lundi 17 février 2014

La mitraillette FFI rafale - réplique pour les enfants d'une arme mythique de la résistance


La sten est l'arme FFI par excellence. Pour donner aux enfants une chance de faire "comme papa", la société Le Mohican panoplie réalise au sortir de la guerre cet ensemble en bois, papier collé et tissu.  Toute la symbolique résistante est rassemblée dans cette boite qui contient :
  • un calot de tissu avec croix de LORRAINE
  • un brassard avec signe F.F.I
  • une caisse de dynamite
  • une grenade à manche RAFALE
  • une mine
  • une mitraillette avec son chargeur en bois




Parcours du Bataillon Esterel n°9 dans les Alpes Maritimes 1944

Suite à la libération du sud est, de nombreuses unités FFI sont mises sur pied  pour protéger les troupes gagnant le nord d'une éventuelle attaque sur leur flanc Est par la frontière franco italienne. Parmi celles-ci le bataillon Esterel n°9, bataillon qui reprend les traditions du 9e BCA au sein du Groupement Alpin Sud à partir de la mi novembre 1944. 
Ici, nous retrouverons un rapide historique de cette unité tiré des quelques archives disponibles au SHD. D'autres sont peut être dans les archives privées de quelques collectionneurs du Sud de la France .. espérant que ce petit article permette de développer ce sujet passionnant que sont les unités FFI des Alpes Maritimes. 
Le bataillon est commandé par le Chef de bataillon de Lestang. Il est constitué de 3 compagnies de combat, d'une compagnie de combat et d'un groupe franc. 
Le secteur américain, s'étendant du col de Larche à la Méditerranée, est aux ordres du Brigadier Général Tobin, commandant la 44th anti aircraft Artillery Brigade (44th AAAB), successeur du Brigadier Général Frederick, commandant la 1st ABTF à partir du 16 novembre. Le secteur est organisé ainsi :
  • Groupe de bataillons n°1 (commandant de Lestang - PC à Saint Etienne de Tinée) : bataillon Esterel 9, Bataillon Haute Tinée. Le GB1 est groupé dans la région de Menton pour la surveillance de la côte en Décembre ;
  • Groupe de bataillons n°2 (capitaine de vaisseau Guien - PC a Saint Sauveur) : Bataillon Corniche 24. Le bataillon passe en Haute Tinée en se renforçant des bataillons Esterel 12 et Riviera 25 en décembre 1944 ;
  • 551e Bataillon de Parachutistes (PC a Saint Martin de Vésubie) y compris bataillon Riviera 25, relevé par le 100e bataillon Hawaïen
  • 550e et 509e PIR (PC à Peira Cava) , relevés par le 68e bataillon US
  • 19e bataillon US dans la région de Sospel

En janvier 1945, les bataillons Corniche 22 et Esterel 9 forment le bataillon XXII/15 qui deviendra par la suite le futur IIe bataillon du 3e Régiment d'Infanterie Alpine.

28 septembre 1944

La 2e compagnie effectue la relève de la compagnie des Basses Alpes. Le dispositif constité est comme suit  : 
  • Pont Haut : 2 sections
  • En retrait de St Etienne de Tinée : 1 section
  • Garde des 3 ponts de St Etienne : 1 section

du 29 septembre au 3 octobre

Opérations d'équipement

3 octobre 1944

le chef de bataillon partant en permission de 10 jours, le commandement provisoire est assuré par le capitaine de BOISFLEURY dit PYRA de l'état-major des FFI des Alpes Maritimes.

4 octobre 1944

La section de commandement et la Section Hors Rang de la compagnie de commandement font mouvement par voie de terre sur Antibes. Le transport se fait en camion. Les 2 unités s'installent au quartier Dugommier à Antibes. L 'effectif est de 5 officiers, 4 sous officiers et 25 hommes. 
La 1ere compagnie fait mouvement sur le Bourguet. Dans la nuit du 4 au 5, un poste de guêt de la 1ere compagnie blesse un sous officier allemand, chef de patrouille, qui meurt en arrivant à l'infirmerie. 

5 octobre 1944

La 3e compagnie fait mouvement par voie de terre sur Antibes. Elle aussi s’installe au quartier Dugommier. L'effectif est de 4 officiers et 59 sous officiers et patriotes... L'effectif est réduit pour un effectif théorique de compagnie de plus de 100 hommes...

Au fond de cette vue, le Fort Carré ... se rapprocher de l'article sur le CNMA à venir

du 6 au 11 octobre

Opération d'équipement et d'instruction - Aménagement du quartier Dugommier. 

12 octobre

Le chef de bataillon reprend le commandement du bataillon. 

du 13 au 23 octobre

Opérations d'organisation et perceptions diverses. Instruction de la 3e compagnie et de la Compagnie de Commandement à Antibes.

14 octobre 

Une section de la 2e compagnie occupe Bouzeyas

15 octobre

La 36e compagnie FTP est affectée au bataillon ESTEREL 9.
Elle est composée comme suit : 
  • Lieutenant ANELLI Antoine Commandant de Compagnie
  • Sous lieutenant AUDOLY rené
  • Sous lieutenant CAROLI Séraphin
  • Sous lientenant BRANDONNE
  • Sous liteuant BOTTAU Auguste
  • 10 sous offciers
  • 49 patriotes
La 3e compagnie passe à la Compagnie de Commandement pour y constituer les sections de combat et la 36e Compagnie FTP devient la 3e compagnie. 

16 octobre

Le capitaine de BOISFLEURY prend le commandement de la compagnie de Commandement.
Le nouvel ordre de bataille s'établit comme suit :
Chef de corps : Chef de bataillon de LESTANG

Compagnie de commandement :
  • Commandant de la compagnie de commandement : Capitaine de BOISFLEURY
  • Adjoint au chef de corps : Capitaine CHABERT
  • Officier détail : Lieutenant de MAS LATRIE
  • CHEVALIER rappelé provisiorement par son service de Londres
  • Officier d'approvisionnement : MOULET
  • CAVALLERI en mission à Paris
  •  Chefs de section : MARTRES,sous lieutenant SARDA, Aspirant DONATO, Sous lieutenants GAUDILLIERE, TABARINI, CIVERA
  • Médecin chef :  Médecin sous lieutenant FABRE
1ere et 2e compagnies sans changement
3e compagnie
  • Commandant de Compagnie : Lieutenant ANELLI Antoine 
  • Chefs de section : Sous lieutenant AUDOLY René, CAROLI Séraphin, BRANDONNE, BOTTAU Auguste
  • 10  sous officiers, 6 caporaux chefs et 69 patriotes

17 octobre 

Le colonel LANUSSE, commandant le groupe de subdivions des Alpes Maritimes et Basses Alpes accompagné du Chef de Bataillon SAPIN, commandant les FFI des Alpes Maritimes inspectent les 3e compagnie et compagnie de commandement stationnées au quartier Dugommier à Antibes.

