cordelettes permettant de la suspendre à des rochers en augmentant un peu de confort. Son poids, inférieur au kilogramme, et son encombrement restreint, une fois plié, l’auraient rendu commode sans les défauts de « condenser » énormément (comme pour tous les tissus imperméables), de n’avoir aucune forme et de ne permettre de s’étendre qu’inconfortablement.
Modifié progressivement, il devint trapézoïdal avec deux fenêtres, permettant de s’étendre et condensant moins, mais devint aussi plus lourd et plus encombrant et toujours peu isolant thermiquement.


La réponse à ses différents désagréments fut trouvée dans l’ensemble Bivouac Intégral.

L'ensemble bivouac intégral

L’idée directrice fut d'empêcher la déperdition de la chaleur du corps et de le protéger contre toutes les intempéries.
Cinq pièces principales remplissent ces deux offices, constituant deux équipements se complétant et formant un tout. 
  • Une cagoule de bivouac en soie caoutchouté : 350 gr
  • Un pied d'éléphant caoutchouté : 200 gr
  • Un matelas pneumatique court : 400 gr
  • Une veste duvet en soie : 400 gr
  • Un duvet en soie : 800 gr
Remarque intéressante, cet ensemble bivouac sera commercialisé jusque dans les années 70 par Yvon Chouinard (fondateur de Patagonia)... sous le nom de Chouinard Cagoule ... 

Tente

La tente adoptée pour les courses en haute montagne est la « tente isotherme », tente imperméable à la chaleur. Cette tente est complètement enveloppée par un double toit et par une toile de sol cousue sur les « côtés murs » de la tente. La couche d'air emprisonnée entre la tente et le double toit, maintenue immobile, empêche presque toute déperdition de chaleur (sans chauffage, avec une température extérieure de - 5°, la température intérieure monte facilement à +10°).
Le matelas d’air qui se trouve entre les deux tentes, tout en étant imperméable à la chaleur, permet une aération suffisante à l'intérieur de la tente, et empêche toute condensation. Ce matelas d’air constitue, en outre, un amortisseur qui protège la tente des coups et du poids de la neige.
Matériel servant à la fabrication des tentes
Le tissu offrant le plus d’avantage est le tissu « hydrophile », qui absorbe l’eau grâce à son tissage serré. L’eau ruisselle sur les deux surfaces du tissu fortement tendu, elle circule par capillarité dans les fibres, mais de ce fait ne risque pas de s’égoutter à l'intérieur de la tente lorsqu’on touche la toile. 
Avec le tissu hydrophile, perméable à l’air :
  • la condensation à l’intérieur de la tente n’est pas à craindre,
  • toutes les ouvertures de la tente peuvent être obstruées,
  • l'aération se faisant à travers le tissu.
Pour réaliser des tissus hydrophiles solides, légers et d’un prix moyen, on emploie le coton (type toile à ballon, toile à parachute). Poids approximatif du tissu : de 60 à 80 grammes au mètre.

Tissu de toile de sol
Tissu rigoureusement imperméable résistant au contact d’un corps dur et au pliage (même tissu que celui employé pour la cagoule). '

Mats
Mâts en duralumin à éléments séparés et interchangeables, s’emboitant les uns dans les autres. Pour éviter leur enfoncement dans la neige, les mâts sont soutenus par de larges coupelles.