En préambule il est indispensable d'avertir le lecteur que l'ensemble de cette synthèse de texte ne constitue pas un dogme sur une hypothétique tenue "type" de ski. Bertillot et Babelay dans leur publication "Tout le Ski" l'expliquent bien en disant qu'il n'y a pas une tenue mais des tenues en fonction de la saison, du niveau du skieur. Contrairement à certaines publications ils se laissent d'ailleurs aller à l'esthétique en soulignant qu'un fuseau de ski par exemple "
car il dégage la ligne et fait valoir le style"... en précisant toutefois en introduction à leur chapitre sur l'habillement que
les vêtements ont une importance secondaire or c'est en général à l'achat des vêtements que les skieurs et surtout les skieuses portent le plus d'attention ...
Le cadre en est jeté et ce ne sera chose facile de détailler la tenue de ski des années de guerre. Aussi, je vais essayer de m'appuyer sur une série de photos inédites complétée par quelques prises de vue annexe pour essayer de détailler cette tenue et comment elle a pu évoluer au cours de la 2e guerre mondiale, car on note une période charnière avec une évolution notable dans le style vestimentaire des skieurs. Pour ce faire, nous nous baserons sur 4 publications référence dont :
- Tout le ski de 1941 par Bertillot et Babelay
- Le ski de haute montagne de 1946 par Bertillot
- Le ski français de 1937 par Emile Allais
- Tout le ski de Hoek de 1936/1937
La base de la présentation ci après est le ski de haute montagne de Bertillot. En effet, c'est le plus complet des 4 livres. Le bémol est que l'on se trouve dans une pratique du ski un peu hors des sentiers balisés avec des pré requis un peu supérieur à la pratique du ski de loisir classique.
Habillement
Les vêtements doivent assurer une protection parfaite en cas de mauvais temps. Cependant, il est superflu d'avoir des vêtements absolument spéciaux pour cet usage. II suffit qu'ils répondent à quelques conditions très précises, et que voici :
- Les vêtements extérieurs, c'est-à-dire ceux qui peuvent être en contact avec la neige et le vent, doivent assurer une protection parfaite contre ces deux éléments; donc, la texture du tissu sera serrée et lisse. Serrée, pour opposer un obstacle efficace à l'action du vent, et lisse, afin que la neige ne puisse pas y adhérer. Sont convenables pour cet usage, les tissus genre gabardine, serge, etc.
- Les vêtements de dessous doivent être multiples et légers. En cas de grand froid, plusieurs vêtements légers et amples superposés protègent plus efficacement qu'un seul vêtement épais. Les écarts de température sont énormes entre le grand soleil de midi par beau temps (qui permet de monter torse nu en plein hiver) et même simplement la fin de la journée — sans parler du mauvais temps ou de la tempête. Si vous ne disposez que de vêtements épais, vous risquez fort d'avoir ou froid ou trop chaud. Si vous transpirez et mouillez une chemise en flanelle épaisse par exemple, cela n'est pas sans risques, car il vous sera très difficile de la faire sécher, et vous vous trouverez prive d'une protection qui peut devenir essentielle.Si, au lieu d'une seule chemise de flanelle, vous disposez de deux chemises légères, si vous avez trop chaud, vous pouvez n'en mettre qu'une et vous risquez donc moins de la mouiller. Cela, même, arriverait-il, qu'il vous resterait encore une chemise intacte et que vous auriez la possibilité de faire sécher rapidement la première parce qu'elle n'est pas épaisse.
- La forme des vêtements doit être ample. Cela offre deux avantages : d'abord, liberté plus grande de tous les mouvements, ce qui signifie également circulation sanguine sans entrave (élément important dans la défense de l'organisme contre le froid), ensuite, meilleure protection contre les intempéries. Un vêtement ample se froisse et immobilise en quelque sorte un matelas d'air isolant. La forme doit assurer une fermeture éventuelle parfaite à l'endroit des poignets, du cou, et, en général, partout où le vent et la neige pourraient pénétrer. II est également nécessaire de pouvoir, par beau temps, ouvrir largement ses vêtements. Les vêtements genre "scaphandre" sont tout à fait incommodes parce qu'ils vous condamnent à transpirer. Par exemple, les pull-overs à col roulé sont très désagréables.