23 octobre 1944

Au cours d'une reconnaissance sur la route Pont Haut - Bouzeyas, une patrouille composée du sous lieutenant DUPOUR, Sergents BERNARD et DUPUY, Caporal Chef FANTINO et des patriotes SAUCK, CIAIS, PINARD, CERTAIN, ROATTA, HAFFNER, GILLI, tombe dans une embuscade. Le patriote CERTAIN, blessé, reste sur les lieux, les autres sont faits prisonniers.
Rencontre de patrouilles au poste de Douanes. Un allemand mortellement blessé.

24 octobre

La 2e compagnie évacue Bouzieyas

25 et 26 octobre

Patrouilles et reconnaissances dans la région de Bouzeyas - Pont Haut et las Planas.

27 octobre

La compagnie de commandement et la 3e compagnie font mouvement sur St Etienne de Tinée en camions. L'effectif de la compagnie de la compagnie de commandement s'est notablement enrichi avec 9 officiers, 18 sous officiers et 75 gradés et patriotes. Toutefois, la 3e compagnie fait pale figure avec 5 officiers, et 45 sous officiers et patriotes... encore moins qu'à son arrivée.
La compagnie de commandement séjourne à St Etienne de Tinée, sa section de combat à l'hôtel Las Donnas à Auron et à la 3e compagnie à l'hôtel du Collet d'Auron à Auron.

28 octobre

La 2e compagnie évacue le Pont Haut et entreprend l'occupation et l'organisation de nouvelles positions au Sud Est de St Etienne de Tinée.

30 octobre

4 avions de chasse non identifiés formellement mitraillent  le Collet d'Auron.

31 octobre

Patrouille dans la région de Las Planas. 
24 Novembre 1944
Un ordre émanant du chef de bataillon informe des déplacements suivants pour les différentes unités du bataillon 9.

  • La 2e compagnie sur ISOLA
  • Les sections de combat de la compagnie de commandement et le Groupe Franc sur ISOLA
  • La 3e compagnie sur St Etienne de Tinée
  • Une section de la Première compagnie sur la BLACHE



25 novembre

La section de mitrailleuse de la compagnie de Commandement occupe les positions tenues par la SM de la 2e compagnie à St Etienne

26 novembre

SM de la 3e compagnie remplace la SM de la Compagnie de Commandement à St Etienne
SM de la compagnie de commandement fait mouvement sur Isola
Le PC de la Compagnie de Commandement s'installe à St Etienne
Une section de la 1ere compagnie occupe la BLACHE

27 novembre

La 3e compagnie et le poste de secours d'Auron gagnent St Etienne de Tinée
3e compagnie et un poste de secours occupent ISOLA

10 décembre - 12h

Le bataillon doit rejoindre le groupement de bataillons n°I dont il fait partie. Seul le groupe franc est conservé à Auron où il passe en subsistance du Bataillon Esterel 12. Le bataillon suit les étapes suivantes : St Etienne de Tinée, St Sauveur, Roussillon, St Martin du Var, Nice, Cap D'Ail et Menton. La 2e compagnie en position à St Dalmas rejoint St Etienne à pied. 
Le PC de bataillon cantonne n°194 Avenue des Acacias villa de Lélie, la ompagnie de commandement au n° 176 de l'avenue des Acacias, 1ere compagnie ?, 2e compagnie n°130 Avenue des Acacias et 3e Compagnie au n°28 de la montée des Acacias. 

Sources : 


Coup de main raté du 27e BCA - 30 janvier 1940


Au soir du 30 Janvier, nous recevons ordre d'envoyer une patrouille reconnaître le château de Blumenstein.
Blumenstein est un vieux Burg féodal situé au-delà de la frontière Franco-Allemande. Ce château en ruines contiendrait, d'après l'E. M. un important dépôt de matériel.
Une patrouille toute composée de volontaires est rapidement désignée. Le départ est fixé à six heures du matin. Le sous lieutenant ROERICH, commandant du G.F. aidé de ses deux chefs de groupe, les sergents DORLIN et DESBOIRES, met au point les derniers préparatifs de l'expédition. Les dix-sept hommes, composant l'effectif de la patrouille seront tous bien équipés. Ils porteront la tenue D. L. M., bottes en caoutchouc, cagoules blanches, armement individuel. Le G. F. perçoit en outre un supplément de deux F. M.
Photo des ruines du château
Après une nuit troublée d'un sommeil agité, tout le monde est prêt à l'heure du rassemblement. Notre Lieutenant passe une dernière inspection, s'enquiert si tous sont munis de leur paquet de pansement, ce qui a pour effet de jeter un certain froid parmi les groupes. Mis face à la réalité, nous faisons confiance à notre chef, et, derrière lui, nous nous enfonçons dans la nuit froide.

Au départ, nous marchons vite, il s'agit de se réchauffer.
Bientôt, nous atteignons le Maimont dernier P. A. français. Après échange du mot de passe, nous pénétrons dans la redoute. Un café absorbé sur le pouce nous ranime, et nous repartons ragaillardis et encouragés par les gars restés au P. A. Eux aussi par leur vigilance participeront à l'action. Maintenant, notre allure est plus lente, nous sommes dans le No mans land et l'ennemi est là, tout près. Nous faufilant à travers bois, nous progressons en direction de Blumenstein. II fait noir, et, la neige tombant à gros flocons, vient gêner notre avance. Soudain, voici les premiers barbelés. Rapidement et sans bruits, le premier groupe s'installe en protection, le deuxième groupe, activement, pratique une brèche. Quelques instants après, tout le G. F. a franchi l'obstacle sans incident. A peine quelques minutes de marche et brusquement apparaissent devant nous les ruines de Blumenstein, masse sombre et silencieuse dans la brume du matin. A mi-voix, les rôles sont distribués : le premier groupe reconnaîtra, le deuxième restera en protection. Longuement, le château et ses environs sont fouillés à la jumelle, les ruines paraissent abandonnées.

