lundi 10 février 2014

Coup de main de la SES du 13e BCA en décembre 1944 sur le Front des Alpes

Le 20 novembre 1944, au cours d'une patrouille au col de la LOUIE BLANCHE, l’emplacement d'un poste probablement occupé en permanence a été repéré.
Le mardi 28 novembre, une patrouille essayait d'atteindre le collet situe à 200 mètres ouest du Mont CHARVE. En raison de l’enneigement la patrouille est obligée de faire demi-tour à 200 m du sommet.
Le lundi 4 décembre, la S. E. S. au complet, sous les ordres de son chef, le Sous-lieutenant LISSNER, quitte les chalets de PIERRE GIRET, avec la mission de monter au col de la LOUIE BLANCHE, et d’attaquer le poste ennemi qui s'y trouve. Après une montée extrêmement pénible, de nuit, dans la neige fraîche, le 5, à 6 h du matin, la section est obligée de faire demi-tour en raison des risques d'avalanches.
Le 29 décembre, vers 19 h., la S.E.S. quittait à nouveau les chalets de PIERRE GIRET, bien decidée à en finir. Le coup de main avait été préparé par le Sous-lieutenant LISSNER dans les moindres détails. On s'était procuré un plan du poste ennemi. Les vingt hommes de la S.E.S. étaient repartis en six équipes, dont les missions avaient été minutieusement réparties : les uns devaient jeter une grenade par la cheminée, pendant que d'autres devaient pénétrer dans le poste, ou assurer par le feu de leur F.M. la sécurité du détachement.
Le temps n'était pas beau. Un vent glacé soufflait du col. De gros nuages blancs passaient devant la lune, présageant une tempête de neige au lever du jour. De PIERRE GIRET au passage de la LOUIE BLANCHE, la montée dura quatre heures. Quatre heures de montée harassante sur une neige tôlée où les peaux mordent mal, avec un sac de 25 kilos qui casse les reins. Un peu avant ce passage, à l’abri d'une congère, le chef de section fait faire la pause. II fait très froid. Le vin dans les gourdes placées à l’intérieur des sacs est solidifié, le pain a la consistance du bois, les citrons sont durs comme de la pierre. L'alcool heureusement reste liquide. Avant de passer à l’attaque, tout le monde change de chemise. En dépit du froid, les chemises étaient trempées de sueur, et maintenant il fallait se battre, c'est-à-dire ramper, bondir, parfois rester immobiles de longues minutes dans la neige.
Vers 0 h. 10, la SES quitte le passage de la LOUIE BLANCHE pour gagner le col. L'abordage du col se passe sans incident, puis la manœuvre se déroule suivant le scénario maintes fois répété sur la boite à sable.
Trois fusils sont mis en batterie sur trois mamelons situés au col de la LOUIE BLANCHE et dominant la vallée de BELLECOMBE, tandis que par la gauche le chef de la S. E. S. progresse avec le reste de son effectif de façon à prendre position au-dessus du poste ennemi. Au moment où les trois F. M. de la base de feu prennent position au col, un homme quitte le poste ennemi et se dirige vers nous. II ne voit pas le groupe. Arrivé à trois mètres les éclaireurs le font prisonnier. Interrogé, il affirme que ses camarades dorment et que qu'ils seront faciles à prendre.
En fait, quand le Sous-lieutenant LISSNER essaie de progresser par les pentes situées immédiatement au-dessus du poste ennemi, il est pris à partie par une arme automatique. Le groupe riposte. Mais, trois des six FM sont gelés et inutilisables. Le Sous-lieutenant LISSNER s'élance en avant, attaque à la grenade, et blesse les servants de l'arme automatique. Puis ses Éclaireurs pénètrent dans le poste. Le nombre total des prisonniers s'élève à 18.
Mais il faut repartir. En dépit de l’intérêt que l’occupation de ce poste aurait présenté pour des opérations ultérieures, le groupe l’abandonne. En effet, le poste est à 6 h. de ski des avant-postes, à 2 600 mètres d'altitude, au mois de décembre, et en dehors de la S. E. S., aucune unité du Bataillon n'est en état de vivre et de se ravitailler à cette altitude.
Descente sans incident. Les prisonniers se traînent dans la neige. A 6 h du matin la S.E.S. est de retour aux avant-postes.

Source :
Gentiane du 29 juin 1946 page 10 et 11 par le Capitaine Desserteaux

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