Ces conditions étant posées, voyons un peu le détail.
Pantalon
Le pantalon peut très bien n'être qu'un simple pantalon long de ville, sous réserve d'être en tissu lisse et serré. En effet, la forme classique du pantalon fuseau entrant dans la chaussure et maintenu par une bride sous-pied est jugé peu confortable. Toutefois comme dit plus haut, il dégage bien la ligne et fait valoir le style... Le knicker peut faire l'affaire pour les sorties de printemps en montagne. Dans ce cas il doit être choisi assez court et ne doit pas tomber plus bas que mi-jambe. Le skiboker (dont je dois avouer ne pas connaitre la coupe) ne doit pas être trop long et doit se terminer un peu plus bas que mi-jambe.
La forme du pantalon de ville laisse une liberté de mouvement très agréable. La neige, même poudreuse, ne pénètre pas, comme on pourrait le croire, sous le pantalon.
Si l'on veut, on peut d'ailleurs le perfectionner : réduire un peu la largeur au bas des jambes, mais cela n'a pas beaucoup d'importance, parce qu'il est tout à fait confortable de porter des bottillons de toile par-dessus la chaussure, bouillons montant jusqu'à mi-jambe, ce qui rend sans conséquence le recouvrement imparfait du pantalon sur la chaussure.
Bottillons
Les bottillons offrent une protection excellente et un confort extrêmement appréciable. En effet, les chaussures et le bas du pantalon se trouvent, grâce à eux, isolés du contact de la neige, ce qui signifie que l'un et l'autre restent parfaitement secs. En outre, par les grands froids de la haute montagne, les bottillons sont presque une nécessité. Les bonnes chaussures de ski sont toujours assez rigides, ce qui veut dire que la circulation sanguine est gênée et que la protection contre le froid est médiocre. De plus, il est très difficile d'empêcher la neige de pénétrer si peu que ce soit entre la chaussure et le pantalon, que ce pantalon soit rentre dans la chaussure ou qu'il soit par-dessus, et il est impossible d'éviter que le bas du pantalon frottant dans la neige, la manche ne finisse par être mouillé et gèle. Comme on ne peut pas faire sécher ses vêtements, et qu'on doit souvent les conserver pour dormir, on connait la nécessite de porter des bottillons. N'importe qui peut très facilement réaliser ces bottillons de toile.
II faut leur donner une forme assez vaste de façon à les passer facilement sur les chaussures et les serrer autour des jambes par un lacet. II est préférable que le tissu soit mince de façon à ne pas prendre de place dans l'étrier. On doit tout de suite prendre son parti des déchirures qui pourront se produire aux endroits où il y a un frottement assez considérable contre les pièces métalliques. Cela n'a aucune conséquence parce que les trous se trouvent là où la neige ne pénètre pratiquement pas.
Que le tissu soit imperméable ou non, cela n'a aucune importance; il est évidemment préférable qu'il soit lisse de façon à ne pas trop se charger de neige pendant la marche.
Naturellement, ces bottillons, au bout de quarante-huit heures sont mouillés et glacés, mais à l'intérieur chaussures et pantalons restent parfaitement secs. Ce complément d'équipement devient essentiel si la qualité de l'équipement n'est pas impeccable.
Veste
Un vêtement tout à fait classique pour le ski est l'anorak. Toutefois, l'anorak n'est vraiment convenable pour la haute montagne qu'aux trois conditions que voici :
- Il doit être beaucoup plus vaste qu'on ne le fait généralement. La plupart des anoraks entravent la liberté de mouvement, lorsqu'on est très couvert au-dessous et que les poches sont utilisées pour les différents objets dont on a continuellement besoin pendant une course. On doit prévoir un anorak assez grand pour pouvoir endosser une veste de duvet au-dessous. Or, si celle-ci est comprimée, elle perd, dans des proportions importantes, ses qualités de protection.
- La seconde condition est d'avoir un anorak qui puisse s'ouvrir devant, soit par une fermeture éclair, soit grâce à un système de boutonnage avec rabats assurant un jointement parfait. On peut ainsi porter l'anorak ouvert, ce qui est très confortable lorsqu'il fait un temps ensoleillé et que malgré tout il souffle un petit vent froid. L'anorak préservera du vent et, en le laissant ouvert, l'humidité du corps s'échappera; or il est indispensable de garder ses vêtements secs, car, seuls, des vêtements secs protègent efficacement du froid. Enfin, l'anorak s'ouvrant devant permet qu'on le mette et le quitte bien plus facilement que les anoraks que l'on doit enfiler par la tête.