Quatre éclaireurs progressent et vont se poster dans un fossé à l'entrée du château. Tout se passe bien. A son tour le premier groupe avance et s'infiltre dans le burg. Bientôt tout le château est fouillé. Aucun ennemi n'est signalé. Dans un souterrain un bloc de barbelés est découvert et immédiatement piégé par nous avec des grenades F1. Ce travail accompli, le groupe revient sur ses pas et rejoint ses camarades qui ont fait bonne garde. La mission est terminée. RAS ! et en route pour le retour. 
Avec les mêmes précautions il faut éviter de signaler notre passage à l'ennemi ou de tomber dans une embucade nous prenons la direction du P. A. 29, poste allemand évacué le jour. Nous traversons un champ de mines et abordons à nouveau le réseau de barbelés. Le premier groupe se met immédiatement au travail et les cisailles entrent en action. L'homme de tête vient de signaler un fil lisse entortillé dans le réseau : nous nous arrêtons . . . attention: danger! les mines sont là ! La brèche et la progression continuent avec redoublement de précautions. D'autres barbelés sont franchis, d'autres mines sont découvertes. Enfin la brèche est ouverte et le G. F. passe. Le deuxième groupe entreprend de nous suivre lorsque, brutalement, trois explosions déchirent le silence du matin. Le tireur de mon groupe croyant à une attaque, lâche plusieurs rafales. Mais nous sommes vite fixés traîtreusement, les mines viennent de faire leur travail. Au milieu des barbelés, quatre hommes gisent dans la neige; quatre hommes que nous reconnaissons pour être notre lieutenant, nos deux chefs de groupe, et notre camarade G . . . Nous nous portons à leur secours. Mais, déjà, à droite et à gauche retentissent de nouvelles déflagrations suivies de cris et de gémissements. Cette fois, c'était notre groupe qui était atteint. Six nouveaux corps sont allongés et maculent de leur sang la blancheur de la neige. On entend une voix appeler: "Maman! . . . Maman . . .! A moi! Reste seul gradé valide du G.F., j'organise les secours. Ne pouvant transporter à nous seuls les corps des morts et des blessés j'envoie un homme prévenir le PA de Maimont. Ce dernier tombera évanoui en arrivant . 
Pendant ce temps, nous mettons nos blessés à l'abri et veillons les morts. L'attente est longue. Mais bientôt des bruits nous parviennent, nous retenons notre souffle ... est-ce l'ennemi ou enfin le secours? Aussi quel soulagement en voyant déboucher le Lieutenant JOY toubib du Bataillon à la tête de ses brancardiers. Les premiers soins sont aussitôt donnés, puis, blessés et cadavres sont placés sur les brancards. Enfin, sous la protection des survivants la colonne se met en route en direction du P. A. . . . La, des traîneaux nous attendent.
Tristes et silencieux; nous regagnons le petit village d'Obersteinbach ce sera ici, dans ce petit hameau de la terre d'Alsace, sur le sol de France que nos camarades dormiront en paix de leur dernier sommeil. Cinq morts et cinq blessés; voila quel fut le bilan tragique de cette patrouille. Ce soir, comme tant d'autres soirs, le communiqué du G. Q. G. dira : "Activité réduite de patrouilles aux avants poste R. A. S."


27° B. C. A., ancien du Groupe Franc.
Sergent JACQUEMIN


Source : Gentiane n° 32 page 12

samedi 15 février 2014

Souvenir de service militaire

Trouvée récemment sur Ebay, cette série de photos est assez hétéroclite et pourrait venir de lots différents. On y retrouve ainsi pêle mêle des soldats suisses (Sauf erreur), un groupe de jeunesse et montagne, un groupe de résistant et une série sur l'armée de libération avec plusieurs hommes en tenue US. Il est tentant de lier l'ensemble (mis à part peut être les 2 soldats suisses). 
Bon visionnage et n'hésitez pas à apporter d'éventuels compléments (lieu de prise, date, ...). 


Intérieur d'un chalet de Jeunesse et Montagne dont on distingue l'insigne sur le mur de droite
Logement en cours de construction peut être chez jeunesse et montagne ?
Photo d'un levé des couleurs devant une troupe hétéroclite qui n'est pas sans rappeler un groupe de résistants


Stuart "Vengeur "
On note sur le calot américain, l'origine de cet homme issu probablement des FFI

Grenoble ville Caserne centre

Le 7/10/45 Emmendingen souvenir de quatre corniauds Ton vieux pote Fernand


La tenue du skieur 1939-1945

En préambule il est indispensable d'avertir le lecteur que l'ensemble de cette synthèse de texte ne constitue pas un dogme sur une hypothétique tenue "type" de ski. Bertillot et Babelay dans leur publication "Tout le Ski" l'expliquent bien en disant qu'il n'y a pas une tenue mais des tenues en fonction de la saison, du niveau du skieur. Contrairement à certaines publications ils se laissent d'ailleurs aller à l'esthétique en soulignant qu'un fuseau de ski par exemple "car il dégage la ligne et fait valoir le style"... en précisant toutefois en introduction à leur chapitre sur l'habillement que les vêtements ont une importance secondaire or c'est en général à l'achat des vêtements que les skieurs et surtout les skieuses portent le plus d'attention ...
Le cadre en est jeté et ce ne sera chose facile de détailler la tenue de ski des années de guerre. Aussi, je vais essayer de m'appuyer sur une série de photos inédites complétée par quelques prises de vue annexe pour essayer de détailler cette tenue et comment elle a pu évoluer au cours de la 2e guerre mondiale, car on note une période charnière avec une évolution notable dans le style vestimentaire des skieurs. Pour ce faire, nous nous baserons sur 4 publications référence dont :
  • Tout le ski de 1941 par Bertillot et Babelay
  • Le ski de haute montagne de 1946 par Bertillot
  • Le ski français de 1937 par Emile Allais
  • Tout le ski de Hoek de 1936/1937
La base de la présentation ci après est le ski de haute montagne  de Bertillot. En effet, c'est le plus complet des 4 livres. Le bémol est que l'on se trouve dans une pratique du ski un peu hors des sentiers balisés avec des pré requis un peu supérieur à la pratique du ski de loisir classique.

Habillement

Les vêtements doivent assurer une protection parfaite en cas de mauvais temps. Cependant, il est superflu d'avoir des vêtements absolument spéciaux pour cet usage. II suffit qu'ils répondent à quelques conditions très précises, et que voici :
  1. Les vêtements extérieurs, c'est-à-dire ceux qui peuvent être en contact avec la neige et le vent, doivent assurer une protection parfaite contre ces deux éléments; donc, la texture du tissu sera serrée et lisse. Serrée, pour opposer un obstacle efficace à l'action du vent, et lisse, afin que la neige ne puisse pas y adhérer. Sont convenables pour cet usage, les tissus genre gabardine, serge, etc.
  2.  Les vêtements de dessous doivent être multiples et légers. En cas de grand froid, plusieurs vêtements légers et amples superposés protègent plus efficacement qu'un seul vêtement épais. Les écarts de température sont énormes entre le grand soleil de midi par beau temps (qui permet de monter torse nu en plein hiver) et même simplement la fin de la journée — sans parler du mauvais temps ou de la tempête. Si vous ne disposez que de vêtements épais, vous risquez fort d'avoir ou froid ou trop chaud. Si vous transpirez et mouillez une chemise en flanelle épaisse par exemple, cela n'est pas sans risques, car il vous sera très difficile de la faire sécher, et vous vous trouverez prive d'une protection qui peut devenir essentielle.Si, au lieu d'une seule chemise de flanelle, vous disposez de deux chemises légères, si vous avez trop chaud, vous pouvez n'en mettre qu'une et vous risquez donc moins de la mouiller. Cela, même, arriverait-il, qu'il vous resterait encore une chemise intacte et que vous auriez la possibilité de faire sécher rapidement la première parce qu'elle n'est pas épaisse.
  3. La forme des vêtements doit être ample. Cela offre deux avantages : d'abord, liberté plus grande de tous les mouvements, ce qui signifie également circulation sanguine sans entrave (élément important dans la défense de l'organisme contre le froid), ensuite, meilleure protection contre les intempéries. Un vêtement ample se froisse et immobilise en quelque sorte un matelas d'air isolant. La forme doit assurer une fermeture éventuelle parfaite à l'endroit des poignets, du cou, et, en général, partout où le vent et la neige pourraient pénétrer. II est également nécessaire de pouvoir, par beau temps, ouvrir largement ses vêtements. Les vêtements genre "scaphandre" sont tout à fait incommodes parce qu'ils vous condamnent à transpirer. Par exemple, les pull-overs à col roulé sont très désagréables.
Ces conditions étant posées, voyons un peu le détail.

Pantalon

Le pantalon peut très bien n'être qu'un simple pantalon long de ville, sous réserve d'être en tissu lisse et serré. En effet, la forme classique du pantalon fuseau entrant dans la chaussure et maintenu par une bride sous-pied est jugé peu confortable. Toutefois comme dit plus haut, il dégage bien la ligne et fait valoir le style...  Le knicker peut faire l'affaire pour les sorties de printemps en montagne. Dans ce cas il doit être choisi assez court et ne doit pas tomber plus bas que mi-jambe. Le skiboker (dont je dois avouer ne pas connaitre la coupe) ne doit pas être trop long et doit se terminer un peu plus bas que mi-jambe.
La forme du pantalon de ville laisse une liberté de mouvement très agréable. La neige, même poudreuse, ne pénètre pas, comme on pourrait le croire, sous le pantalon. 
Si l'on veut, on peut d'ailleurs le perfectionner : réduire un peu la largeur au bas des jambes, mais cela n'a pas beaucoup d'importance, parce qu'il est tout à fait confortable de porter des bottillons de toile par-dessus la chaussure, bouillons montant jusqu'à mi-jambe, ce qui rend sans conséquence le recouvrement imparfait du pantalon sur la chaussure.

Bottillons 

Les bottillons offrent une protection excellente et un confort extrêmement appréciable. En effet, les chaussures et le bas du pantalon se trouvent, grâce à eux, isolés du contact de la neige, ce qui signifie que l'un et l'autre restent parfaitement secs. En outre, par les grands froids de la haute montagne, les bottillons sont presque une nécessité. Les bonnes chaussures de ski sont toujours assez rigides, ce qui veut dire que la circulation sanguine est gênée et que la protection contre le froid est médiocre. De plus, il est très difficile d'empêcher la neige de pénétrer si peu que ce soit entre la chaussure et le pantalon, que ce pantalon soit rentre dans la chaussure ou qu'il soit par-dessus, et il est impossible d'éviter que le bas du pantalon frottant dans la neige, la manche ne finisse par être mouillé et gèle. Comme on ne peut pas faire sécher ses vêtements, et qu'on doit souvent les conserver pour dormir, on connait la nécessite de porter des bottillons. N'importe qui peut très facilement réaliser ces bottillons de toile.
II faut leur donner une forme assez vaste de façon à les passer facilement sur les chaussures et les serrer autour des jambes par un lacet. II est préférable que le tissu soit mince de façon à ne pas prendre de place dans l'étrier. On doit tout de suite prendre son parti des déchirures qui pourront se produire aux endroits où il y a un frottement assez considérable contre les pièces métalliques. Cela n'a aucune conséquence parce que les trous se trouvent là où la neige ne pénètre pratiquement pas.
Que le tissu soit imperméable ou non, cela n'a aucune importance; il est évidemment préférable qu'il soit lisse de façon à ne pas trop se charger de neige pendant la marche.
Naturellement, ces bottillons, au bout de quarante-huit heures sont mouillés et glacés, mais à l'intérieur chaussures et pantalons restent parfaitement secs. Ce complément d'équipement devient essentiel si la qualité de l'équipement n'est pas impeccable.