- La troisième condition est d'avoir un anorak long, c’est-à- dire descendant jusqu'à mi-cuisses. En effet, lorsque l'on marche contre le vent dans la tempête, la neige s'accumule sur le haut et le devant des cuisses et finit par mouiller le haut du pantalon. II est donc indispensable de protéger cette partie du corps.
Par ailleurs, un anorak long protège le pantalon lorsqu'on s'assied. Or, il est inévitable de s'asseoir plus ou moins dans la neige, même si l'on prend la précaution d'utiliser ses skis ou de rechercher un arbre abattu pour siège. En haute montagne, la neige est partout et on ne peut citer son contact, et comme il n'est pas exceptionnel, nous l'avons vu, de devoir garder son pantalon plusieurs jours sans le quitter, il faut le protéger de toute humidité.
On constatera dans les différentes illustrations que le choix se porte souvent sur le type d'anorak détaillé ci dessous et qu'il est rare de trouver un modèle ouvrant intégralement sur le devant au cours de la période 40-45.
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Port de la veste avec capuchon avec pantalon golf qui n'est pas sans rappeler la silhouette du catalogue Manufrance ci dessus |
De tout ce qui précède, il ressort que l'anorak peut être remplacé par une veste longue que les Suisses appellent "
windjack". Cela sous-entend que l'on peut tirer parti, éventuellement, d'un imperméable raccourci et l'adapter à ce nouvel usage.
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Cette photo démontre la diversité rencontrée au sein d'un même groupe de jeunes en 1941. On trouve ici anoraks, windjacke, blouson cycliste en toile voire en laine. Quant aux pantalons on dénote l'usage du pantalon fuseau préconisé par Emile Allais ainsi que les incontournable Golf et knicker as au centre. Pour le couvre chef on trouve béret, serre tête, passe montagne et casquette au centre .
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Dans ce cas, la protection du cou et de la tête peut être moins bonne qu'avec l'anorak, qui comprend en effet toujours une cagoule (protection idéale). Si l'on possède ou préfère la veste, il faut veiller à la fermeture du col et adopter une coiffure protégeant parfaitement les oreilles, la nuque et le cou. Le démodé passe-montagne de nos grands-pères assure une excellente protection.
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Port du serre tête |
Vêtements de dessous
Chemises légères (comme nous l'avons vu précédemment)
Pull-over
Celui-ci devra être long, c’est-à-dire descendre jusqu'à l'entre-jambes, et laisser le cou bien dégagé. Porté rentré à l'intérieur du pantalon, le pull-over est plus chaud que sur le pantalon. Et il est encore plus chaud porte sous la chemise. Si son contact est désagréable, on peut le porter entre deux chemises légères. Dans ce cas, il est avantageux que le point de son tricot soit large et lâche, ce qui rend le pull-over léger pour son épaisseur.
La veste en duvet est encore préférable au pull-over parce qu'elle est plus légère et plus chaude. De même que les chemises, les caleçons seront très amples et très léger, quitte à en mettre deux l'un sur l'autre. La coupe doit se rapprocher beaucoup plus de celle du pantalon de pyjama que de celle des caleçons ordinaires. Leur coupe doit également procurer une excellente fermeture sur le devant.
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C'est vrai que les femmes ont plus de classe ... |
Gants, moufles
La protection assurée par les moufles est meilleure que celle des gants. On ne peut pas empêcher les gants de comprimer un peu les doigts, alors que les moufles laissent plus de liberté et gardent, dans une même enveloppe, toute la chaleur dégagée par les doigts. II est bon d'avoir des moufles en laine et, par-dessus, des moufles en toile, au lieu de grosses moufles ouatinées à l'intérieur qui, lorsqu'elles sont mouillées, sèchent très difficilement. Au contraire, la paire de moufles en toile peut sécher assez rapidement (en la mettant en contact avec le réchaud à alcool si l'on n'a pas d'autre moyen) et la paire de moufles en laine séchera vite aussi si, pendant une marche effectuée au soleil, on les suspend à l'extérieur du sac.