Veste 

Un vêtement tout à fait classique pour le ski est l'anorak. Toutefois, l'anorak n'est vraiment convenable pour la haute montagne qu'aux trois conditions que voici :

  • Il doit être beaucoup plus vaste qu'on ne le fait généralement. La plupart des anoraks entravent la liberté de mouvement, lorsqu'on est très couvert au-dessous et que les poches sont utilisées pour les différents objets dont on a continuellement besoin pendant une course. On doit prévoir un anorak assez grand pour pouvoir endosser une veste de duvet au-dessous. Or, si celle-ci est comprimée, elle perd, dans des proportions importantes, ses qualités de protection.
  • La seconde condition est d'avoir un anorak qui puisse s'ouvrir devant, soit par une fermeture éclair, soit grâce à un système de boutonnage avec rabats assurant un jointement parfait. On peut ainsi porter l'anorak ouvert, ce qui est très confortable lorsqu'il fait un temps ensoleillé et que malgré tout il souffle un petit vent froid. L'anorak préservera du vent et, en le laissant ouvert, l'humidité du corps s'échappera; or il est indispensable de garder ses vêtements secs, car, seuls, des vêtements secs protègent efficacement du froid. Enfin, l'anorak s'ouvrant devant permet qu'on le mette et le quitte bien plus facilement que les anoraks que l'on doit enfiler par la tête.
  • La troisième condition est d'avoir un anorak long, c’est-à- dire descendant jusqu'à mi-cuisses. En effet, lorsque l'on marche contre le vent dans la tempête, la neige s'accumule sur le haut et le devant des cuisses et finit par mouiller le haut du pantalon. II est donc indispensable de protéger cette partie du corps.
Par ailleurs, un anorak long protège le pantalon lorsqu'on s'assied. Or, il est inévitable de s'asseoir plus ou moins dans la neige, même si l'on prend la précaution d'utiliser ses skis ou de rechercher un arbre abattu pour siège. En haute montagne, la neige est partout et on ne peut citer son contact, et comme il n'est pas exceptionnel, nous l'avons vu, de devoir garder son pantalon plusieurs jours sans le quitter, il faut le protéger de toute humidité.
On constatera dans les différentes illustrations que le choix se porte souvent sur le type d'anorak détaillé ci dessous et qu'il est rare de trouver un modèle ouvrant intégralement sur le devant au cours de la période 40-45.

Port de la veste avec capuchon avec pantalon golf qui n'est pas sans rappeler la silhouette du catalogue Manufrance ci dessus
De tout ce qui précède, il ressort que l'anorak peut être remplacé par une veste longue que les Suisses appellent "windjack". Cela sous-entend que l'on peut tirer parti, éventuellement, d'un imperméable raccourci et l'adapter à ce nouvel usage.
Cette photo démontre la diversité rencontrée au sein d'un même groupe de jeunes en 1941. On trouve ici anoraks, windjacke, blouson cycliste en toile voire en laine. Quant aux pantalons on dénote l'usage du pantalon fuseau préconisé par Emile Allais ainsi que les incontournable Golf et knicker as au centre. Pour le couvre chef on trouve béret, serre tête, passe montagne et casquette au centre .


Dans ce cas, la protection du cou et de la tête peut être moins bonne qu'avec l'anorak, qui comprend en effet toujours une cagoule (protection idéale). Si l'on possède ou préfère la veste, il faut veiller à la fermeture du col et adopter une coiffure protégeant parfaitement les oreilles, la nuque et le cou. Le démodé passe-montagne de nos grands-pères assure une excellente protection.

Port du serre tête

Vêtements de dessous


Chemises légères (comme nous l'avons vu précédemment)

Pull-over

Celui-ci devra être long, c’est-à-dire descendre jusqu'à l'entre-jambes, et laisser le cou bien dégagé. Porté rentré à l'intérieur du pantalon, le pull-over est plus chaud que sur le pantalon. Et il est encore plus chaud porte sous la chemise. Si son contact est désagréable, on peut le porter entre deux chemises légères. Dans ce cas, il est avantageux que le point de son tricot soit large et lâche, ce qui rend le pull-over léger pour son épaisseur.
La veste en duvet est encore préférable au pull-over parce qu'elle est plus légère et plus chaude. De même que les chemises, les caleçons seront très amples et très léger, quitte à en mettre deux l'un sur l'autre. La coupe doit se rapprocher beaucoup plus de celle du pantalon de pyjama que de celle des caleçons ordinaires. Leur coupe doit également procurer une excellente fermeture sur le devant.

C'est vrai que les femmes ont plus de classe ... 

Gants, moufles

La protection assurée par les moufles est meilleure que celle des gants. On ne peut pas empêcher les gants de comprimer un peu les doigts, alors que les moufles laissent plus de liberté et gardent, dans une même enveloppe, toute la chaleur dégagée par les doigts. II est bon d'avoir des moufles en laine et, par-dessus, des moufles en toile, au lieu de grosses moufles ouatinées à l'intérieur qui, lorsqu'elles sont mouillées, sèchent très difficilement. Au contraire, la paire de moufles en toile peut sécher assez rapidement (en la mettant en contact avec le réchaud à alcool si l'on n'a pas d'autre moyen) et la paire de moufles en laine séchera vite aussi si, pendant une marche effectuée au soleil, on les suspend à l'extérieur du sac.


Chaussettes

En ce qui concerne les chaussettes, il est bon d'avoir des chaussures permettant de porter deux paires de chaussettes. 

Vêtements de couchage

Pour la nuit, le skieur utilisera le sac en duvet. Une très bonne solution consiste à utiliser un premier sac qui se joint à la veste en duvet par un dispositif de boutons pressions. Puis, par-dessus, un deuxième sac en duvet, de dimensions normales, c’est-à-dire couvrant tout le corps. Le gros avantage, c’est que l'on ne sent pas les coutures qui, lorsque l’on a un sac simple, laissent sentir le froid, l'épaisseur du sac étant évidemment nulle à l'endroit où elles existent. Cette solution de deux sacs superposes permet de quitter les vêtements, et c’est un élément appréciable de confort et de bon repos.
Mais la plupart du temps, on peut n'avoir qu'un seul sac en duvet et rester habille à l'intérieur. Si l’on quitte ses vêtements, on les disposera sous son corps, de façon qu'ils ne soient pas trop froids le matin. II est nécessaire d'avoir serre-tête ou foulard, en tous cas de quoi se couvrir la tête et la nuque, que le sac en duvet ne protège évidemment pas.

La chaussure de ski
Les contreforts d'une chaussure de ski doivent être rigides au maximum, surtout les contreforts du talon. Il faut que le pied trouve latéralement les appuis nécessaires à une conduite précise du ski. A ce titre, les semelles doivent être d'une rigidité absolue. Si l'on utilise la même paire de chaussures pour le ski et pour la marche, un talon en caoutchouc strié ou sculpté est nécessaire, pour éviter les bottes de neige ou de glace. Le bord avant des chaussures est protégé soit par des clous James soit des protèges semelles. 

Le sac à dos
Bertillot préconise le sac à armature métallique avec poches extérieures et laçage sur le côté. On retient que le rabat du sac doit être le plus grand possible afin de bien protéger celui-ci de la pluie. Le sac doit par ailleurs être équipé d'une ceinture afin de bien l'assujetir au skieur dans les descentes.
Contenu du sac lors d'une excursion à ski. Les sacs ne présentent apparement pas d'armatures métalliques...

Matériel de campement

Le matériel de campement comprend tout ce qui est nécessaire pour construire un igloo et y vivre, c’est-à-dire y coucher et y manger. Il est bien évident que le même matériel peut servir dans des chalets). Nous verrons, à un chapitre ultérieur, comment on procède pour construire un igloo. Le matériel nécessaire est insignifiant. II consiste en un grand couteau en aluminium et en une pelle spéciale pouvant éventuellement se fixer à un piolet (si les conditions générales de la course prévoient l'utilisation de cet outil) ou à un petit manche en bois, ce qui est évidemment plus léger, si le piolet n'est pas nécessaire. En dehors de cela, si l'on n'est pas très expérimenté, il peut être utile d'avoir quelques fiches spéciales et un petit peloton de ficelle qui servira à tracer rapidement et parfaitement le cercle de base.
Entrée d'un igloo, les moyens employés pour le construire sont plus rudimentaire ici

Le couchage

Pour le couchage, on employait avant la guerre le matelas pneumatique car il est extrêmement pénible de reposer sur la neige. On ne peut pas coucher sur les skis, même en les plaçant évidemment l'étrier enfoncé dans la neige. Si l'on doit envisager une telle méthode pour un bivouac occasionnel et imprévu, outre que la chose soit très inconfortable, les skis, n'étant pas faits pour remplir ce rôle, en sont détériorés.
La plupart du temps, ils sortent gauchis de cette épreuve. II est nécessaire que le matelas pneumatique soit très épais, de façon à surélever le plus possible le campeur, et limiter l'action du froid rayonnant. II y a un très gros écart de confort entre un matelas d'épaisseur courante et un matelas plus épais. Un matelas très long n'est pas utile. II est suffisant de reposer de la tête à mi-cuisses sur le matelas pneumatique, les pieds reposant sur le sac à dos. Le fait que les jambes ne sont pas soutenues entre le sac et le matelas ne provoque aucune fatigue. Le matelas court est notablement plus léger.
Le fameux matelas d'avant guerre ... tellement confortable.
II parait imprudent d'acheter un matelas trop fragile, et l’on prendra un article qui, pour une longueur d'un mètre vingt, pèse sept cents a huit cents grammes. La disparition totale des matelas pneumatiques pendant ces années dernières a amené à concevoir un autre moyen de couchage. Si vous connaissez le traineau Pourchier, il est simple de s'inspirer directement de sa conception. Comme armature essentielle, on utilise les skis qui sont réunis par deux pièces métalliques, ainsi que le montrent les croquis ci-contre. Ces deux pièces métalliques supportent et maintiennent parallèles et surélevés au-dessus du sol les deux bâtons de skis. C'est entre ces deux bâtons qu'une toile tendue va former la surface de repos. Cette conception offre le très grand avantage de permettre la disposition du sac de duvet de façon telle que le duvet ne soit pas comprime par le skieur couche. En effet, c'est là un des inconvénients essentiels du couchage sur matelas pneumatique. Le sac de duvet se trouvant pressé entre le matelas et le dormeur ne contient plus d'air, et l'isolement thermique est extrêmement réduit. Dans le cas d'un lit de sangle de cette sorte, le duvet peut pendre librement au-dessous. II assure à ce moment une protection aussi grande que possible. On pourrait d'ailleurs apporter des perfectionnements à ce matériel de couchage, mais, pour l'instant, cette conception simple est très facilement réalisable par des artisans, et s'avère tout à fait suffisante.

Le réchaud et le combustible

L'expérience amène à adopter l'alcool comme combustible de préférence à l'essence, tout au moins avec le matériel existant. En effet, on doit tenir compte à la fois du poids du combustible pour la durée du raid et du poids du réchaud. Les réchauds à essence consommeraient moins que les réchauds à alcool, mais, comme ils sont considérablement plus lourds et que la durée des raids est toujours limitée, leur utilisation n'offre déjà pas d'intérêt a ce point de vue.
Les réchauds à alcool font partie de popotes dites "Gédéon" qui assurent un emploi excellent des calories fournies par le réchaud. La surface de chauffe de la casserole est maxima, la surface de refroidissement minima. Dans le cas des réchauds à essence, la flamme a beau être très chaude, son action est tellement localisée et les pertes telles que le rendement est déplorable. En outre, la vaporisation nécessaire au fonctionnement d'un réchaud à essence est loin de s'amorcer toujours facilement, k haute altitude et par grand froid. Or, cette difficulté surgit justement au moment où la nécessité du bon fonctionnement de l'appareil se fait le plus sentir.
Les conséquences de ce choix sont trop graves pour qu'il puisse y avoir hésitation, et l'on est conduit à adopter les popotes « Gédéon » utilisant l'alcool.
II existe deux variantes de ces popotes : l'une, de forme générale cylindrique, possède un fond sur lequel repose le réchaud; l'autre, de forme biconique (diabolo) n'a pas de fond et le réchaud repose sur le sol. Lorsque l'on fait sa popote sur la neige, le modèle avec fond, dont le rendement est un peu moins bon, est certainement plus stable. De toute façon, si l'on veut obtenir une flamme vive, il est nécessaire d'isoler le fond du réchaud de la neige. De plus, dès que les parois de la popote deviennent chaudes, la neige fond à leur contact et le dispositif s'enfonce irrégulièrement dans la neige. On utilise, pour remédier à cela, une petite planchette de contre-plaque. La stabilité de l'ensemble est ainsi assurée. II y a de très gros écarts de consommation d'un réchaud à un autre. Certains utilisent simplement des boites garnies d'étoupe auxquelles ils laissent une surface de combustion plus ou moins grande. Ce réglage de surface demande une certaine expérience pour être judicieusement utilisé. Un réchaud donnant une flamme très vive gaspille des calories (donc du combustible), car les aliments ne cuisent pas plus vite pour cela, alors que pour un autre réchaud ayant une flamme trop faible, la perte de calories devient également importante, car la cuisson est trop lente.
Superbe vue intérieure d'un refuge de montagne. Sur la table un réchaud qui doit se rapprocher du modèle décrit ci dessus. On note une gourde sur le dessus qui semble bien être allemande ... prise de guerre ? En tout cas cela devrait dater la photo de l'immédiat après guerre.