Chaussettes
En ce qui concerne les chaussettes, il est bon d'avoir des chaussures permettant de porter deux paires de chaussettes.
Vêtements de couchage
Pour la nuit, le skieur utilisera le sac en duvet. Une très bonne solution consiste à utiliser un premier sac qui se joint à la veste en duvet par un dispositif de boutons pressions. Puis, par-dessus, un deuxième sac en duvet, de dimensions normales, c’est-à-dire couvrant tout le corps. Le gros avantage, c’est que l'on ne sent pas les coutures qui, lorsque l’on a un sac simple, laissent sentir le froid, l'épaisseur du sac étant évidemment nulle à l'endroit où elles existent. Cette solution de deux sacs superposes permet de quitter les vêtements, et c’est un élément appréciable de confort et de bon repos.
Mais la plupart du temps, on peut n'avoir qu'un seul sac en duvet et rester habille à l'intérieur. Si l’on quitte ses vêtements, on les disposera sous son corps, de façon qu'ils ne soient pas trop froids le matin. II est nécessaire d'avoir serre-tête ou foulard, en tous cas de quoi se couvrir la tête et la nuque, que le sac en duvet ne protège évidemment pas.
La chaussure de ski
Les contreforts d'une chaussure de ski doivent être rigides au maximum, surtout les contreforts du talon. Il faut que le pied trouve latéralement les appuis nécessaires à une conduite précise du ski. A ce titre, les semelles doivent être d'une rigidité absolue. Si l'on utilise la même paire de chaussures pour le ski et pour la marche, un talon en caoutchouc strié ou sculpté est nécessaire, pour éviter les bottes de neige ou de glace. Le bord avant des chaussures est protégé soit par des clous James soit des protèges semelles.
Le sac à dos
Bertillot préconise le sac à armature métallique avec poches extérieures et laçage sur le côté. On retient que le rabat du sac doit être le plus grand possible afin de bien protéger celui-ci de la pluie. Le sac doit par ailleurs être équipé d'une ceinture afin de bien l'assujetir au skieur dans les descentes.
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Contenu du sac lors d'une excursion à ski. Les sacs ne présentent apparement pas d'armatures métalliques... |
Matériel de campement
Le matériel de campement comprend tout ce qui est nécessaire pour construire un igloo et y vivre, c’est-à-dire y coucher et y manger. Il est bien évident que le même matériel peut servir dans des chalets). Nous verrons, à un chapitre ultérieur, comment on procède pour construire un igloo. Le matériel nécessaire est insignifiant. II consiste en un grand couteau en aluminium et en une pelle spéciale pouvant éventuellement se fixer à un piolet (si les conditions générales de la course prévoient l'utilisation de cet outil) ou à un petit manche en bois, ce qui est évidemment plus léger, si le piolet n'est pas nécessaire. En dehors de cela, si l'on n'est pas très expérimenté, il peut être utile d'avoir quelques fiches spéciales et un petit peloton de ficelle qui servira à tracer rapidement et parfaitement le cercle de base.
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Entrée d'un igloo, les moyens employés pour le construire sont plus rudimentaire ici |
Le couchage
Pour le couchage, on employait avant la guerre le matelas pneumatique car il est extrêmement pénible de reposer sur la neige. On ne peut pas coucher sur les skis, même en les plaçant évidemment l'étrier enfoncé dans la neige. Si l'on doit envisager une telle méthode pour un bivouac occasionnel et imprévu, outre que la chose soit très inconfortable, les skis, n'étant pas faits pour remplir ce rôle, en sont détériorés.
La plupart du temps, ils sortent gauchis de cette épreuve. II est nécessaire que le matelas pneumatique soit très épais, de façon à surélever le plus possible le campeur, et limiter l'action du froid rayonnant. II y a un très gros écart de confort entre un matelas d'épaisseur courante et un matelas plus épais. Un matelas très long n'est pas utile. II est suffisant de reposer de la tête à mi-cuisses sur le matelas pneumatique, les pieds reposant sur le sac à dos. Le fait que les jambes ne sont pas soutenues entre le sac et le matelas ne provoque aucune fatigue. Le matelas court est notablement plus léger.