Installation d'une tente en bivouac (1945)

mercredi 12 février 2014

Les brevets de skieurs et d'alpinistes militaires


Généralités


La valeur technique des cadres et de la troupe en matière d'alpinisme et de ski est sanctionnée par un certain nombre de certificats ou brevets. 
Les spécialités Montagne et Ski figurent dans la liste des certificats d'aptitude techniques n°1 et 2 de spécialité (BOPP n°8 du 25 février 1952) nécessaires pour la nomination aux grades de caporal (ou caporal chef) et de sergent. Les certificats correspondants, obligatoires pour les gradés des S. E. M., sont les suivants :
CAT (1 ou 2), éclaireurs de montagne, mention alpiniste.
CAT (1 ou 2), éclaireurs de montagne, mention ski.
Le programme des connaissances exigées pour l'obtention de ces certificats comporte deux parties :
  • Première partie - Connaissances de base communes a tous les certificats de spécialité. Elles sont énumérées, pages 451 et suivantes du BO précité (coefficient 40).
  • Deuxième partie - Connaissances propres à l'alpinisme ou au ski (coefficient 50), sanctionnées respectivement par l'attribution des brevets d'alpiniste militaire et de skieur militaire. 
Les brevets d'alpiniste et de skieur militaires sont accessibles non seulement aux hommes de troupe, mais aux officiers et sous-officiers. Décernés par les généraux commandant de région, à la suite d'épreuves organisées annuellement dans les corps de troupe, les brevets consacrent l'aptitude de leur détenteur à se déplacer et à combattre soit en haute Montagne ou en terrain difficile, soit en montagne enneigée.
Les autres certificats ou brevets, au nombre de six (trois pour l'alpinisme et trois pour le ski), n'intéressent que les sous-officiers de carrière ou servant au-delà de la durée légale. Décernés par le ministre à la suite d'examens organisés annuellement à l'Ecole militaire de haute montagne (EHM), ils sanctionnent l'aptitude à enseigner dans l'armée l'alpinisme ou le ski en qualité de moniteur et ouvrent à leurs titulaires l'accès aux
échelles indiciaires de solde selon des modalités fixées par décret.
Le niveau technique de ces brevets est identique à celui des épreuves civiles correspondantes ; aussi, une équivalence de principe entre brevets civils et militaires est elle admise par le ministre de l'Education Nationale. Le contenu des épreuves donnant droit à l'obtention des certificats et brevets sera détaillé ultérieurement. 

Prescriptions communes


Les brevets d'alpiniste et de skieur militaires sont délivrés au cours du service actif et éventuellement à l'occasion des périodes d'instruction des militaires des réserves.
Ils sont décernés par les généraux commandant de région ou de territoire à la suite d’épreuves organisées :
annuellement dans les corps de troupe de toutes armes du type montagne ;
à l'issue des stages de l'Ecole Militaire de Haute Montagne et des centres d'instruction de montagne régionaux (C. I. M.).

CITM en Autriche

CIM d'Oukaimden (Massif du Toubkal) au Maroc

EMHM
CIM des Troupes d'Occupation en Autriche
Les épreuves sont jugées par une commission comprenant :
  • le chef de corps (commandant de l'école pour l'E. H. M., commandant du centre d'instruction pour les C. I. M.) ;
  • un officier étranger au corps, désigné par le général commandant de région ou de territoire, titulaire du brevet en cause ;
  • deux officiers ou sous-officiers du corps, titulaires du brevet en cause. 
Les épreuves sont disputées en tenue de campagne allégée, dont le détail est fixé par la commission, mais qui comprend obligatoirement pour tous les concurrents :
  • le fusil comme arme individuelle ;
  • le sac lesté à 5 kg.
Chaque brevet comporte l'attribution d'un diplôme individuel et d'un insigne.

Brevet d'alpiniste militaire

 Les épreuves comprennent :
a. Une épreuve de déplacement individuel en moyenne et haute montagne disputée sur un parcours comportant :
  • des montées et descentes raides sur pentes herbeuses ou terreuses ;
  • des traversées d'éboulis ou de clapiers :
  • des traversées de pentes de neige ;
  • des difficultés de terrain équipées.
Le parcours, d'une longueur en projection horizontale comprise entre 20 et 25 km et comportant une dénivelée de 1 000 à 1 500 m à la montée et autant à la descente, devra être accompli en un temps limite fixé par la commission (et qui ne devra pas être supérieur à neuf heures dans le cas des performances minima indiquées ci-dessus).
Les candidats partent dans un ordre tiré au sort à des intervalles de temps compris suivant leur nombre entre deux et cinq minutes. Ils sont munis de trois forts casse-croûtes dont la durée de consommation ne donne
pas lieu à neutralisation.
Des contrôleurs sont placés aux points importants de l'itinéraire et des éclaireurs à proximité des passages difficiles ou délicats.
b. Un tir de combat exécuté au cours du dernier tiers de l'épreuve ci-dessus (tir au fusil de 6 cartouches sur buste d'homme couché placé à 150 m). Le temps nécessaire à l’exécution du tir est compté dans celui de l'épreuve de déplacement. La commission propose pour le brevet les candidats qui ont placé au moins 3 balles dans la silhouette.
c. Une épreuve d'alpinisme se décomposant en :
  • escalade "assurée" (montée et descente en rappel) en terrain rocheux de l'ordre du 3e degré inférieur. Le candidat est jugé sur sa technique d'escalade ;
  • escalade en tête de cordée (montée et descente) en terrain rocheux de l'ordre du 2e degré. Le candidat est jugé sur son sens de l'itinéraire et la façon dont il manie la corde ;
  • évolution, sans assurance, sur un névé incliné. Le candidat est jugé sur sa technique de cramponnage et le maniement du piolet.
Coefficients.
  • Escalade individuelle, 10 points.
  • Escalade en tête de cordée, 25 points.
  • Evolution sur névé, 25 points.
Les épreuves de déplacement individuel et de tir sont éliminatoires et ne donnent pas lieu à l'attribution de points. 

Brevet de skieur militaire


Les épreuves comprennent :
a. Une épreuve de fond individuel, disputée sur un parcours en terrain varié de 12 a 15 km, comprenant 4 à 500 m de dénivelée totale ;
b. Un tir de combat exécuté au cours du dernier tiers du parcours de fond (tir au fusil de 6 cartouches sur buste d'homme couché placé à 150 m). Le temps nécessaire à l'épreuve de tir est compté dans celui de l'épreuve de fond. La commission propose pour le brevet les candidats qui ont placé au moins 3 balles dans la silhouette
c. Une épreuve de descente individuelle en terrain de difficulté moyenne sur 400 a 500 m de dénivelée, avec éventuellement portes obligatoires.
Les skis utilisés doivent être du modèle courant, à l'exception des skis spéciaux (skis de fond, fixations à longues lanières, etc.). Aucun échange de matériel n'étant autorisé en cours d'épreuve, les réparations éventuelles doivent être exécutées par les concurrents eux-mêmes à l'aide des moyens dont ils sont porteurs.
Les épreuves de fond et de descente doivent être exécutées dans un temps inférieur à un temps limite fixé par la commission. Pour déterminer ce temps limite, la commission fait exécuter les deux épreuves dans des conditions strictement analogues à celles qui sont imposées aux candidats, par 3 skieurs déjà titulaires du brevet (1 fort, 1 moyen, 1 faible). Le temps limite de chaque épreuve est égal à la moyenne des performances réalisées par ces 3 skieurs, majoré :
  • d'un quart pour la course de fond ;
  • de la moitié pour la course de descente.

Brevet de skieur d'élite


Les brevets de skieurs d’élite sont décernés, chaque année, par le général commandant de région ou de territoire, chargé de l'organisation du championnat de France militaire.
Le jury du concours proposé à cet effet les militaires de tous grades, déjà titulaires du brevet de skieur, qui se sont particulièrement distingués dans une ou plusieurs épreuves nationales (en principe le combiné militaire)
Ces propositions tiennent compte éventuellement des performances réalisées dans les compétitions militaires internationales disputées depuis le dernier championnat national. Le brevet comporte l'attribution d'un diplôme individuel et d'un insigne.

lundi 10 février 2014

Coup de main de la SES du 13e BCA en décembre 1944 sur le Front des Alpes

Le 20 novembre 1944, au cours d'une patrouille au col de la LOUIE BLANCHE, l’emplacement d'un poste probablement occupé en permanence a été repéré.
Le mardi 28 novembre, une patrouille essayait d'atteindre le collet situe à 200 mètres ouest du Mont CHARVE. En raison de l’enneigement la patrouille est obligée de faire demi-tour à 200 m du sommet.
Le lundi 4 décembre, la S. E. S. au complet, sous les ordres de son chef, le Sous-lieutenant LISSNER, quitte les chalets de PIERRE GIRET, avec la mission de monter au col de la LOUIE BLANCHE, et d’attaquer le poste ennemi qui s'y trouve. Après une montée extrêmement pénible, de nuit, dans la neige fraîche, le 5, à 6 h du matin, la section est obligée de faire demi-tour en raison des risques d'avalanches.
Le 29 décembre, vers 19 h., la S.E.S. quittait à nouveau les chalets de PIERRE GIRET, bien decidée à en finir. Le coup de main avait été préparé par le Sous-lieutenant LISSNER dans les moindres détails. On s'était procuré un plan du poste ennemi. Les vingt hommes de la S.E.S. étaient repartis en six équipes, dont les missions avaient été minutieusement réparties : les uns devaient jeter une grenade par la cheminée, pendant que d'autres devaient pénétrer dans le poste, ou assurer par le feu de leur F.M. la sécurité du détachement.
Le temps n'était pas beau. Un vent glacé soufflait du col. De gros nuages blancs passaient devant la lune, présageant une tempête de neige au lever du jour. De PIERRE GIRET au passage de la LOUIE BLANCHE, la montée dura quatre heures. Quatre heures de montée harassante sur une neige tôlée où les peaux mordent mal, avec un sac de 25 kilos qui casse les reins. Un peu avant ce passage, à l’abri d'une congère, le chef de section fait faire la pause. II fait très froid. Le vin dans les gourdes placées à l’intérieur des sacs est solidifié, le pain a la consistance du bois, les citrons sont durs comme de la pierre. L'alcool heureusement reste liquide. Avant de passer à l’attaque, tout le monde change de chemise. En dépit du froid, les chemises étaient trempées de sueur, et maintenant il fallait se battre, c'est-à-dire ramper, bondir, parfois rester immobiles de longues minutes dans la neige.
Vers 0 h. 10, la SES quitte le passage de la LOUIE BLANCHE pour gagner le col. L'abordage du col se passe sans incident, puis la manœuvre se déroule suivant le scénario maintes fois répété sur la boite à sable.
Trois fusils sont mis en batterie sur trois mamelons situés au col de la LOUIE BLANCHE et dominant la vallée de BELLECOMBE, tandis que par la gauche le chef de la S. E. S. progresse avec le reste de son effectif de façon à prendre position au-dessus du poste ennemi. Au moment où les trois F. M. de la base de feu prennent position au col, un homme quitte le poste ennemi et se dirige vers nous. II ne voit pas le groupe. Arrivé à trois mètres les éclaireurs le font prisonnier. Interrogé, il affirme que ses camarades dorment et que qu'ils seront faciles à prendre.
En fait, quand le Sous-lieutenant LISSNER essaie de progresser par les pentes situées immédiatement au-dessus du poste ennemi, il est pris à partie par une arme automatique. Le groupe riposte. Mais, trois des six FM sont gelés et inutilisables. Le Sous-lieutenant LISSNER s'élance en avant, attaque à la grenade, et blesse les servants de l'arme automatique. Puis ses Éclaireurs pénètrent dans le poste. Le nombre total des prisonniers s'élève à 18.
Mais il faut repartir. En dépit de l’intérêt que l’occupation de ce poste aurait présenté pour des opérations ultérieures, le groupe l’abandonne. En effet, le poste est à 6 h. de ski des avant-postes, à 2 600 mètres d'altitude, au mois de décembre, et en dehors de la S. E. S., aucune unité du Bataillon n'est en état de vivre et de se ravitailler à cette altitude.
Descente sans incident. Les prisonniers se traînent dans la neige. A 6 h du matin la S.E.S. est de retour aux avant-postes.

Source :
Gentiane du 29 juin 1946 page 10 et 11 par le Capitaine Desserteaux