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Le fameux matelas d'avant guerre ... tellement confortable. |
II parait imprudent d'acheter un matelas trop fragile, et l’on prendra un article qui, pour une longueur d'un mètre vingt, pèse sept cents a huit cents grammes. La disparition totale des matelas pneumatiques pendant ces années dernières a amené à concevoir un autre moyen de couchage. Si vous connaissez le traineau Pourchier, il est simple de s'inspirer directement de sa conception. Comme armature essentielle, on utilise les skis qui sont réunis par deux pièces métalliques, ainsi que le montrent les croquis ci-contre. Ces deux pièces métalliques supportent et maintiennent parallèles et surélevés au-dessus du sol les deux bâtons de skis. C'est entre ces deux bâtons qu'une toile tendue va former la surface de repos. Cette conception offre le très grand avantage de permettre la disposition du sac de duvet de façon telle que le duvet ne soit pas comprime par le skieur couche. En effet, c'est là un des inconvénients essentiels du couchage sur matelas pneumatique. Le sac de duvet se trouvant pressé entre le matelas et le dormeur ne contient plus d'air, et l'isolement thermique est extrêmement réduit. Dans le cas d'un lit de sangle de cette sorte, le duvet peut pendre librement au-dessous. II assure à ce moment une protection aussi grande que possible. On pourrait d'ailleurs apporter des perfectionnements à ce matériel de couchage, mais, pour l'instant, cette conception simple est très facilement réalisable par des artisans, et s'avère tout à fait suffisante.
Le réchaud et le combustible
L'expérience amène à adopter l'alcool comme combustible de préférence à l'essence, tout au moins avec le matériel existant. En effet, on doit tenir compte à la fois du poids du combustible pour la durée du raid et du poids du réchaud. Les réchauds à essence consommeraient moins que les réchauds à alcool, mais, comme ils sont considérablement plus lourds et que la durée des raids est toujours limitée, leur utilisation n'offre déjà pas d'intérêt a ce point de vue.
Les réchauds à alcool font partie de popotes dites "Gédéon" qui assurent un emploi excellent des calories fournies par le réchaud. La surface de chauffe de la casserole est maxima, la surface de refroidissement minima. Dans le cas des réchauds à essence, la flamme a beau être très chaude, son action est tellement localisée et les pertes telles que le rendement est déplorable. En outre, la vaporisation nécessaire au fonctionnement d'un réchaud à essence est loin de s'amorcer toujours facilement, k haute altitude et par grand froid. Or, cette difficulté surgit justement au moment où la nécessité du bon fonctionnement de l'appareil se fait le plus sentir.
Les conséquences de ce choix sont trop graves pour qu'il puisse y avoir hésitation, et l'on est conduit à adopter les popotes « Gédéon » utilisant l'alcool.
II existe deux variantes de ces popotes : l'une, de forme générale cylindrique, possède un fond sur lequel repose le réchaud; l'autre, de forme biconique (diabolo) n'a pas de fond et le réchaud repose sur le sol. Lorsque l'on fait sa popote sur la neige, le modèle avec fond, dont le rendement est un peu moins bon, est certainement plus stable. De toute façon, si l'on veut obtenir une flamme vive, il est nécessaire d'isoler le fond du réchaud de la neige. De plus, dès que les parois de la popote deviennent chaudes, la neige fond à leur contact et le dispositif s'enfonce irrégulièrement dans la neige. On utilise, pour remédier à cela, une petite planchette de contre-plaque. La stabilité de l'ensemble est ainsi assurée. II y a de très gros écarts de consommation d'un réchaud à un autre. Certains utilisent simplement des boites garnies d'étoupe auxquelles ils laissent une surface de combustion plus ou moins grande. Ce réglage de surface demande une certaine expérience pour être judicieusement utilisé. Un réchaud donnant une flamme très vive gaspille des calories (donc du combustible), car les aliments ne cuisent pas plus vite pour cela, alors que pour un autre réchaud ayant une flamme trop faible, la perte de calories devient également importante, car la cuisson est trop lente.
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Superbe vue intérieure d'un refuge de montagne. Sur la table un réchaud qui doit se rapprocher du modèle décrit ci dessus. On note une gourde sur le dessus qui semble bien être allemande ... prise de guerre ? En tout cas cela devrait dater la photo de l'immédiat après guerre.
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Installation d'une tente en bivouac (1945) |
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